La conclusion d'un accord franco-allemand dans l'industrie des colorants en 1940-1941 : rapports de force et formes juridiques
Résumé
L'accord conclu en 1941 entre le conglomérat dominant l'industrie chimique allemande, l'IG Farben, et les principaux producteurs français réuni autour du groupe Kuhlmann dans le secteur des colorants artificiels constitue sous l'Occupation un cas unique. C'est la seule prise de contrôle, sous la forme d'une participation majoritaire dans une société commune dénommée Francolor, de l'ensemble d'une branche industrielle nationale, de la fabrication à la commercialisation, par des intérêts allemands. L'opération Francolor peut être perçue comme la concrétisation d'un double rapport de forces favorable à l'IG Farben : la défaite militaire de la France et de l'occupation de la moitié Nord du pays d'une part, la position traditionnellement dominante de l'industrie allemande dans la chimie en général, et pour les colorants en particulier avec l'IG Farben, d'autre part. Mais cette " spoliation " ne s'est pas faite sous la forme d'un simple coup de force. Elle s'est conclue après de longues discussions avec les industriels français et a pris la forme d'une convention juridique signée par les deux parties et approuvée, avec le bénéfice de dispositions dérogatoires, par une loi spéciale de l'État français.
Origine : Accord explicite pour ce dépôt