Les initiés aux mystères de Mithra étaient-ils marqués au front ? Pour une relecture de Tertullien, <i>De praescr.</i> 40, 4 - HAL Accéder directement au contenu
Chapitre d'ouvrage Année : 2008

Les initiés aux mystères de Mithra étaient-ils marqués au front ? Pour une relecture de Tertullien, De praescr. 40, 4

Résumé

Vers l'année 200, Tertullien prétend que le diable, dans les mystères de Mithra, « marque au front ses soldats » (De praescr. 40, 4 : signat illic in frontibus milites suos, une formule célèbre qui a suscité de nombreuses conjectures : a-t-on affaire à une pratique liée au marquage des soldats (F. Cumont) ? à un rite analogue à la signation chrétienne (F. J. Dölger, P. Perdrizet) ? à une douloureuse cautérisation que les “Lions” auraient eu la charge d'infliger à leurs coreligionnaires (R. Turcan) ? Cet article écarte ces différentes hypothèses, en deux temps L'initiation du “Soldat” (nom d'un grade mithriaque), telle qu'évoquée ailleurs par Tertullien, ne comporte pas de rite de marquage. Aucun lien ne peut être par ailleurs établi entre De praescr. 40, 4 et le tatouage des soldats de l'armée romaine qui n'est formellement attesté qu'à partir de la seconde moitié du IVe siècle. Les marques cruciformes parfois gravées sur le front ou le crâne de personnages sculptés ou modelés représentent des cicatrices de guerre et non des marques initiatiques. Les “brûlures” que plusieurs textes associent avec le grade de Lion renvoient à une combustion symbolique dont les contreparties rituelles n'impliquent pas de cautérisation corporelle. On peut en définitive se demander si le terme milites n'a pas été utilisé par Tertullien sans référence au grade mithriaque du même nom, mais pour désigner plus généralement les païens qui, en se faisant initier, entrent au service (militia) du diable. b) Une solution nouvelle est proposée. Elle consiste à corriger le texte du De praescr. 40, 4 de la manière suivante : signat illic in fontibus milites suos (« c'est chez Mithra, dans des sources, que le diable scelle/parachève ses soldats »). L'acception signare = confirmer/parachever (dérivée de σφραγίζειν = sceller/attester) apparaît à plusieurs reprises dans l'œuvre de Tertullien. On la retrouve en particulier en De praescr. 36, 5, passage auquel De praescr. 40, 4 fait directement écho. Ces deux passages veulent montrer que les initiations chrétienne et mithriaque partagent quatre points communs (confirmation par l'eau, offrande de pain, doctrine de la résurrection, exhortation au combat). Tertullien accuse le diable d'avoir imité les rites chrétiens pour les transposer dans le culte mithriaque. Plusieurs documents développant le thème des deux frères jumeaux abreuvés à la source que Mithra fait jaillir d'un rocher viennent à l'appui de la restauration de frontibus en fontibus. Ce sont ces deux personnages que Tertullien qualifie (peut-être abusivement) de milites.

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Citer

Luc Renaut. Les initiés aux mystères de Mithra étaient-ils marqués au front ? Pour une relecture de Tertullien, De praescr. 40, 4. Corinne Bonnet, Sergio Ribichini, Dirk Steuernagel. Religioni in contatto nel Mediterraneo antico. Modalità di diffusione e processi di interferenza, Atti del 3° colloquio su “Le religioni orientali nel mondo greco e romano” (Loveno di Menaggio, Como, 26-28 maggio 2006), Rome : Fabrizio Serra, pp. 171-190, 2008, Mediterranea IV, 2007. ⟨halshs-00575655⟩
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Dernière date de mise à jour le 20/04/2024
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