. Ainsi, une intervention (1/2h pendant le temps de midi, préparation du repas, étendage du linge et conversation animée tout du long), une dame, à intervalles réguliers, demande à Susanne, l'intervenante, quelle aide à domicile viendra le soir, le lendemain matin, le midi suivant, etc? jusqu'à la fin de la semaine

«. Susanne and . Je-ne-sais-pas?, Mais je vous dirai ça demain ! » (extrait d'un journal d'observation)

A. M. Arborio, Un personnel invisible. Les aides-soignantes à l'hôpital, 2001.
URL : https://hal.archives-ouvertes.fr/halshs-00749824

I. Astier, « Écriture de soi, une injonction réflexive. L'exemple de la Validation des acquis de l'expérience », Sociologie et sociétés, pp.51-68, 2008.

C. Attias-donfut and S. Et-renaut, « La dépendance des personnes âgées. Une affaire de femmes ?, pp.122-133, 1996.

M. Autes, La relaci??n identitaria de servicio, o la relaci??n de servicios sin servicios, Lien social et politiques, n°40, pp.47-54, 1998.
DOI : 10.7202/005049ar

C. Avril, « Quel lien social entre travail et classe sociale pour les travailleuses du bas de l'échelle ? L'exemple des aides à domicile auprès des personnes âgées dépendantes, Lien social et Politiques-RIAC, n° 49, pp.147-154, 2003.

C. Avril, Le travail des aides ?? domicile pour personnes ??g??es??: contraintes et savoir-faire, Le Mouvement Social, vol.216, issue.3, pp.87-99, 2006.
DOI : 10.3917/lms.216.0087

URL : http://www.cairn.info/load_pdf.php?ID_ARTICLE=LMS_216_0087

C. Avril, « Les aides à domicile pour personnes âgées face à la norme de sollicitude », Retraite et société, pp.49-65, 2008.

M. Bazo and I. Et-ancizu, « Aide familiale et recours au secteur des services : une perspective interculturelle, pp.105-131, 2003.

H. Becker, J. Dans-payet, and V. Et-mella, Violences à l'école et professionnalités, Rapport de recherche pour le compte de l'I, La carrière des institutrices des écoles publiques de Chicago, 1997.

V. Bengston, « Beyond the nuclear family : the increasing importance of multigenerational bonds, Journal of Mariage and the Family, n° 63, pp.1-16, 2001.

L. Bensahel, B. Billaudot, I. Et, and . Samson, « La relation de service. Essai de fondation théorique », Working paper, 1998.

J. Berthelot, « Corps et société. Problèmes méthodologiques posés par une approche sociologique du corps », Cahiers internationaux de sociologie, LXXIV, pp.119-131, 1983.

A. Borzeix, « Relation de service et sociologie du travail -L'usager, une figure qui nous dérange ? », Cahiers du Genre, pp.19-48, 2000.

M. Douglas, De la souillure, Essai sur les notions de pollution et de tabou, 1966.

F. Ducharme, « Le virage ambulatoire et la déprofessionnalisation des soins : qu'en pensent les principaux détenteurs d'enjeux ? Des recommandations pour une offre de services ajustée aux besoins des aidants, pp.60-61, 2006.

A. Dussuet, Travaux de femmes. Enquêtes sur les services à domicile, 2005.

J. S. Eideliman and S. Et-gojard, « La vie à domicile des personnes handicapées ou dépendantes : du besoin d'aide aux arrangements pratiques », Retraite et société, La Documentation française, pp.1-53, 2008.

B. Ennuyer, Les malentendus de la dépendance : de l'incapacité au lien social, 2002.

R. Fontaine, « Aider un parent âgé se fait-il au détriment de l'emploi ? », Retraite et société, n°58, pp.31-61, 2009.

L. Fraisse and M. Gounouf, « Prendre soin de qui ? Les limites de la mise en concurrence des services à la personne, éds.), L'aide à domicile face aux services à la personne. Mutations, confusions, paradoxes. Rapport pour la DIIESES, pp.223-262, 2008.

J. Gadrey, « Les relations de service dans le secteur marchand Relations de service, marchés de service, pp.23-41, 1994.

F. Gallois, « Politiques sociales à destination des personnes âgée et emploi dans les services à la personne : une analyse en termes de complémentarité institutionnelle, Emploi et politiques sociales, pp.223-236, 2009.

E. Goffman, La mise en scène de la vie quotidienne, 1973.

E. Goffman, Les cadres de l'expérience, 1991.

M. Hamel and P. Warin, « Non-recours (non-take up), Dictionnaire des politiques publiques, pp.383-390, 2010.

A. Hatchuel, L. Masson, P. Et-weil, and B. , De la gestion des connaissances aux organisations orientées conception », Revue internationale des sciences sociales, pp.29-42, 2002.
DOI : 10.3917/riss.171.0029

URL : http://www.cairn.info/load_pdf.php?ID_ARTICLE=RISS_171_0029

V. Henderson, La nature des soins infirmiers (traduction de l'édition américaine The Principles and Practice of Nursing de, 1994.

A. R. Horschild, « Travail émotionnel, règles de sentiments et structure sociale, 2002.

E. Hutchins, Cognition in the wild, 1995.

F. Jany-catrice, La construction sociale du ????secteur???? des services ?? la personne: une banalisation programm??e???, Sociologie du Travail, vol.52, issue.4, pp.521-537, 2010.
DOI : 10.1016/j.soctra.2010.09.010

A. Jeantet, ?? ?? votre service ! ?? La relation de service comme rapport social, Sociologie du Travail, vol.45, issue.2, pp.191-209, 2003.
DOI : 10.1016/S0038-0296(03)00014-1

S. Karsz, Pourquoi le travail social ?, Définitions, figures cliniques, 2004.
DOI : 10.3917/dunod.kars.2011.01

J. Kaufmann, Sociologie du couple, Paris, PUF, coll. « Que sais-je ?, 1993.

C. Laval and B. Ravon, « Relation d'aide ou aide à la relation ? », site ONACIS, 2007.

I. Mallon, Vivre en maison de retraite, 2004.
DOI : 10.4000/books.pur.24276

URL : https://hal.archives-ouvertes.fr/halshs-00993939

P. Mayen, « Travail de relation de service, compétence et formation », in M. Cerf et P. Falzon (dir.) Situations de service : travailler dans l'interaction, 2005.

D. Memmi, « Vers une confession laïque ? La nouvelle administration étatique des corps », Revue française de science politique, pp.3-20, 2000.

S. Paugam, La disqualification sociale. Essai sur la nouvelle pauvreté, 1991.
DOI : 10.3917/puf.paug.2009.01

S. Pennec, « L'institutionnalisation du salaire filial », Gérontologie et société, pp.213-230, 2003.
DOI : 10.3917/gs.104.0213

P. Pharo, L'injustice et le mal, 1996.

T. Ribault, Aide à domicile : de l'idéologie de la professionnalisation à la pluralité des professionnalités. Dossier : Le care : entre transaction familiales et économie des services ». Revue Française de Socio-Économie, pp.99-118, 2008.
DOI : 10.3917/rfse.002.0099

C. Taisne, « La profession de travailleuse familiale », in S. Crapuchet, Sciences de l'homme et professions sociales, p.321, 1974.

I. Théry, « Expertises de services, de consensus, d'engagement : essai de typologie de la mission d'expertise en sciences sociales », Droit et société, pp.311-329, 2005.

P. Ughetto, « Au service d'un public : un détour par Halbwachs et Goffman », 2004.

C. Vinay, La relation d'aide entre le professionnel et l'usager : la personne âgée et son aide à domicile, 2009.

P. Warin, Les relations de service comme regulations, Revue Fran??aise de Sociologie, vol.34, issue.1, pp.69-95, 1993.
DOI : 10.2307/3322053

P. Warin, « Le non-recours : définition et typologie, 2010.

P. Warin, « Piloter la production de territoires gérontologiques », Gérontologie et société, pp.187-198, 2010.

P. Warin, « Le non recours aux droits sociaux, pp.97-111, 2011.
DOI : 10.7202/038479ar

URL : http://www.erudit.org/revue/lsp/2009/v/n61/038479ar.pdf

A. Weber, « Regards sur l'APA trois ans après sa création », Données sociales, la société française, 2006.

F. Weber, « L'attention aux autres et ses dérives Crise du quotidien, crise sanitaire et disqualification de la personne aidée, 2011.

J. Weller, Abuse t-on de la notion de relation de service, pp.9-21, 1998.

J. Weller, Stress relationnel et distance au public De la relation de service ?? la relation d'aide, Sociologie du Travail, vol.44, issue.1, pp.75-97, 2002.
DOI : 10.1016/S0038-0296(01)01201-8

J. Weller, « Comment les agents se soucient-ils des usagers ? », Informations sociales, n° 158, pp.12-18, 2010.

G. Mme, Ah non non ! On habitait à Grenoble, on est venu ici quand on a eu la retraite. J'aurais pu m'arrêter avant, mais je le savais pas qu'on pouvait avoir une invalidité et puis compenser par un petit travail, pour compenser le salaire. J'aurais pu prendre ma retraite avant. -Vous n'aviez pas connaissance de ce point là ?

G. Mme, Non, la sécurité sociale elle m'a pas dit Je me suis arrêtée à 60 ans et? voilà où j'en suis. -Donc vous avez fait ce travail pendant toute votre carrière ?

G. Mr, Faut dire qu'elle a choisi ça pour pouvoir s'occuper mieux des enfants, on pouvait mieux s'organiser

G. Mme, avais deux filles et pour pas qu'elles soient toutes seules à la maison? quand mon mari était au travail, moi je voulais pas que mes enfants soient seuls. Donc je me levais à 4 heures du matin, pendant que les petites elles dormaient

G. Mr, Faut dire qu'elle en a peut être aussi trop fait. -Vous voulez dire qu'elle a fait trop de choses à la fois et que ça a un impact sur la santé, c'est ça ?

G. Mr, Absolument. Entre ça et son ménage a elle, sa cuisine et bon s'occuper des enfants et tout

G. Mme and . Ben-oui, Et puis j'allais chez les particuliers à chaque fois qu'on me demandait. A chaque fois qu'on me demandait, je refusais pas. Parce que je voulais que mes filles elles réussissent leurs études, et être là quand elles arrivaient de l'école et tout ça. -Donc vous travailliez chez des particuliers ? C'

G. Mme and . Non, c'était des gens qui travaillaient Et? je travaillais aussi chez l'intendant du lycée Stendhal Je lui faisais son ménage, son repas, tout? Quand il partait en vacances, je faisais tout le ménage à fond. Et quand il rentrait de vacances, il avait tout de prêt, son repas

G. Mme and . Oui, je faisais les allers retours entre les immeubles, les particuliers et tout ça. -Vous travailliez dans une entreprise de nettoyage ?

G. Mme, Non je faisais ça toute seule. J'allais chez des particuliers, j'étais leur femme de ménage. -Ah ! Donc vous n'aviez pas de patrons ?

G. Mr, Sauf pour les immeubles

G. Mme and . Les-courses-mon-mari-va-les-faire, Parce que sans voiture, on pourrait pas rester là. Parce que cette maison? on espérait tant être heureux là dedans? Puis voilà? -Là, vous ne l'êtes pas ?

G. Mme, Ben? on pourrait être plus heureux qu'on ne l'est. Si je pouvais sortir? avec mon mari on aimait bien faire des petits voyages

G. Mr, Je suis pas très fringant non plus hein? J'ai été opéré de la colonne

G. Mme, Oui, il a été opéré de la colonne vertébrale, on lui a changé une valve au coeur. -Vous ne pouvez pas faire d'efforts prolongés ?

G. Mr, Si, ça m'est recommandé de marcher

G. Mme, . Il, and . Qu, il marche à son rythme, mais qu'il fasse de la marche. Mais faut pas qu'il porte des poids trop lourd. Moi, quand je tombe, il s'esquinte pas mal la colonne vertébrale en me relevant. -D'accord. Mais quand vous dites que vous n'êtes pas heureuse ici, c'est par rapport à quoi ?

G. Mme, ma maladie? on peut pas faire ce qu'on veut quoi? C'est pas drôle Et puis, j'avais arrêté de bouger et y'a mon docteur qui? j'allais plus chez le psychiatre depuis mon AVC, j'allais plus chez le psychiatre? Il m'a dit « moi je peux plus rien faire pour vous, faut voir un psychiatre ». Alors j'ai essayé de changer de psychiatre, il m'a donné un médicament qu'il fallait pas donner aux parkinsoniens? ça m'a complètement mis sur les genoux

G. Mr, Ah y'a eu du mal de fait par les médecins aussi hein

G. Mr, Déjà pour la scoliose?

G. Mme, Après ils me donnent des médicaments qui ont contrarié ceux du parkinson

G. Mr, Ou l'autre qui donne pas le dosage voulu. -Et ça vous en avez parlé avec vos médecins de ces erreurs ?

G. Mr, Ben on l'a laissé tombé

G. Mme, -D'accord. On va parler de l'APA si vous le voulez bien. Ça fait combien de temps que vous avez l'APA ?
URL : https://hal.archives-ouvertes.fr/jpa-00208430

G. Mme, Ben c'est? l'assistante sociale qui a fait la demande à l'APA pour que j'ai des aides ménagères. -Quelle assistante sociale ?

G. Mme, Ben? de l'APA je crois. -D'accord. Et vous-même, vous avez fait la demande à cette assistante sociale ?

G. Mme, est le conseil général qui m'a envoyé une assistante sociale Il est venu une ergothérapeute qui a vu comment était la maison, qui a vu mon état, qui a fait les demandes à l'APA. Au début j'avais moins d'heures, maintenant j'ai 54 heures par mois. -L'ergothérapeute qui est venue, qui travaille comme vous l'avez dit au conseil général, c'est vous qui avez fait appel à elle ?

G. Mme, Je me souviens plus. -Vous aviez connaissance de l'APA ?

G. Mme, Non j'avais pas connaissance non. Et c'est l'assistante sociale, l'ergothérapeute qui m'a dirigé vers l'APA

G. Mr, Ce que je comprends pas c'est que c'est pas systématique. Dès que y'a quelqu'un dans cet état là, il devrait y avoir quelqu'un qui soit en mesure de dire tout ce qu'on peut avoir comme aide. -Y'a un défaut d'informations vous pensez ? Un peu comme avec la sécurité sociale à votre retraite, vous n'avez pas assez d'information ?

G. Mme and . Oui, avais une carte d'invalide « station debout pénible », c'est tout ce que j'avais alors que j'avais droit à une carte d'invalide à 80%. Maintenant je suis à 80%. -Pour l'APA c'est pareil, vous pensez, il y a un manque d'information ?

G. Mme, Ah oui, parce que nous on savait pas. -Vous ne savez donc pas par quel biais vous avez connu l'APA ? Puisque ce n'est pas l'ergothérapeute qui est venue d'elle-même chez vous ? Ce n'est pas vous qui avez fait appel à elle ?

G. Mr, Comment ça s'est passé déjà ?

G. Mme, Je sais plus bien? On est peut être aller voir Mme D., elle est assistante sociale

G. Mr, Il se peut que ce soit elle qui nous l'ai envoyé, je sais pas? -C'est l'assistante sociale de la mairie ?

G. Mme, Elle était assistante sociale à la mairie, maintenant elle est directrice de la maison des personnes âgées. Et? elle nous a fait des dossiers qu'on a envoyé? Oh, j'en ai vu des médecins, je -Vous leur demandez de venir vous faire marcher ?

G. Mme, Ouh ! Je leur demande mais ils ont pas le temps Je dis à mes filles?

G. Mme, Mon petit fils il a passé son permis, il a eu sa voiture Je lui avais dit « tu viendras me voir de temps en temps, tu m'amèneras aux courses ». Jamais ! je suis pas encore montée une fois dans sa voiture. -Vous pensez que la place que l'on réserve aux anciens aujourd'hui n'est pas très glorieuse ?

G. Mr, Non mais c'est général hein. -C'est-à-dire ?

G. Mr, Y'a beaucoup de gens qui disent la même chose que nous. Des personnes âgées quoi. -Vous pensez que c'est du à quoi ça ?

G. Mr, La société actuelle? C'est? je sais pas? Y'a tellement eu de nouveautés? -Vous savez ce que ça veut dire APA ?

G. Mme, Ah non. -APA, ça veut dire Allocation Personnalisée à l'Autonomie. Vous êtes classée en GIR 2 donc vous êtes classée comme une personne dépendante. Ça veut dire quoi ça pour vous ?

G. Mr, Ben y'a plusieurs degrés hein Jusqu'aux personnes qui peuvent absolument rien faire, même pas manger toute seule. C'est encore un degré en dessus ça. -Et vous, vous vous sentez dépendante comme vous êtes appelée ? Puisque finalement

G. Mme, Dépendante? Il faut que mon mari le soir il m'aide à m'assoir par exemple

G. Mr, Elle est pas dépendante à 100% mais pour beaucoup de choses

G. Mme, Pour beaucoup de choses, oui, je suis dépendante Et c'est très difficile ça, c'est dur Puis si je me mets dans le fauteuil et que j'ai le malheur de m'endormir ne serait-ce que 5 minutes, je me réveille et je suis malade. Alors je lutte toute la journée contre le sommeil

G. Mme, Je sais pas ce que c'est. J'ai envie de rendre, je peux plus marcher, j'ai plus de force. J'ai plus de force pour me tenir sur les jambes. -Vous pensez que si vous étiez en meilleure santé, si vous n'étiez pas dépendante

G. Mr, Non non non, j'étais technicien Ah ben ça a commencé à se dégrader pas mal quand je suis parti. C'était plus la même ambiance. -Vous êtes à la retraite depuis combien de temps ?

G. Mr, Depuis 91 hein ?

G. Mme, Oui t'as été à la retraite avant moi, t'avais 57 ans. -Et vous avez quel âge aujourd'hui ?

G. Mr, 76 ans. -Et ce passage à la retraite, vous l'avez vécu comment ?

G. Mr, Oh avec joie ! Sans regret Même si j'y perdais au départ, au niveau de l'argent bien sûr, parce que je suis parti à 57 ans. On est payé par l'entreprise je crois jusqu'à la retraite. -Vous étiez en préretraite ?

G. Mr, Oui, donc je perdais un peu plus de 1000 francs par mois, puisqu'avant c'était en franc. -Si vous l'attendiez la retraite, vous avez bien vécu cette transition ?

G. Mr, Oh oui, je me suis pas ennuyé. -Et l'incendie de la maison, c'est arrivé plus tard ?

G. Mr, Oh oui puisque c'est arrivé en fin 99 Et moi je suis à la retraite depuis 19 ans. -Vous avez pu la refaire vous-même la maison ?

G. Mr and . Non, on a pris des artisans, avec plus ou moins de bonheur, parce que chez les artisans aussi, y'a du laisser aller aussi. (Le téléphone sonne, Mr G

G. Mme, Ahlala? Moi j'attends plus rien, de personne Je suis? -l'APA ça veut dire aide personnalisée à l'autonomie, c'est une aide qui veut permettre aux personnes âgées d'être plus autonomes

G. Mme, Ah faut être en bonne santé Si vous êtes vieux, vous êtes fatigué mais vous êtes vieux? Bon? Mais si vous êtes en bonne santé, vous pouvez en faire des choses. Moi j'ai une soeur qui a deux ans de plus que moi, elle est pleine de vie

G. Mme, Ils ont pas de? ils voulaient essayer de? de faire un truc comme ça, un service le samedi et le dimanche, mais c'est encore pas fait. -Et si c'est possible, vous le feriez avec eux ?

G. Mme, Ben je le ferais avec eux, ça sera moins cher. Parce que en une heure, ils ont le temps de vous lever

G. Mr, Ben de toute façon, ils prendraient sur le nombre d'heures hein

G. Mme, Je crois qu'il doit me rester? parce que là ils me font 48 heures

G. Mr, Y'a une période c'était pire il me semble

G. Mr, C'est trop compliqué, et ça manque un peu de sollicitude

G. Mme, est pas encore l'idéal. Moi je dis qu'ils devraient mieux se rendre compte du besoin des gens, venir voir chez eux comment ça se passe. -L'ergothérapeute c'est ce qu'elle est venue faire non ?

G. Mme, Oui bon? elle est venue voir de quoi j'allais avoir besoin, Mais elle vient au début et après elle vient plus. -Donc ils ont pas su évaluer vraiment vos besoins

G. Mme, Ah non. C'est pas en une heure qu'ils peuvent voir. Ils devraient vivre une journée avec une personne, Du lever au coucher

G. Mr, Faut dire que financièrement, ils peuvent pas tout non plus, ils ont un budget qui est fixe et puis ils s'arrangent avec ça. Enfin je pense. (Puis s'adressant à sa femme) : Mais l'ADMR, ils t'ont parlé de ta soeur plusieurs fois. Ils savent que ta soeur habite à côté, qu'elle vient tous les jours, bon elle rend des petits services

G. Mme, Mais ma soeur elle a sa vie, et elle peut pas tout faire elle Elle vient le matin voir si j'ai besoin de courses, si elle va faire les courses. Et puis après je la vois plus de la journée

G. Mme, Ah ben vous avez votre soeur à côté, elle peut vous aider ». J'ai dit, mais ma soeur c'est pas ma domestique hein. Elle a sa vie, elle a aussi ses occupations

G. Mr, ça c'est? Un frère, une soeur ou un tonton qui vient donner un coup de main, ça les regarde pas ça. C'est la famille ça. d'attente. L'école fait 3600 euros à l'année hein? Et j'étais pas au chômage, je commençais à travailler. Donc n'étant pas au chômage, c'était à mes frais. Et je peux pas payer 3600 euros l'année quoi ! J'ai un loyer à payer, je peux pas. En fait, je me suis dit qu'en continuant à travailler, Ils auraient même pas à dire des choses pareilles

G. Mlle, Ouais ouais De passer au moins le concours quoi Parce qu'en fait, je fais le même boulot finalement qu'une aide soignante Je vois, à la maison de retraite, j'étais fonction aide soignante. Mais sous payée. Donc? Parce que moi le matin, j'ai des transferts, j'ai des toilettes, j'ai des douches? -Et l'intitulé de votre fonction, c'est quoi ? C'est aide à domicile ?

G. Mlle, Ouais, je suis auxiliaire de vie quoi. Ouais. -Vous avez un diplôme pour ça ?

G. Mlle, Mais non je l'ai pas. Mais je suis considérée comme auxiliaire de vie. -Donc votre parcours il suit quand même une logique de projet professionnel j'ai l'impression. Vous avez envie depuis le départ de vous spécialiser en aide soignante ?

G. Mlle, Ouais. Voilà. -Et les premiers contacts avec ce monde là, ça ne vous a pas donné envie de faire marche arrière

G. Mlle and B. Non-parce-que-durant-mon, mon premier stage j'étais en maison de retraite Donc j'étais sur le tas direct Après oui, c'est vrai que ma première toilette chez un homme, ça a été plus ou moins difficile? Bon, « je vous fait pas mal ? » (rires) On ose pas? J'étais jeune en plus, enfin j'étais plus jeune, j'avais 17 ans. J'en ai 25 maintenant, je suis pas bien vieille, mais ce que je veux dire, c'est que maintenant, je peux le faire les yeux fermés. C'est technique pour moi en fait. Donc? Comment dire ? J'ai surmonté ça, c'est plus un problème, Vous ne vous étiez jamais occupé d'un parent âgé avant ça

G. Mlle, Non jamais J'ai perdu ma maman tôt, j'ai perdu ma maman, j'avais 5 ans. Ma maman qui était malade. Et du coup, je pense que finalement, ça s'est inscrit, parce que plus petite, je voulais déjà être infirmière. Mais d'un parent? faire sa toilette, j'en serais incapable je pense hein. -Pour quelles raisons ?

G. Mlle, C'est difficile? Moi je suis aide à domicile, je suis auxiliaire de vie, je vais chez des gens, je rentre pas dans le relationnel? Enfin? dans l'affectif du moins Je suis là pour les aider, parce qu'ils arrivent pas à le faire, mais tout ce qui est affectif autour, ça rentre pas en compte quoi. Tandis que chez un parent? j'ai perdu mon grand père cette année, on a embauché quelqu'un. J'étais incapable de le faire, Parce que l'affectif est là, et c'est pas évident de? ça renvoie toujours à des choses?. C'est pas facile quoi

G. Mlle, Ils sont à domicile, ils sont vieux Donc y'a le côté vieillesse, ils ont peur finalement? de mourir. Les enfants en général, ils sont pas forcément à domicile non plus Ils ont leur vie, leur boulot, des fois ils peuvent pas passer tous les jours non plus Et savoir qu'ils ont une aide qui vient, ça les rassure dans des choses? ça les rassure dans leur quotidien, de savoir que y'a quelqu'un qui va passer et ça les rassure dans le fait que y'a des choses qu'ils sont plus capables de faire et qu'ils vont pouvoir passer le relais à quelqu'un d'autre. Chose toute bête, ouais un coup de balai, y'a des personnes qui ont de l'arthrose pas possible, je parle pas de pathologie là hein, je parle de l'arthrose, le truc de base. Et donc qui vont me dire « j'ai trop mal au dos, est ce que tu peux m'enlever le carton de là, le mettre là haut, me changer l'ampoule, me faire deux trois courses en bas ». ça permet aussi de les faire sortir. Quand il fait beau moi c'est « allez je vous embarque, on va à la pharmacie ». C'est la petite promenade de 10 minutes, mais ça leur fait plaisir parce que sinon elles sortent pas de la journée. Des fois on est le seul contact qu'ils ont à domicile. Je veux dire, si ils ont pas le portage? Parce que le portage, c'est pareil, c'est super bien, c'est les villes qui mettent ça en place. Mais le portage, c'est pareil, Mais pas que Alzheimer, je parle des personnes âgées en général ils ont le même âge qu'eux et au bout d'un moment, ben ils commencent à partir aussi quoi. Donc ben ils se disent « ben on est les prochains sur la liste

G. Mlle, Ah ouais Parce que voilà, j'ai des acquis Ils demandent trois ans de boulot, d'expérience. J'en ai plus que ça, j'ai commencé dans ce boulot, j'avais 18 ans Je veux le valider, mais c'est pas pour partir, parce que j'ai pas l'intention de partir d'ici. C'est pour avoir un diplôme, si un jour j'ai envie de changer, si je dois déménager ou quoi, d'avoir un truc dans les mains et de me dire « je peux partir ». Parce que oui ici, je suis pas diplômée, j'ai juste un BEP, mais on m'a fait confiance, on m'a donné le boulot, maintenant, c'est pas de partout que? j'ai la chance d'avoir un CDI ici, mais je peux pas le trouver n'importe où, et à l'heure actuelle, c'est trop difficile, Moi je veux juste valider mon diplôme en faitAvec la VAE pour être aide soignante, c'est des compétences nouvelles que vous souhaitez acquérir

G. Mlle, V. Avec-la, and . Valider-mon-diplôme-d, aide soignante, déjà c'est une reconnaissance Déjà je me dis que j'ai mon diplôme, que je suis une vraie aide soignante. Parce que là, je fais fonction d'aide soignante, mais je suis pas diplômée Après je pense qu'au fond de moi-même, c'est plus pour me valoriser moi quoi, finalement. J'attends pas spécialement grand-chose en fait de ce diplôme, parce que je pense que sans être prétentieuse, que les compétences je les ai. Je pense que mon expérience professionnelle, ouais, je pense qu'elle justifie carrément le fait que j'ai envie d'avoir ce diplôme, Mais ça changera pas grand-chose par rapport à ce que vous faites maintenant

G. Mlle, Non. Peut être que ça m'apprendrai plus des choses techniques à la limite, pour si je dois travailler en structure, comme les hôpitaux, les trucs comme ça

. Après, je me trompe peut être. Mais je pense pas que ça change beaucoup de choses

. De-merde-hein-qu, il nous ont donné, c'est pas un i-phone hein. Ça marche quand ça veut leur truc, alors moi? -Je me demande comment ça pouvait être possible d'être finalement comme à l'usine, de pointer quoi ? ça vous dérange vous ?

G. Mlle, . Oui, and . Non, En fait, j'ai pas l'impression d'être fliquée du tout Parce qu'à côté de ça, ça fait deux ans et demi que je bosse ici, j'ai jamais eu de souci, personne s'est jamais plaint de moi, donc je sais comment je bosse, je suis consciencieuse. Après, on a sa conscience pour soi. Ce qui me dérange en fait, c'est d'être obligé de penser à ça, à cette histoire de pointage

. Comme-si-on-avait-que-Ça-À-faire,-À-y-penser,-penser-À-la-batterie, Ça saoule un peu quoi Après voilà, je veux dire, si il faut vraiment le faire on le fera De toute façon, on a pas le choix, y'a des filles elles ont tellement déconné. Parce que c'est ça le problème aussi, c'est que y'a des nanas au lieu de faire une heure, elles faisaient un quart d'heure et elles se barraient. Après la famille elle appelait en disant que y'a personne, Et ben? Eux qu'est ce qu'ils ont fait, ils en ont eu marre. Ils leur restent que ça à faire maintenant, le pointage... -Et justement dans le cas où une personne fait un malaise?

G. Mlle, Ben dans ce cas là j'appelle et je dis je reste un peu plus. Ça m'est arrivé déjà même sans le pointage De même que on est une heure et demi chez une patiente, la patiente elle est prête au bout d'une heure et elle me dit qu'elle a un rendez vous, ou qu'elle a envie de faire les courses. Je vais pas lui dire non parce que j'ai pointé

. Elle-s-'en-va and . Tu-pars-en-même-temps-que-moi, Dans ces cas là, parce que moi j'avais posé la question, parce que j'ai une patiente elle est myopathe, donc j'y vais, je la lave, je la mets dans le fauteuil, et elle est autonome une fois qu'elle est dans le fauteuil Elle peut aller faire ses courses, elle peut aller faire ce qu'elle veut Je vais pas lui dire « non t'attends, moi je suis là, tu restes quoi ». Alors je leur avais demandé. Et dans ce cas là, y'a un code à taper, en mettant des observations, en disant que la personne me laisse partir. (elle change de ton et parle plus bas) : Ça faudra d'ailleurs que je le surveille sur la feuille de paye. Voir comment ça se passe

G. Mlle, Ouais c'est un peu partout j'ai l'impression aussi

S. Enfin and . Disant, parce que nous on nous a pas dit que c'était pour nous fliquer. On nous a dit que soi disant c'était le conseil général qui mettait ça en place. -Vous ne croyez pas à cette version ?

G. Mlle, lendemain ? Franchement, faut arrêter de nous prendre pour des ânes. Après, oui, ça peut être bien parce qu'effectivement, y'a eu de l'abus. Et que de toute façon, on allait y venir. Si dans certaines usines, ça se passe comme ça, c'est pour quoi aussi ? C'est qu'il y a eu de l'abus. Donc, de toute façon, c'est de partout pareil

G. Mlle, Du relationnel Du relationnel Faut avoir un minimum de relationnel facile Même plus avec les personnes âgées qu'avec les personnes handicapées. Parce que les personnes handicapées, elles savent qu'elles ont besoin de quelqu'un, elles s'en rendent compte. Les personnes âgées, c'est souvent dans le déni, elles sont pas d'accord, elles se rendent pas compte, c'est humiliant pour elles, Elles se voient vieillir en fait, et elles sont dans le refus. -Et comment vous faites pour qu'elles acceptent ça

G. Mlle, Je leur explique que je suis pas là pour leur faire du mal, que je suis là pour les aider, pas faire à leur place Dans ces cas là, je les sollicite pour qu'eux, ils le fassent Je vais être avec eux pour la toilette, mais si ils sont capables de se laver tous seuls, je vais leur faire faire tous seuls. Mais je serais à côté, pour leur rappeler, pour les aider, pour les rassurer : « non vous allez pas glisser je suis là, Mais si vous êtes capable de le faire, faites le ». Faut les stimuler. Tout faire nous, c'est pas le but

G. Mlle, . Ah-oui-bien-sur, and . Au-contraire, Et je pense que ça les rassure aussi, parce qu'ils se sentent capables de le faire encore, et sur certaines choses où ils ont douté, y'a quelqu'un qui est à côté d'eux pour leur rappeler, pour les soutenir, donc ça les rassure, Et si la personne âgée, elles vous demandent de ne pas faire quelque chose qui était prévu, qu'est ce que vous faites

G. Mlle, . Ben-Ça-dépend-en, and . Fait, Ça dépend ce que c'est. Ça dépend la tâche que c'est. Par exemple si elle me dit « non tu me fais pas à manger à midi » parce qu'elle a décidé de pas manger et qu'elle a envie de faire autre chose, non ! Parce que ça, c'est des besoins vitaux. C'est pas comme si elle me disait « repasse pas mon pantalon

G. Mlle, C'est souvent pour les personnes avec des démences, c'est plus difficile Alzheimer, ça m'est déjà arrivé. « Non, non, non » elle voulait pas se laver, et puis au final elle accepte. Parce que là, on a fait pas envie de se suicider le mec ? Franchement ? C'est vrai, on se dit « comment il fait le mec ?

G. Mlle, Ben ouais comme quoi ! On est tous fait pour un truc différent. -Et pour finir, si on parle de la vision que vous avez de votre propre vieillesse ?

G. Mlle, Elle grimace. -ça vous fait peur ?

G. Mlle, Et d'ici 2020, une personne sur 3 aura Alzheimer Et la deuxième cause de maladie chez les personnes âgées, c'est Parkinson Donc c'est rassurant. (long silence) J'ai pas envie de m'imaginer en train de vieillir, pas du tout. Surtout avec la retraite qui passe à 62 ans, j'imagine même pas. On va venir me faire la toilette avant que j'aille la faire aux autres quoi. Donc non j'y pas pense en fait. J'ai 25 ans en même temps, j'ai pas encore d'enfants, pas encore de mari

G. Mlle, Ben j'espère tomber sur une bonne auxiliaire de vie. -ça ne vous dérange pas que quelqu'un vienne chez vous, pour vous faire la toilette?

G. Mlle, Je pense que j'aurai un déni, comme tout le monde, ça fait parti de l'ordre des choses, de se voir vieillir faut l'accepter, je pense que ça doit être très difficile Surtout au point que quelqu'un vous fasse la toilette. Ça doit être dur dans sa dignité. Ça doit être hard. C'est pour ça que j'essaie de la passer en dérision quand je le fais chez les gens. J'essaie que ce soit un moment cool, qu'on se prenne pas la tête. « Vous voulez pas que je le fasse ? Essayez de le faire vous, si vous voyez que vous y arrivez pas, je vous aiderai? ». Je peux comprendre. Et j'espère que j'aurai quelqu'un de comme ça

G. Mlle, . Franchement, . Alzheimer, and . Carrément, C'est une souffrance Alzheimer, pour les familles aussi hein Moi j'ai vu des Alzheimer, en maison de retraite « maman, papa », tout gaga, avec un nounours dans la main et attendre. C'est dur ce que je vais dire, mais c'est être un intestin finalement. Ouvrir la bouche quand on vous donne à manger. Et les enfants quoi? Alzheimer, une personne qui est atteinte d'Alzheimer à 300%, qui reconnait plus ses enfants, qui reconnait plus personne. C'est comme si j'allais voir mon père, et que mon père il me reconnaissait pas, il me regarde en disant « papa, maman » toute la journéeAlzheimer ?

. Au-départ-c, est difficile parce que ça fait beaucoup trop de choses et quand on rentre une nouvelle personne y a beaucoup de choses à mémoriser à prendre des repères après la deuxième fois c'est mieux après on connait les personnes ce qu'elles aiment, leur sujet de conversation ça c'est intéressant alors on

. La-cuisine-est-très-en-désordre, table, buffet, évier sont recouverts d'objets de toutes sortes : journaux, courriers, plats et vaisselles empilées, miettes, bouteilles vides Même le four est rempli d'emballages et de chiffons Tous les meubles sont abîmés, le sol colle lorsqu'on marche, ça sent (fort) le renfermé? Il y a aussi des piles de magazines par terre. L'accumulation de toutes ces choses donne le sentiment que la cuisine est encore plus

. Le, aide : « et demain vous allez la voir Madame T. *sa compagne qui est à l'hôpital+ ? » Le monsieur « ben? je crois pas? pour quoi faire ? » L'aide « ben pour la voir » Le monsieur « à moins que les X *ses voisins+ m'emmène *dans la vallée où se trouve l'hôpital à 40 km]? » L'aide : « ça fait combien de temps qu'elle est partie? 1 mois ?

. Silence, je pose au Monsieur une question sur une bouteille qui traîne sur la table [je ne me souviens plus pourquoi je pose cette question? peut-être parce que le silence me semble pesant !], il me répond : « je ne sais pas? moi je touche pas la cuisine? après on se fait plumer? vaut mieux rien dire?

. Ayant-fini-la-vaisselle, aide se rend dans la chambre pour faire le lit Le monsieur reste dans son fauteuil. Dans la chambre aussi, l'entassement d'objets est assez impressionnant (ça dépasse de sous le lit, sur des chaises et dans les deux armoires : par exemple, les rayons des armoires ploient sous le poids des dizaines de draps, torchons, serviettes, mouchoirs qui y sont empilés?

A. Ma-demande, il y avait au rez-de-chaussée de sa maison : à une époque, il tenait un gîte, mais il a « arrêté, car ça faisait trop de travail par rapport aux gains ! » Une fois le lit fini, l'aide se tourne vers le Monsieur : « vous voulez vous changer Monsieur S ? » Le monsieur « pour quoi faire ? » L'aide : « vous avez fait quand ? » Le monsieur en tendant le doigt : « hier

. Au-bout-d-'un and . Moment, je lui pose des questions sur sa vie, son travail : il répond mais sans s'étendre : il avait une fromagerie familiale (« 3000 litres par jour : fallait par dormir ! » m'explique-t-il) qui a périclité, il a alors été embauché dans une fromagerie plus importante (plus bas, dans la vallée), puis il a ouvert son gîte L'aide lui demande : « vous avez vu l'incendie à S

«. Le-monsieur-se-lève-en-disant and . Va-fermer-la-porte-de-la-chambre, L'aide : « madame T *sa compagne qui est à l'hôpital+, elle marche avec les béquilles ? » Le monsieur : « oui? » L'aide « ah ben ça va ! » On revient sur sa situation actuelle, le monsieur me dit : « ma soeur est au village d'en dessous? mais ici y'a plus personne, plus rien? tous disparus ! tous morts ! on n'a pas eu d'enfants, donc y'a rien ! » L'aide s'apprête à passer la serpillière dans la cuisine, on va donc avec le monsieur dans une des chambres, la sienne en l'occurrence. Je la regarde un peu mieux : il y a deux armoires côte à côte et un grand lit et partout ailleurs des affaires entassées : des cagettes, des tableaux, des couvertures, des vêtements, des réserves de nourriture? Au moment où l'aide commence la serpillière, elle dit au Monsieur : « vous voulez qu'on aille se promener après s'il reste du temps ?

L. Au-monsieur, voulez-vous que je vous fasse un bain de pied comme mardi dernier ? » Le monsieur très calmement et avec un joli sourire lui répond « non ça va, ça va très bien » L'aide avec un petit sourire : « d'accord » [ ] l'aide : « je passe un coup de fil à madame T !?

«. Le-monsieur and . Elle, Quand il « fait de l'humour » comme cela, il conclut sa petite phrase par un sourire et un pétillement dans les yeux qui contrastent avec son apathie générale et son humeur dépressive, quasi-palpable? L'aide « elle marche peut-être? ? » Le monsieur : « non? c'est trois heures? » L'aide se souvient alors qu

!. Ce-dernier:-«-ah and . Qu, est-ce qu'ils m'écrivent ? » L'aide est passée à autre chose ; elle regarde dans le paquet d'affaires sur le vaisselier et dit : « je la retrouverai pas cette carte vitale !

«. Le-monsieur, ». Remet-où-elle-est, and !. Le-monsieur, « en fin de semaine, elle devrait bien rentrer ! » L'aide : « j'espère » L'aide retourne dans la chambre pour ranger Au bout d'un moment elle dit à Monsieur S. : « mais nous n'avez pas emmené les jupes *à madame T la dernière fois qu'il est allé à l'hôpital+ ?! » Le monsieur : « pas au courant ! » L'aide : « elle m'avait demandé? » Le monsieur « j'en avais déjà emmenées, non ? » L'aide « oui

A. Un and . Le-téléphone-sonne, le monsieur se lève rapidement, mais se trompe de téléphone, puis finit par décrocher le bon : c'est Madame T

T. Il-discute-avec-elle-d-'un-ton-peu-amène-madame and *. Qu-'elle-a-retrouvé-la-carte-vitale, Très rapidement, il lui passe l'aide à domicile en disant : « elle veut prendre des inscriptionsaide : « non sinon rien de neuf? » Tout au long de la discussion entre l'aide et Madame T, Monsieur S. dit (à plusieurs reprises) à l'attention de l'aide : « quand est-ce qu'elle rentre ? ». mais l'aide ne le demande pas à Madame T. [ ] l'aide lui confirme : « oui il s'est changé ! il y a tout sur le tas de linge sale ! » [ ] l'aide : « oui oui » le monsieur commente « toujours des ordres ! » l'aide ne réagit pas l'aide à Madame T : « non non sinon rien de neuf ! » Puis l'aide repasse le téléphone à Monsieur S. : Madame T. parle beaucoup, il répond « d'accord », « je sais pas » ou « oui peut-être, puis finit par un « OK ciao ! » très décontracté : il ne lui a pas demandé quand elle rentrait ! L'aide dit au monsieur : « ils ont essayé de vous appeler toute la matinée ! » Le monsieur : « Ah ?! » L'aide en désignant le téléphone : « le bouton était resté enfoncé ! » Le monsieur « Ah ! » L'aide : « il faut que ça fasse le bruit quand ça raccroche ! »

. Quand-elle-a-fini, elle revient dans la cuisine et dit : « vous voulez aller vous promener Monsieur S. ? » Le monsieur : « non

. Lui-demande, Le monsieur : « non? c'est Madame T qui avait *acheter le jeu+? si ça lui dit de jouer avec, elle joue? ! » L'aide : « vous n'aimez pas ? » Le monsieur : « non ! » [ ] l'aide : « je vais vous faire changer de pull, y'a une tâche ! » le monsieur en ouvrant de grands yeux « Y faut? ?! » l'aide : « pour être tout beau, si vous allez à l'hôpital demain ! » le monsieur : « je me changerai demain? » l'aide : « je vous le prépare, vous voulez faire un jeu Elle va dans la chambre, revient avec un pull qu'elle lui fait enfiler : il se lève et elle l'aide à le mettre

L. Ben-oui and !. Le-monsieur, « tout va très bien? merci » L'aide retourne dans la chambre du Monsieur, ouvre la seconde armoire et dit « ouh là ! elle va plier l'étagère ! » Le monsieur répond en souriant : « elle est pas assez chargée !

D. Au-bout, un moment [10 minutes ?+ l'aide a fini de ranger un des rayons. Elle revient dans la cuisine et met des vêtements sales dans le lave-linge

. Puis-elle-lui-dit, monsieur : « pour quoi faire?. » L'aide « on fera les ongles aussi ! » Le monsieur souffle et dit « ouais? » Alors que l'aide s'apprête à partie, le monsieur lui lance : « vous partez comme ça !! » sourire

. Dans-la-voiture,-sur-le-chemin-du-retour, explique comment cela se passe chez ce bénéficiaire, lorsque Madame T. est là : elle accepte seulement que l'aide fasse un minimum de choses et résiste à toutes sortes de demandes de la part des aides à domicile. L'aide explique ainsi qu'il y a souvent de la nourriture « avariée » dans le frigo, mais la dame ne veut pas la jeter. De même, l'aide profite de l'absence de madame T pour ranger les armoires, sinon, en temps normal

. Elle-m-'explique-son-parcours, qui lui a beaucoup plus : elle se dit « à l'aise avec les personnes âgées », elle aime le contact avec elles, « savoir leur passé », elle a le sentiment qu'elles la « respectent » (beaucoup plus que les enfants selon elle), elle conclut : « je m'entends bien avec elles ! ». Elle a donc passé le diplôme d'aide à domicile (l'an dernier) en apprentissage avec une tutrice, enfance

». Il-est-désormais-enfermé-dans-une-pièce-qu-'elle-nomme-«-l-'abri-de-jardin, Ce dernier est accessible depuis le salon, la porte étant placée à droite de la télévision. Cette porte n'est pas en bois, mais en fer, comme une porte de hangar. Pour le bien de la visite, nous aurions certainement préférés qu'elle soit en bois, comme le reste de la maison : en effet

. Christelle and G. La-fille-de-mme, s'avance vers la vieille dame pour se présenter Elle dit, tout en lui serrant la main et après lui avoir demandé de ne pas se lever : « Je suis Christelle, votre assistante sociale du conseil général. C'est moi qui m

. La-vieille-dame, et demande, tout en sortant les documents de sa mallette : « Vous savez pourquoi on est là ? ». Je retrouve ainsi sa façon de mener la visite : elle est dès le départ très directive, ne s'encombre pas de phrases inutiles, elle va droit au but et parle d'un ton ferme, adoucit par un visage pas du tout fermé, mais très attentif. La réponse de Mme G. se devine sur son visage, interrogative, mal à l'aise, un peu perdue : « Euh? oui ». Christelle laissera quelques secondes de silence afin qu'elle précise. C'est sa fille, assise sur un des canapés à droite de sa mère, qui prend alors la parole : « C'est ma soeur qui a fait le dossier, parce que moi j'habite plus loin ». Christelle, qui se trouve donc, tout comme moi, assise autour de la table, doit se repositionner pour être face à Mme G. et à sa fille. Puis elle demande : « C'est votre maison ? Vous habitez seule ?, Mme G. répond difficilement, comme si elle avait peur de se tromper : « Euh? non avec ma fille. L'autre ». Le contraste entre Christelle, très à l'aise et Mme G., un peu empruntée dans ses mouvements sur son canapé et peu à l'aise dans ses réponses

«. Vous-avez-un-jardin-?-»-demande-christelle, « Oui, mais je descends pas » rétorque-t-elle, gênée de devoir donner cette réponse. Cela se remarque par le volume de sa voix, très faible, ainsi que par son comportement corporel très en retrait, presque effacé. Christelle demande alors, sans former de phrases : « Votre chambre ?, est la fille qui prend la parole : « Alors, il faut que je vous explique

G. Mme, La demande provient cependant de Mme G. qui tourne son regard vers sa fille. « On avait installé pour mon père un monte escalier électrique Mais le problème pour ma mère, c'est que en haut, il y a encore trois marches Alors le problème, c'est qu'on est obligé de la pousser ». Christelle montre son étonnement par des gros yeux et un haussement des sourcils Elle demande alors à la fille de nous montrer le dispositif. Pendant que nous traversons la cuisine pour retourner dans le petit hall d'accueil qui donne sur les escaliers, Christelle demande à la fille si il ne serait pas plus judicieux de placer la chambre de Mme G. en bas. Elle nous apprend que sa mère ne veut pas car elle souhaite garder la chambre conjugale. « Ça se comprend » répond Christelle. Nous arrivons devant les escaliers, relativement pentus. Un monte escalier électrique est en effet installé. La fille nous montre les 3 dernières marches non desservies par le dispositif. Elle nous mime également la façon dont elle et sa soeur (« mais surtout ma soeur » précise-t-elle) doivent s'y prendre pour mener leur mère dans le lit. C'est une technique très artisanale, Mais comment vous faites pour y accéder. Parce que je comprends bien que vos déplacements sont très difficiles Nous nous trouvons en bas des escaliers, seule Mme G. est restée dans le salon. S'engage alors une discussion à voix basse

G. Christelle-se-retourne-alors-vers-mme, ce qui signifie qu'elle tourne le dos à la fille, encore légèrement essoufflée : « Vous avez des infirmières ? » demande-t-elle. « Non

G. Mme and . Kiné, Question à laquelle elle répond, très simplement : « 3 fois par semaine ». Le jeu des questions réponses, toujours très courtes, se poursuit. « Pour quelle intervention ? ». Mme G. commence à expliquer, de son débit toujours faible et hésitant, mais la fille lui coupe la parole et explique : « Surtout pour le dos, là où elle est bloquée, et puis pour marcher aussi un peu. Des fois il lui fait monter une marche d'escalier, mais il faut qu'il soit là pour la tenir ». Christelle, qui a effectué seulement un quart de tour pour noter sur son dossier, n'a pas entièrement pivoté son corps pour se retrouver face à la fille. Elle se retourne vers Mme G : « Des problèmes cardiaques ? ». C'est encore la fille qui répond. Elle est face à sa mère, seule Christelle est placée entre les deux dames. Encore une fois

T. Christelle, . En-chuchotant-mais-de-façon-audible, C. ». Là-on-est-en, and . Cependant, Je regarde alors Mme G. qui ne bouge que très peu son lourd corps Elle a l'air de suivre la conversation, mais elle ne s'y investit que très peu La fille rectifie : « Non, c'est plus pour le lever. Après bon, quand elle a des crises de douleurs comme vendredi dernier, bon je fais le maximum. Donc vendredi, je l'ai couché aussi parce qu'elle ne serait pas arrivée en haut toute seule ». Christelle soupire, puis se retourne vers Mme G. : « Les transferts ? » demande-t-elle toujours très directive. « Il me faut du temps » répond toujours très simplement Mme G., ce qui semble arranger Christelle : « C'est ça on est en B. Et l'élimination, vous avez des protections ? ». Nous pouvons remarquer ici que Christelle ne prend pas la peine, comme le faisait d'autres référents sociaux, d'amener les sujets des questions avec plus de formes, Christelle poursuit avec la fille : « Donc aide au lever, et aide au coucher Elle est plus directe. Cela ne semble pas perturber Mme G. qui dit simplement « oui ». C'est sa fille qui explique pourquoi sa mère porte des protections : « Oui parce que les toilettes sont en haut, et avec les 3 marches c'est l'enfer

G. Mme, . Rigole, !. ». Lui-dithui, and G. Mme, lui sourit et lui montre par un haussement d'épaules que ce n'est finalement pas trop pour elle Christelle abandonne son dossier sur la table, rapproche sa chaise de Mme G., pose ses coudes sur ses genoux, ce qui rapproche son corps de celui de Mme G. : « Vous vous êtes exprimée la première sur le relais d'aide à la toilette, et c'est rare, je tiens à vous le faire remarquer. C'est significatif je pense. C'est pas toujours une volonté de la personne. Donc réfléchissez, parce que vous avez une certaine lucidité de votre quotidien, et ça marque un trait de votre personnalité? ». La fille, non pas celle qui habite avec sa mère, mais celle qui nous a reçu à notre arrivée

G. Mme and . Avant-qu-'elle-ne-tende-la-main-À-la-fille-aux-cheveux-roses, votre mère est lucide, vous la soutenez bien, c'est bien parti Bonne journée » Christelle aura ainsi gardé la maitrise de la visite du début à la fin, étant très claire, précise, directe et directive En tout en pour tout, la visite aura duré 35 minutes, la plus courte des visites que j'ai effectué Dans la voiture, lors du trajet vers Villard Bonnot pour la seconde visite, elle me dira que les visites « quand elles se passent comme ça, c'est le pied La demande est très mature, très lucide Elle est bien entourée Satisfaite de la visite, Christelle est cependant elle aussi très lucide sur ce qu'elle peut apprendre de la vie des personnes âgées en une seule visite : « On est des étoiles filantes. C'est pour ça qu'à un moment je l'ai valorisée. *?+ Après faut être modeste, on a un regard ce jour là, on peut pas avoir une représentation fine de la vie de la personne et de ses attentes. *?+ Et puis, il y a aussi le problème des enfants. La personne âgée ne dit pas tout devant ses enfants, et pareil les enfants ne disent peut être pas tout de la situation de leur parent ou de leur rôle auprès des parents. *?+ C'est pour ça que ces visites sont utiles, mais faut surtout pas se dire qu'on a eu une bonne vision de la situation On fait un de la tête, le sourire aux lèvres Le fils : « Non, c'est l'usure, le vieillissement Au fil des années, ça se dégrade un peu ». S'adressant au fils, elle demande : « Sur le plan neurologique, y'a jamais eu d'investigation ? ». Le médecin n'ayant « rien demandé », le fils n'a pas jugé nécessaire de lui faire passer des tests Christelle poursuit ses les questions relatives à la santé de Mme J : « Vous avez des spécialistes ? ». La vieille dame répondit qu'elle est suivie par un cardiologue. D'après son fils, c'est parce qu' « elle est angoissée ». Cette dernière acquiesce : « C'est mon tempérament, je suis très nerveuse ». Le fils ne manque pas l'occasion d'illustrer les propos de sa mère : « Oh avec elle, il faut que ça aille droit » dit-il en accompagnant toujours ses paroles de grands gestes. « Ça doit toujours être comme ça [il mime un carré à l'aide de ses mains+. Si y'a quelque chose qui change dans son quotidien, ouh ! Elle en fait une montagne. Si je lui dis que j'arrive à 18h30 et qu'à 35 je suis pas là, elle appelle? Elle se crée des problèmes en fait. Mais moi je suis un peu comme elle ». Christelle coupe alors le fils, pour se recentrer sur l'évaluation : « Au niveau des médicaments, ça se passe comment ? ». Mme J. se retourne alors vers son fils et lui dit : « Expliques lui ». Ce dernier n'en attendait pas tant, et toujours avec son style caractéristique, autant oralement que corporellement : « Ah maintenant c'est les infirmiers qui gèrent parce que y'a 2 ans, je vous explique pas ! Elle a fait une salade de tout ces médocs, elle savait plus ce qu'elle prenait. Ah je vous dis pas ! Pareil, on croyait qu'elle mangeait mais elle mangeait rien, elle foutait tout à la poubelle. Donc les selles ben y'en avait presque pas ». Christelle demande alors s'il s'est rendu compte de cela il y a longtemps. « Y'a 4 mois » selon le fils, « oh, moins que ça » d'après la mère. Le fils montre par un mouvement de la tête vif que c'est faux. Puis il se lève et part dans une pièce située à côté de la cuisine. Christelle s'adresse alors à Mme J. : « La question que je vous pose Mme J. : est ce que vous aviez pas envie de manger ou vous oubliez de manger ? ». La vieille dame avoue, un peu gênée, mais profitant de l'absence de son fils : « Oui, j'ai perdu un peu l'appétit ». Le fils revient alors, muni d'une grande feuille de format A3, sur laquelle il a noté tout, absolument tout depuis 4 mois : les dates des chutes de sa mère, le lieu, l'heure, la partie du corps meurtrie, ainsi que tous les repas pris par sa mère, matin, midi et soir. Il a dressé de nombreux tableaux, au crayon papier, typique de sa façon artisanale de travailler. « Donc en l'espace de 15 jours, y'a plus rien qui tenait. Donc à partir de ce moment là, j'ai été là tous les jours. Et là je me suis rendu compte de ce qui se passait. Elle me disait que tout allait bien mais non, alors j'ai pris les choses en main ». Mme J., comme si on ne parlait pas d'elle, jonglait, à la manière d'un arbitre de tennis, entre les prises de parole de son fils et celles de Christelle, sans rien dire, mais ne se sentant pas gênée de la situation. Christelle cherche alors à savoir « aujourd'hui, comment ça se passe ? ». Le fils : « Aujourd'hui, depuis que j'ai fais ce suivi, je m'en occupe Le fils nous apprend alors que désormais il ne prévient plus sa mère quand il vient : « Je viens par surprise. Elle a repris le dessus. Mais regardez, y'a encore une chose : elle allait pas aux cabinets, et maintenant, depuis que je viens, regardez [il me montre alors une colonne de son imposant tableau de suivi] Je marque « merde » quand elle évacue. Bon moi j'ai pas fais de grandes écoles hein, alors je parle comme je parle, mais au moins, maintenant je sais, Alors que la fille parle toujours Vous me rappelez dans une semaine, mais ne vous en faites pas Maintenant elle mange mieux, je viens un peu moins depuis 15 jours ». Mme J. assure qu'elle « repart un peu Intriguée, Christelle demande alors au fils comment il s'y prend pour noter, si il fait « au hasard » ou selon les « déclarations » de sa mère. Voici sa réponse, très explicite ans y'a deux solutions : soit on se bagarre, soit on se laisse aller et là c'est fini. J'ai dit à la mère : on se bat ensemble merde, on va pas se laisser aller comme ça, on y va. Et elle a repris le dessus ». Ce récit, le fils de Mme J. nous l'a transcrit les yeux brillants, sûr de sa force et de sa volonté communicative. On aurait dit un colonel haranguant ses troupes avant un assaut face à l'ennemi. Il avait cependant bien saisi que cet ennemi n'avait pas de réalité physique, et je ressentais sa fierté d'avoir réussi dans son entreprise. La mère et le fils s'accordaient pour dire que l'état de la vieille dame s'était depuis nettement arrangé, p.92

J. Mme and . Qui-se-déplace-très-difficilement,-sur-un-rythme-peu-Élevé, Elle annonce à Christelle : « Je suis pas en sécurité sur mes jambes ». Et alors qu'elle continue son petit tour de la cuisine en passant par les couloirs, Christelle dit à son fils, en aparté : « Elle n'intègre plus les risques, Le fils est tout à fait d'accord, et tout en nous dirigeant de nouveau vers le salon afin de reprendre tous les 4 notre place, il dit : « C'est ça

. Tout-À-fait, La tête ça va mais les jambes non ». Nous sommes désormais à nos places respectives, excepté Mme J. qui s'est assise sur son fauteuil, ce qui fait qu'elle se retrouve un peu loin de l'interaction formée par Christelle et le fils Christelle dit alors à ce dernier, toujours avec un volume de voix pas très élevé : « Je dirai que la tête : elle imprime plus les risques, elle va se déplacer même si c'est dangereux pour elle, vous l'avez bien vu. Donc la tête ne va pas bien en totalité ». Mme J., qui était sur le canapé, se lève, et à l'aide de son déambulateur, revient s'assoir sur la chaise placée entre Christelle et le fils, Mme J. dit : « Non, c'est que je tombe, c'est ça mon problème. Mais la tête ça va

. Le-fils-dit-À-sa-mère, Christelle, qui a désormais la réponse à la question qui la taraudait depuis un moment, reprend alors le contrôle de la visite Elle coupe la parole au fils et s'adresse à Mme J. : « Si vous avez un souci, vous arrivez à téléphoner ? ». Mme J., qui a entendu la question que Christelle s'était efforcée de prononcer à voix presque basse : « Oui, sauf quand je suis par terre ». Le fils reprend alors la parole pour expliquer que sa mère « ne se voit pas vieillir. Elle se voit encore à 18 ans, elle veut faire ce qu'elle faisait à 18 ans. Bon remarquez c'est pareil pour moi, mais j'ai encore les capacités pour faire à peu près ce que je veux. Mais elle? je lui ai acheté une cane mais elle est pas assez vieille pour se servir d'une cane, voilà ». Mme J. lève les yeux au ciel. Le fils, qui a remarqué, poursuit : « La cane, ça va la faire tomber, Sa mère le coupe, et prend la parole. Il est à remarquer que dès que la vieille dame prend la parole, le fils s'arrête net et laisse sa mère parler : « Moi, j'ai une amie qui venait souvent me voir, et ben elle est tombée en marchant, avec sa cane. Et ben elle a le bras cassé et elle est en fauteuil roulant maintenant ». Des larmes arrivent alors au coin de ses yeux

«. Elle-est-tombée-et-elle-est-plus-rien-maintenant and ». , Et désormais, elle ne se retient pas de pleurer Le fils, sur un ton plus cordial et en mettant un peu plus de formes, lui dit tout en rapprochant sa chaise de celle de sa mère : « Arrête de te comparer aux autres. C'est ça aussi ton problème. C'est comme la Rosette, elle t'appelle l'autre fois, elle te dit qu'elle a la gastro, et toi deux jours après tu vas me dire que t'as la gastro, Mme J. qui ne pleure déjà plus : « Je suis soucieuse, c'est comme ça