Modifications de l'embouchure du fleuve Sénégal : impacts sur la vulnérabilité des sociétés du bas estuaire
Résumé
Le fleuve Sénégal a subi fortement la péjoration climatique des années 70 survenue au Sahel. Ce cours d'eau occupe une place stratégique dans le processus de développement économique et social des Etats riverains. Afin de parer les incertitudes hydrologiques, les Etats riverains ont construit deux barrages (Diama et Manantali) au cours des années 80. Toutefois, l'amélioration des écoulements a amplifié les débordements fluviaux au niveau de la partie terminale de fleuve, caractérisée par de basses altitudes inférieures à 3m. Ainsi, pour prévenir d'éventuelles catastrophes, les autorités sénégalaises ont ouvert en 2003 une brèche afin d'évacuer le surplus d'eau à 6,5km de la ville de Saint-Louis. Ce rapprochement de l'embouchure est à l'origine de dégâts importants. On constate même une salinisation accentuée (plus de 34g/l) des eaux souterraines utilisées pour le maraîchage, secteur qui représente une part importante de l'économie de la région, notamment du Gandiolais. Combinant milieu rural et urbain associé à une forte pression démographique, l'estuaire du fleuve Sénégal apparaît comme un secteur vulnérable face aux incertitudes hydrologiques et climatiques. Cet article se propose de se focaliser sur la vulnérabilité des sociétés du bas estuaire qui subissent à chaque aménagement les contrecoups de la dégradation de l'environnement et de leur milieu de vie.