Les marchés dans la ville : vers des hypervilles comme on dit hypermarché ? - HAL-SHS - Sciences de l'Homme et de la Société Accéder directement au contenu
Pré-Publication, Document De Travail Année : 2010

Les marchés dans la ville : vers des hypervilles comme on dit hypermarché ?

Dominique Lorrain

Résumé

Le jeudi 26 novembre 2009 l'émirat de Dubaï annonce qu'il suspend le remboursement de sa dette et la restructure . Dès le lendemain les bourses chutent d'environ 3% de Tokyo à Londres et dans les pays émergents. Un an après la faillite de Lehman Brothers les marchés sont nerveux et pendant quelques jours plane la menace d'une banqueroute. Elle ne se produira pas mais la ville-Etat doit réviser ses projets grandioses. Ce fait divers mérite attention car il témoigne d'une transformation récente des rapports entre la ville et les marchés. Surgie des sables en quelques années Dubaï se développe par la volonté d'une famille régnante, par le recours à une dette sans limite, gagée par le crédit d'un Etat du croissant pétrolier, et tout ce projet repose sur l'idée qu'une ville peut se développer comme une entreprise en se spécialisant sur quelques fonctions dans des marchés globaux : la finance, le loisir, la logistique. Dubaï marque-t-elle l'émergence de villes pensées dans une logique de marché ? Préfigure-t-elle un nouveau modèle de référence qui viendrait après celui de la ville globale et ses activités financières ? (Sassen ) Pour répondre à ces questions un détour par l'histoire s'impose car les villes ont en général une histoire qui s'inscrit dans un site, un cadre bâti, des institutions et des forces sociales. Plus que toute autre activité humaine elles sont héritées et encastrées, à l'opposé de la page blanche du modèle économique standard et d'un échange mathématique sans épaisseur. Rares sont les grande villes qui émergent soudainement à la différence d'entreprises : Cisco, Microsoft, Google, Huawei. Les villes et les marchés entretiennent depuis longtemps des relations complexes. Elles ont toujours eu à faire avec le marché mais elles n'ont jamais été totalement organisées par les marchés. Elles se sont formées comme lieu de pouvoir (militaire, politique ou religieux) mais aussi comme espace d'échanges de biens et de services. La ville dans sa morphologie se compose de briques de base – des logements, des bureaux, des hôtels, des grands magasins, qui ont une valeur marchande et s'échangent mais elles s'est aussi construite à partir d'espaces publics – rues, places, accessibles à tous (Mumford, 1964 ; Bairoch, 1985 ; Soja, 2000). Autrement dit si la ville respire par les marchés elle ne s'y trouve pas entièrement soumise. D'autres principes l'organisent. Dès le départ une large partie des activités urbaines échappe au marché et au capitalisme. Cette influence limitée et encadrée des marchés sur la ville s'applique-t-elle toujours après trente années de libéralisation et une montée de l'industrie de la finance et du conseil ? Dans les rapports entre la ville et les marchés retrouve-t-on la progression que la grande distribution a connue : marché< supermarché< hypermarché ?

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Dates et versions

halshs-00519969 , version 1 (21-09-2010)

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  • HAL Id : halshs-00519969 , version 1

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Dominique Lorrain. Les marchés dans la ville : vers des hypervilles comme on dit hypermarché ?. 2010. ⟨halshs-00519969⟩
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