Tombeau des Aymorés - HAL-SHS - Sciences de l'Homme et de la Société Accéder directement au contenu
Ouvrages Année : 2011

Tombeau des Aymorés

Résumé

In Memory of the Aymorés: The Subterranean World of the Pataxó Indians, Bahia, Brazil At the base of Monte Pascoal, in the far south of the State of Bahia in Brazil, lives a community of 3,000 Pataxó Indians. They are among the last representatives of the Macro-Gé group, and descend from they who were spread along the coast together with the Tupi when the Portuguese arrived. At that time they were called the Aymorés and their sole name spread terror amongst the villages and trading posts on the coast. Their recent history has been marked by a struggle to reintegrate Monte Pascoal National Park, of which they were driven out fifty years ago. More recently, UNESCO proclaimed this Park a "biosphere reserve" because it is one of the last refuges of the original biodiversity of the "Atlantic Rainforest," which today has been reduced to a shadow of its former self. Although the Pataxó's demands are imbued with ethno-ecological arguments, which portray the redeemed figure of the wild Indian, guardian of the wisdom of the natural world, we can detect a guiding principle which suggest that a "natural area" cannot be considered for itself, and needs the same kind of transformation that a piece of meat which must be cooked before it can be eaten. Therefore, regardless of the extent of environmental awareness mobilized around the issue of the National Park and its survival, a set of Pataxó cosmological values results in an outcome contrary to the one which was hoped for. Little by little "uncontrolled" fires burn away the forest as local crafts are being replaced by increasingly mechanized production of wooden pieces. The current destruction of the Monte Pascoal National Park's tree cover cannot be understood only under pragmatically economic consideration. The destruction of these forest remnants is "programmed" in the execration of the Savage that is part of the Pataxó's religious affirmation as Catholics and their "civilized" vision of raw nature. Undoing the skein of stereotypical constructions, like the mythical figures of the Naked Jaguar or the Man-Beast, altogether paradoxical and dualistic - allow us to apprehend this cosmological consistency, which skirts the confines of analyses based on concepts of ethnogenesis and invention of tradition. From this standpoint, this book falls within a structural perspective, in which a narratological analysis is applied to various types of discourse and stories, postulating that their totality forms a single albeit discontinuous narrative thread. However, today, the focus of ethnology is ever-shifting and falls within a much broader issue -- managing a global environmental crisis. Ethnic re-composition, political action, social disaggregation or community re-aggregation based on the concepts of tradition and respecting biodiversity shape part of the ethnographic reality. Attempts to delimit the scope of these issues are astonishingly complex and require several explanatory diagrams, conceptual frameworks and several scales, ranging from the individual to regional and political institutional dynamics. We shall come to understand that this consideration of contexts draws my position near to that of "micro-history": we can and we must historicize representations so as to fit them into a continuous dialectic with the reality experienced by the groups we happen to know and study.
Au pied du Mont Pascal, à l'extrême sud de l'État de Bahia au Brésil, réside une communauté de 3 000 Pataxó. Ces Indiens sont parmi les derniers représentants des groupes Macro-Gé qui occupaient le littoral, conjointement aux Tupi, au moment de l'arrivée des Portugais. On les appelait alors les Aymorés, et leur seul nom répandait la terreur parmi les bourgs et les comptoirs de la côte. Leur histoire récente est marquée par une lutte visant à se réapproprier le Parc National du Mont Pascal dont ils furent expulsés il y a un demi-siècle. Or ce Parc fut proclamé " réserve de la biosphère " par l'UNESCO, car l'un des ultimes refuges de la biodiversité originelle de la " Forêt Atlantique ", aujourd'hui réduite à des reliquats. Si les discours de revendication pataxó, empreints d'arguments ethnoécologiques, mettent en scène une figure réhabilitée de l'Indien sauvage, détenteur d'une sagesse originelle, on discerne, dans le réseau plus profond de leurs représentations cosmologiques, un principe directeur suggérant que l'appropriation d'un espace " naturel " passe par sa transformation, tout comme la viande doit être cuite avant d'être mangée. Quel que soit le degré de conscience environnementale mobilisée dans la question du Parc National et de sa survie, les valeurs qui donnent sens à l'activité socioéconomique et religieuse des Pataxó aboutissent au résultat inverse à celui escompté : la forêt cède peu à peu, grignotée par les incendies " incontrôlés " et par un artisanat de plus en plus mécanisé. La destruction actuelle du couvert végétal du Mont Pascal ne saurait donc être appréhendée par de simples considérations économiques. En repensant les représentations du sauvage, en défaisant l'écheveau des constructions stéréotypées, souvent paradoxales, parfois contradictoires, telles les figures mythiques du Jaguar Nu ou de l'Homme-Bête, on voit apparaître une cohérence cosmologique qui permet de contourner les limites des analyses fondées sur les concepts d'ethnogenèse et d'invention de la tradition. De ce point de vue, cet ouvrage s'inscrit dans une perspective structurale, où est mise en œuvre une analyse narratologique appliquée aux différents types de discours et récits, postulant que leur ensemble forme un texte unique mais discontinu. Mais l'objet de l'ethnologie est aujourd'hui fluctuant, et s'inscrit dans une problématique plus vaste, celle de la gestion d'une crise environnementale globale. Les recompositions ethniques, la mobilisation politique, la désagrégation sociale ou la réagrégation communautaire autour des concepts de tradition et de respect de la biodiversité, font partie de la réalité ethnographique. Les tentatives de circonscrire ces objets nécessitent plusieurs schémas explicatifs, plusieurs cadres conceptuels, plusieurs échelles, de l'individu aux dynamiques régionales et aux politiques institutionnelles. On comprendra que cette prise en compte des contextes me rapproche des propositions de la " micro histoire " selon lesquelles on peut et on doit historiciser les représentations, et les inscrire dans une dialectique permanente avec la réalité vécue par les groupes dont nous accompagnons l'existence quelques années durant.
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halshs-00599696 , version 1 (25-11-2016)

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  • HAL Id : halshs-00599696 , version 1

Citer

Florent Kohler. Tombeau des Aymorés : Le monde souterrain des Indiens Pataxo (Bahia, Brésil). SELAF. Peeters, pp.240, 2011, Langues et sociétés traditionnelles, Françoise Grenand, 978-90-42922297. ⟨halshs-00599696⟩
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