. Quand-je-voyage, Le premier Paris-Kaboul en voiture en 1966 c'était de la découverte, l'entrée brutale de la réalité dans les schémas appris à l'université. Istanbul, les grands lacs salés de Turquie, la Cappadoce, Kayseri, le mont Ararat, le piémont du Demavend, l'immense plaine de l'Hilmend, Kandahar, Ghazni, c'étaient des exemples inoubliables qu'il fallait ensuite situer dans des ensembles inconnus de moi. Les mois d'été des années 1969 ? 1974 (le terrain se faisait en automne, quand il fait moins chaud), je nomadisais avec mon Kombi Volkswagen le long des côtes de la Turquie, quand tout était encore « vierge » de touristes : c'était une succession d'histoire gréco-romaine en camping sauvage au bord de l'eau, avant que Kemer ne devienne un village du ClubMed et que les grands sites et cent autres) des usines à faire la queue. J'ai comblé, par ce tourisme-là, mes ignorances en histoire grecque, Puis ce fut la côte dalmate en détail

. Aujourd-'hui and . Fait-en-jordanie, en revisitant avec de jeunes archéologues le site d'Iraq al Amir où j'avais travaillé il y a trente ans, en 1978 Nous avons retrouvé, entre autres, un éboulis de pierres sur lequel je sautais d'un pied sur l'autre pour aller jusqu'à la rivière. Là, j'ai roulé un bout, au prix de quelques plaies et bosses ; il en est résulté la peur instinctive d'un chat qui, rescapé d'une chute du troisième étage, n'ose plus descendre d'un tabouret ! Alors je fais du tourisme? On a beaucoup parlé de science et de géographie mais, au-delà, que vous apprend et apporte le terrain ? C'est déjà pas mal que ça apporte tout ce qu'on vient de dire. Mais vous voulez dire : vu de haut... ? Je dirais une manière de vivre et de regarder le monde et les gens. D'être heureux. C'est-à-dire que je ne peux pas ne pas m'intéresser aux autres. Je ne peux pas ne pas avoir des jugements. Non pas sur les autres, mais sur ma société et sur celles qui m'accueillent. En fait, ça me ramène à moi dans le monde. Pour vous donner un exemple, rien ne m'exaspère plus que nos contemporains qui disent : « Mais, je suis pauvre. Je ne peux pas vivre. Je ne vais jamais m'en tirer. Mais, bon, la télé j'en ai besoin parce que? Et mon chauffage, l'eau chaude? Je suis dans une pauvreté insupportable ». J'ai envie de les emmener là où il y a de vrais pauvres pour qu'ils voient un peu ce que c'est, et en plus cette invention sadique d'un volet mobile sur l'axe du nez qui les contraint à regarder à gauche, 2008.