Villes industrielles entre permanences et turbulences
Résumé
Depuis plus de quarante ans, les villes industrielles françaises ont connu de profondes mutations socio-économiques. Le rythme des délocalisations spatiales des activités s'accélère, notamment en raison de la baisse des coûts de transports, des innovations technologiques. Ainsi, le poids des déterminants d'origine, qu'ils aient été économiques ou physiques, s'en trouve diminué. Le processus de désindustrialisation a forcé ou accompagné des recompositions, voire des fragmentations de l'espace urbain. Nombre de ces villes, marquées par une forte identité industrielle, sont aujourd'hui des espaces interfaces. Ces villes se sont déliées de l'industrie, sous l'effet de métamorphoses globales économiques et technologiques. Mais quel que soit aujourd'hui le dynamisme de ces villes, des permanences subsistent. Ainsi des villes qui se sont bâties autour de l'industrie peuvent après le départ d'entreprises, se trouver fragmentées sans plus de réelle urbanité. Le lien social existant grâce à une communauté de travail peut être détruit et avec lui une forme de cohésion urbaine, au point de n'avoir plus qu'une agglomération de quartiers. Cette cohésion peut parfois être recherchée dans une forme de muséification du patrimoine industriel. Le patrimoine industriel est aussi un patrimoine identitaire, une ville d'emplois principalement tertiaires peut garder une forte image industrielle, bien que cette forme d'emploi ait quasiment disparu de l'espace urbain. Cet espace urbain, peut dans son organisation être lui-même une de ces permanences industrielles. Une commune comme Gennevilliers reste profondément marquée par le schéma d'aménagement qui a prévalu au moment de son industrialisation partageant l'espace communal en trois : un tiers pour l'habitat, un tiers pour les activités, un tiers pour le port autonome de Paris. Si l'espace usinier s'est réduit, et a été remplacé par des activités tertiaires, cette division du tissu urbain et industriel reste particulièrement importante. Dans tous les cas, l'identité industrielle des villes reste ancrée dans l'imaginaire et dans les paysages urbains, même si elle est particulièrement bouleversée à différentes échelles, des quartiers au poids des communes dans leur ensemble régional ou interrégional en passant par la cohérence du tissu urbain.
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