Peut-on encore parler de sens lorsque la langue chante ?
Résumé
This article proposes to take into consideration the musical dimension of diglossic literature, more particularly in the Antilles. In Caribean texts, deciphering does not entail tackling a message, what matters is their inner music, evocative of the pains and joys of the characters. The study is not limited to the opposition polysemy/monosemy, but refers to the notion of forme-sens as expressed by Meschonnic, in that it deals with the corporeity of the texts. The cultural dimension of diglossic writing sets the foundations of this analysis. The relationship established between the various languages at work is studied first, but the main points are the effects of mask and mark, in their sensory manifestations and the power they have over sense, and then behind them the « silent tongue ».
Cet article se propose de considérer la dimension musicale en littérature diglossique, et plus particulièrement dans le domaine caribéen, dans des textes où la notion même de déchiffrement du sens ne se pose pas en tant qu'accession à un message, mais bien dans la perception d'une musicalité interne, évocatrice des douleurs et des bonheurs des personnages. L'étude ne se limite pas à l'opposition polysémie/monosémie, mais se réfère à la notion de forme-sens selon Meschonnic, qui fait appel à la corporéité du texte. La dimension culturelle de la l'écriture diglossique pose les bases de la réflexion en ce qu'elle situe le rapport établi entre les différentes langues d'expression, mais les éléments essentiellement pris en compte ici sont les effets de masque et de marque, et derrière eux, la « langue muette », dans leurs manifestations sensorielles et leur pouvoir sur le sens.