Liberté de conscience et anthropologie confessionnelle
Résumé
Le thème de la " liberté de conscience " est un étalon pour étudier le phénomène des rapports entre religions et modernité. Trop souvent confondu avec le concept de " liberté religieuse ", il porte en lui l'affirmation d'une capacité de l'homme à se situer en amont de toute détermination, à commencer par celle qui veut faire de lui un sujet doué d'autonomie mais antérieurement voulu par un " Dieu créateur ". C'est bien à ce niveau anthropologique qu'il importe de placer l'histoire de la réflexion théologique et de ses conséquences juridico-politiques. Or, en ce domaine, il y a convergence sans identification absolue des discours au sein des trois monothéismes : si penseurs juifs et chrétiens se sont retrouvés avec leurs homologues musulmans pour affirmer que l'homme était naturellement religieux, les premiers ont théorisé une distinction particulière de l' " être juif " et les derniers la conception d'un " être musulman " originel. Ensemble, juifs, chrétiens et musulmans s'accordent pour refouler un danger commun. La perception de cette menace, il est intéressant de la saisir au milieu des années 1960, moment qui constitue un changement de paradigme en matière de relation interreligieuse : les principes fondamentaux d'un " dialogue " sont posés, notamment entre catholiques et musulmans ; ils se situent dans un état de tension avec ceux de la mission-da'wa qui, jusqu'alors, avait la prééminence sinon l'exclusivité. Le deuxième temps prend appui sur des documents publiés une génération plus tard, il vise à rappeler les fondements anthropologiques de l'affirmation d'une " liberté religieuse " ou " liberté dogmatique " ou de " conviction [religieuse] ". Le troisième temps vise à donner un aperçu des conséquences pratiques (juridiques, politiques, sociales) de ces paroles magistérielles qui, jusque dans les années 2000, ne véhiculaient quasiment jamais l'expression de " liberté de conscience ".
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