, Cette temporalité du chahut, qui coïncide pour l'essentiel avec les séances de questions, révèle encore à quel point celui-ci est codifié et repose sur l'intériorisation de l'ordre parlementaire. Certaines activités requièrent le plus grand sérieux et le travail parlementaire le plus rigoureux, tandis que d'autres donnent lieu à des échanges plus relâchés, venant paradoxalement confirmer la qualité des premières. Cette proposition n'est pas sans faire écho aux analyses durkheimiennes du crime 31 et aux approches fonctionnalistes de la déviance 32 qui soulignent comment, de manière parfaitement contre-intuitive, la déviance renforce en fait ce qu'elle semble perturber. A première vue, le chahut parlementaire semble remettre en cause l'ordre parlementaire et politique, et dans le même mouvement la légitimité politique de l'institution et de ses membres. Mais à bien considérer son déroulement et sa pratique très codifiés, il est l'occasion d'un désordre circonscrit, de l'affirmation de la cohésion des groupes parlementaires et de l'attachement partagé des députés aux normes et aux valeurs qui fondent l'ordre politique, égard du gouvernement et la mise en scène des désaccords devant les journalistes et les caméras. La question est attendue, surtout lorsqu'elle porte sur des élections au lendemain de scrutins contestés, et elle sonne comme le signal de départ du grand chahut, du relâchement des contraintes et des codes

. «-classer-le-crime-parmi-les-phénomènes-de-sociologie-normale, est pas seulement dire qu'il est un phénomène inévitable quoique regrettable, dû à l'incorrigible méchanceté des hommes ; c'est affirmer qu'il est un facteur de la santé publique, une partie intégrante de toute société saine » (Emile Durkheim, Les règles de la méthode sociologique, p.55, 1937.

, On pense ici par exemple aux analyses de K. Davis sur la prostitution, présentée comme phénomène contribuant au maintien de la monogamie et à la stabilité des couples mariés, pp.313-360, 1971.

, Jacques Testanière, art. cit, p.23