Le marchŽ fait-il la ville?  Ecole thŽmatique dĠAussois 2010

http://controverses.hypotheses.org/

 

 

Axe : LĠargent dans le quotidien de la ville ?

Thme : La financiarisation des Žchanges urbains

 

 

Communication : Financiarisation et sŽcurisation de lĠaction urbaine : la valeur assurantielle des quartiers de gare.

 

AurŽlie Delage

Doctorante ˆ lĠInstitut dĠUrbanisme de Lyon

aurelie.delage@univ-lyon2.fr

 

 

 

La financiarisation des Žchanges urbains dans les villes Ç hors marchŽ È ?

 

La ville Ç financiarisŽe (I. Baraud-Serfaty, 2009) acte la montŽe en puissance des logiques de marchŽ et lĠaccroissement du r™le des acteurs du secteur privŽ. Ces derniers connaissent un mouvement de concentration et de financiarisation, particulirement sensible dans le milieu de lĠimmobilier tertiaire (Nappi-Choulet, 1995). Du fait notamment de la disjonction croissante entre propriŽtaire du b‰timent et locataire utilisateur des locaux, lĠimmobilier de bureau est devenu un produit financier, un objet de spŽculation dŽtenu par des investisseurs internationaux (Bonnet, Moriset, 2003), ce qui permet sa titrisation – securitisation – en anglais) (Renard, 2008) et donc la dŽmatŽrialisation totale des Žchanges.

Face ˆ lĠincertitude des marchŽs, la localisation du bien immobilier devient alors primordiale, dans une qute de la meilleure rente immobilire (Crouzet, 2003). Ce primat du lieu attractif – dont lĠun des principaux critres est la bonne accessibilitŽ – tend alors ˆ favoriser dĠune part les espaces centraux et pŽricentraux, et dĠautre part les villes dŽjˆ les plus dynamiques et les mieux connectŽes au rŽseau mŽtropolitain, accŽlŽrant de ce fait le processus de diffŽrenciation spatiale tant intra-urbaine – la segmentation –, quĠinterurbaine – la mŽtropolisation (MŽrenne et al., 2005). Cela pose alors une premire question : quĠadvient-il des espaces Ç hors marchŽ È, et dans des villes non attractives ? Dans le contexte ˆ la fois de montŽe en compŽtence des collectivitŽs locales mais aussi du tarissement des finances publiques, et dans la perspective des dŽbats sur le post-keynesianisme (Genestier et al., 2008), on peut sĠinterroger sur la capacitŽ des collectivitŽs locales ˆ amortir les effets contra-cycliques en pŽriode de crise – sachant que ces cycles tendent ˆ sĠaccentuer.

 

Ces ŽlŽments Žtant posŽs, auxquels sĠajoute un retour marquŽ au centre-ville (Bidou-Zachariasen, 2003), on observe que de nombreuses villes, aux profils divers, en France comme en Europe Occidentale, choisissent de monter un projet de renouvellement urbain autour de leur gare centrale, souvent en lien avec lĠarrivŽe dĠune desserte par le TGV. Si ces opŽrations sont souvent prŽsentŽes comme mixtes dans leurs usages, elles acquirent frŽquemment une dominante Ç quartier dĠaffaires È : Euralille et sa Ç turbine tertiaire È en est lĠexemple fondateur. Ces projets, en particulier dans les villes ˆ la recherche dĠun renouveau Žconomique, sont souvent vus comme des leviers de dŽveloppement urbain, le moteur et lĠexpression dĠun dynamisme retrouvŽ. Ils prennent souvent une place de choix dans la stratŽgie de communication urbaine – lĠimage des villes Žtant primordiale dans ce climat de compŽtition mŽtropolitaine.

Or, ces opŽrations nŽcessitent des montages opŽrationnels et financiers lourds pour gŽrer non seulement la reconstruction de la ville sur elle-mme, mais aussi la complexitŽ de ces espaces (pollution, fortes contraintes techniques liŽes ˆ la desserte ferroviaire, multiplicitŽ dĠacteurs). On peut ds lors se demander dans quelle mesure des villes aux ressources financires diminuŽes peuvent rŽunir des moyens suffisants pour mener ˆ bien ces projets qui reprŽsentent, souvent, leur (principal) espoir de redŽveloppement Žconomique ; et, dans la perspective de la financiarisation des Žchanges urbains, dans quelle mesure ces projets sont viables. Si ces villes ne suscitent pas lĠintŽrt des investisseurs privŽs, quel r™le a le secteur public : relais dans lĠinvestissement, stratŽgie dĠattraction ˆ tout prix des investisseurs ?

 

A travers cette Žtude dĠespaces rŽputŽs bŽnŽficier dĠun fort potentiel dĠattraction, mais situŽs dans des villes atones – mettant par lˆ-mme en tension scalaire la notion de rente de situation, centrale dans les logiques financires, nous formulons lĠhypothse suivante : la financiarisation des Žchanges urbains entra”ne une sŽcurisation maximale des opŽrations, ce qui entra”ne de nouvelles modalitŽs de lĠaction publique collective et a des consŽquences sur la matŽrialitŽ de la ville construite.

Les terrains servant dĠappui ˆ ce travail sont le projet de Saint-Etienne Ch‰teaucreux (France), et celui de Lige-Guillemins (Belgique).

 

 

1. Le fort potentiel de valeur dĠusage du quartier de gare : un produit dĠappel du marchŽ urbain ?

 

A maints Žgards, les quartiers de gare possdent un fort potentiel de valeur dĠusage, et la prŽsence dĠune gare dans un projet permet de jouer sur de nombreux registres urbanistiques et symboliques. LĠaccessibilitŽ en est lĠŽlŽment majeur, liŽe directement ˆ la fonction de transport ferroviaire, et indirectement au fait que la gare polarise souvent un p™le dĠŽchanges multimodal, lui confŽrant une accessibilitŽ intra-et inter-urbaine. La prŽsence de foncier mutable constitue un second atout de poids : les gares ont souvent fixŽ des activitŽs industrielles et/ou de fret ferroviaire, dont le dŽpart a libŽrŽ de vastes tnements, de taille suffisante pour autoriser des opŽrations de grande ampleur. Ces friches sont dĠautant plus intŽressantes quĠelles bŽnŽficient dĠune position pŽri-centrale, hautement recherchŽe dans un contexte de reconstruction de la ville sur elle-mme.

Si lĠimage de Ç quartier de gare È est gŽnŽralement nŽgative, les opŽrations que lĠon observe actuellement sĠattachent ˆ vŽhiculer une image de modernitŽ, liŽe ˆ la prŽsence du TGV ou encore dĠune architecture contemporaine composŽe de verre et dĠacier, symbole du quartier dĠaffaire, lui-mme vecteur de reprŽsentations positives de dynamisme Žconomique.

Les quartiers de gare disposent donc dĠatouts symboliques (la modernitŽ, lĠimage de marque, voire la dimension patrimoniale du b‰timent voyageur monumental) mais aussi trs pragmatiques (la prŽsence de foncier disponible avec un nombre limitŽ de propriŽtaires). En outre, la valeur de ce type dĠespace tient moins ˆ ce quĠil est en lĠŽtat quĠˆ ce quĠil peut devenir (ce qui autorise la spŽculation foncire). Ce potentiel de mutabilitŽ tant quantitative que qualitative permet alors de supporter une opŽration emblŽmatique de la ville, un produit dĠappel efficace en terme de marketing urbain.

 

Ë lĠŽtude, ˆ travers notamment les entretiens[1] rŽalisŽs auprs de promoteurs immobiliers, il sĠavre que malgrŽ ce fort potentiel dĠusage du quartier de gare dans le contexte urbanistique actuel, la gare est davantage vue comme une valeur dĠŽchange : elle reprŽsente une garantie pour lĠacheteur. Plus que la gare en tant que telle, cĠest manifestement la desserte par le TGV (mais pas forcŽment la prŽsence dĠune ligne ˆ grande vitesse), qui semble dŽterminante aux dires des professionnels de lĠimmobilier : Ç sĠil nĠy a pas le TGV, nous on nĠy va pas! È[2]. Pourtant, cette importance du TGV dans les discours semble dŽconnectŽe de son usage dans les faits : les usages possibles de la gare sont rŽduits au TGV et occultent la qualitŽ effective de la desserte et ses usages possibles (le TER notamment).

Ce primat de la valeur dĠŽchange sur la valeur dĠusage confre alors ˆ la gare une valeur assurantielle, en phase avec la posture dŽfensive des acteurs.

 

 

2. Maximisation de la rentabilitŽ, minimisation du risque : la valeur assurantielle de la gare.

 

La rentabilitŽ est essentiellement fonction des qualitŽs du bien et de sa situation ; plus lĠinvestissement est jugŽ risquŽ, plus la rentabilitŽ attendue est ŽlevŽe. Ce Ç couple rentabilitŽ-risque È (Barraud-Serfaty, 2009, p 16) est lĠun des quatre ŽlŽments clŽ de la financiarisation.

 

LĠ Ç urbanisation du capital È (Malezieux, 1995) a pour corolaire une qute de rentabilisation maximale du produit, ce qui passe par lĠinvestissement dans des endroits stratŽgiques. En parallle, la volatilitŽ des marchŽs, entra”nant une distorsion entre les cycles financiers et les temps de la production de lĠurbain (Lorrain, 2002), incite davantage encore ˆ la neutralisation du risque. Cette attitude dŽfensive[3] sĠobserve trs nettement dans les propos des promoteurs, dont le discours se calque sur celui des investisseurs auxquels ils ont affaire, et desquels ils sont manifestement dŽpendants.

Ainsi, les investisseurs se rabattent sur des produits sžrs, ŽprouvŽs, tels que les produits tertiaires dans les quartiers de gare : Ç on nĠaime pas mieux les quartiers de gare que les autres quartiers, la seule chose cĠest quĠun quartier de gare on sait que a fonctionne, pour du tertiaire. È[4]. La certitude de lĠassertion est frappante, et se retrouve dans de nombreux entretiens : cela dŽnote une forte croyance dans cet effet quasi automatique de la rŽussite de ce type de produit, au vu des exemples des autres villes quand bien mme les contextes sont diffŽrents (le dŽveloppement du benchmarking permet cette diffusion des modles). La prŽsence de la gare a donc incontestablement un effet rassurant sur les investisseurs, cĠest une garantie contre une trop grande prise de risque.

Le choix dĠun produit rassurant permet alors de compenser la prise de risque sur une ville peu attractive. Cette pŽrŽquation du risque se traduit dans les taux de rentabilitŽ exigŽs par les investisseurs, qui ont un impact direct sur le cožt des opŽrations : les promoteurs lĠintgrent dans leur compte ˆ rebours afin de prŽparer lĠoffre de prix dĠachat lors des concours. Dans cette perspective, la prŽsence dĠune gare constitue un ŽlŽment tangible permettant dĠapprŽcier les prix du marchŽ locatif – ce qui donne un point de repre non nŽgligeable lorsque quĠil nĠy a pas de marchŽ (et donc de prix) prŽ-existant, comme cĠŽtait le cas ˆ Saint-Etienne.

 

Cette valeur assurantielle de la gare se retrouve en des termes proches du c™tŽ des collectivitŽs ˆ lĠorigine des projets urbains : Ç si a ne marche pas autour de la gare, a ne marchera nulle part ailleurs dans la ville È[5]. Le renouveau du quartier est vu comme la seule opportunitŽ de dŽvelopper une offre tertiaire dans la ville, et incarne en grande partie les espoirs de redŽveloppement Žconomique du territoire. A Saint-Etienne, les entretiens menŽs en 2008 auprs des techniciens de la Ville et de la CommunautŽ dĠagglomŽration montraient clairement quĠil sĠagissait moins de rŽpondre ˆ une demande du territoire, que de proposer une offre : il y avait plus ˆ perdre de ne pas suivre ce que faisaient les autres villes, quĠˆ gagner en effectuant ce type dĠopŽration.

Ce fort espoir dans les effets de la gare ne relve donc plus vraiment du mythe des Ç effets structurants È dŽmontŽ dans les annŽes 1990 (Offner, 1993), mais il persiste un effet rassurant de la prŽsence de lĠinfrastructure de transport, propice ˆ fixer un projet emblŽmatique.

 

On observe donc une doxa commune doublŽe dĠune convergence des intŽrts dans la prise de risque minimale entre les promoteurs (du fait du marchŽ) et les collectivitŽs (qui pour des raisons Žlectorales aussi ont besoin dĠun projet fŽdŽrateur). On peut toutefois se demander dans quelle mesure ces collectivitŽs mettent en place une telle offre, mme si elle peut para”tre – ˆ premire vue – en dŽcalage avec les besoins locaux, dans le but dĠattirer les investisseurs extŽrieurs (puisque lĠargent manque localement), et dans quelle mesure alors ces collectivitŽs se conforment ˆ un produit correspondant aux standards mŽtropolitains : le travail de terrain ne permet pas encore de rŽpondre ˆ cette question avec certitude, mais il semble que des scnes dĠŽchange tel que le MIPIM contribuent fortement ˆ ce formatage du discours des collectivitŽs.

 

 

3. ProcŽdures croisŽes et Ç coopŽration induite È

 

Vue de cet angle, la marge de manÏuvre des collectivitŽs para”t Žtroite, et leur r™le semble se cantonner ˆ la mise ˆ disposition dĠamŽnitŽs sur un marchŽ mŽtropolitain dont elles sont dŽpendantes, ou encore ˆ lĠapport de garanties et de gages de confiance (ce qui peut jouer contre elle aussi[6]). Pourtant, les Žtudes de cas montrent quĠil se joue des nŽgociations et glissements ˆ la marge, liant de faon moins tranchŽe collectivitŽs et promoteurs.

 

A Lige, sĠobserve en des termes proches la Ç coopŽration induite È, telle que lĠa dŽveloppŽe R. Verhage sur le logement dans quatre pays europŽens (Verhage, 2002) : les acteurs publics et privŽs se mettent dĠaccord sur la teneur du projet en amont de sa dŽfinition officielle. La procŽdure de Ç pŽrimtre de remembrement urbain È illustre ce type de nŽgociation sur la dŽfinition du cadre dĠaction dans lequel vont ensuite intervenir les promoteurs (Halleux et al., 2010). Ce document rŽglementaire ŽdictŽ par la RŽgion Wallone permet de dŽroger aux rglements prŽexistants, dans un pŽrimtre donnŽ, afin de simplifier les dŽmarches administratives, et dĠoffrir des conditions propices aux projets. Le but de cette coopŽration induite est, de part et dĠautre, de Ç sŽcuriser È le projet avant son instruction officielle (ibid, p 11), dans un intŽrt mutuel qui dŽpasse les lois du marchŽ.

 

Du c™tŽ de la fabrication concrte, matŽrielle de la ville, il est courant de dire quĠil y a une uniformisation des espaces urbains produits, en particulier des quartiers dĠaffaires (Ç verre et acier È), ce qui va ˆ lĠencontre dĠune logique de compŽtition inter-urbaine exigeant de se dŽmarquer pour Ç faire la diffŽrence È. Mais lĠŽtude des projets initiaux confrontŽe avec les programmes en cours de rŽalisation permet de juger des glissements qui se produisent, des concessions ˆ faire et, par consŽquent, des rapports de force ˆ lĠÏuvre dans la fabrique de la ville.

Ainsi, ˆ Saint-Etienne, le but Žtait initialement de produire Ç un quartier parmi dĠautres, mixte È[7] – mixitŽ tant sociale que fonctionnelle. La proposition de lĠarchitecte japonais Fumihiko Maki allait dans ce sens, avec lĠidŽe de Ç SoHo È (Small Office, Home Office) qui combinait au sein du mme b‰timent, dans le prolongement immŽdiat de la gare, bureaux, logements, et commerces. Or, le programme vainqueur du concours sur cet ”lot a fait dispara”tre la dimension rŽsidentielle. Ë ce premier glissement sĠen est ajoutŽ un second, lors de la commercialisation : les commerces de proximitŽ voulus par lĠEPASE (Etablissement Public dĠAmŽnagement de Saint-Etienne) seront occupŽs par des banques, car cĠest la demande qui sĠest manifestŽe. La mixitŽ et lĠintensitŽ urbaine initialement pr™nŽes ont donc laissŽ la place ˆ une tertiarisation totale de ce programme-lˆ[8], qui se rapproche de ce que lĠon trouve dans un quartier dĠaffaire classique. En termes urbanistiques, cette dŽpendance au marchŽ entra”ne insensiblement un certain retour ˆ des logiques de zonage urbain, en accord avec lĠadage Ç qui paye dŽcide È.

Ce primat du tertiaire dĠentreprise sĠobserve de la mme faon ˆ Lige, o ce sont les programmes de bureau qui aboutissent en premier. En lĠŽtat actuel des choses, les programmes rŽsidentiels prŽvus par le projet de la Ville sont relŽguŽs au second plan des prŽoccupations, dans la mesure o les terrains devant accueillir du logement sont dŽtenus dĠune part par un promoteur dont le cÏur de mŽtier est le bureau de centre-ville, et dĠautre part par la SNCB qui nĠa pas vocation ˆ faire du logement non plus. Ces rŽvisions ˆ la baisse des ambitions initiales ne sont sans doute pas sans lien avec lĠallgement des contraintes rglementaires proposŽes par un bureau dĠŽtudes, la Ville craignant que des contraintes trop strictes ne soient rŽpulsives pour les promoteurs.

 

Ces exemples soulignent combien les Žchanges urbains, quand bien mme financiarisŽs, restent soumis ˆ un jeu dĠinterdŽpendances mutuelles : cette itŽrativitŽ des dŽmarches, le caractre incrŽmental de la fabrique urbaine sont bien lˆ des caractŽristiques dĠun Ç nŽo-urbanisme È devant Žlaborer et gŽrer des projets dans un contexte incertain (Ascher, 2004). Mais lˆ o F. Ascher considre que le nŽo-urbanisme ne peut se contenter Ç dĠappliquer des solutions rŽpŽtitives È en terme de projet (ibid, p 93), on peut se demander dans quelle mesure les villes en crise ŽtudiŽes ne sont pas pour leur part en qute de Ç solutions miracles È, ˆ la rŽussite assurŽe, avec une prise en compte finalement minimale des caractŽristiques locales.

 

 

Conclusion : ville financiarisŽe, ville standardisŽe ?

 

La financiarisation des Žchanges urbains entra”ne incontestablement une qute de sŽcurisation maximale des opŽrations, a fortiori dans des villes peu attractives. Cela se manifeste par lĠaspect Ç dŽfensif È tant des localisations retenues, que des produits dŽveloppŽs et des stratŽgies des acteurs tant privŽs que publics. A ce titre, le r™le des reprŽsentations semble crucial dans la dŽfinition de lĠacceptabilitŽ du risque.

Cependant, si les lois du marchŽ semblent dominer, elles ne peuvent pas faire lĠŽconomie dĠune relation Žtroite entre secteur privŽ et collectivitŽs territoriales. Voire, la nŽcessaire sŽcurisation des opŽrations renforce lĠinterdŽpendance entre le secteur immobilier et les collectivitŽs : cela ouvre alors une troisime voie entre une ville totalement livrŽe aux lois du marchŽ, et une autoritŽ publique rŽgissant de faon descendante son territoire. On retrouve alors la qute de la part des collectivitŽs dĠ Ç effets multiplicateurs È dont doivent ensuite se saisir les agents Žconomiques pour soutenir la croissance du territoire, ce qui constituerait en un sens, ˆ lĠŽchelle locale, une forme de nŽo-keynesianisme (Genestier et al., 2008).

 

 

 

ASCHER F. (2004), Les nouveaux principes de lĠurbanisme, Editions de lĠAube, Paris, 112 p.

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[1] Une cinquantaine dĠentretiens semi-directifs a ŽtŽ rŽalisŽe auprs des acteurs des deux projets ŽtudiŽs : Žlus, techniciens de collectivitŽs, promoteurs, agents immobiliersÉ

[2] Entretien du 18/02/2010, AltarŽa-Cogedim, promoteur du Ç Luminis È, ˆ Saint-Etienne.

[3] Le terme sĠemploie dans le domaine financier pour qualifier un investissement, par extension, il peut tre utilisŽ pour qualifier une localisation dans le secteur immobilier (Berthon, 2010).

[4] Entretien du 17/02/2010, Art de Construire, promoteur de lĠ”lot A&B, ˆ Saint-Etienne.

[5] Comme cela a ŽtŽ entendu ˆ maintes reprises aussi bien ˆ Lige quĠˆ Saint-Etienne

[6] la triangulation houleuse ˆ Lige entre la Ville, la RŽgion et la SNCB, pourtant trois acteurs Ç publics È, et la difficile mise en place dĠoutils rglementaires sont un ŽlŽment certain de dissuasion pour les investisseurs en dŽpit dĠun projet Žtabli.

[7] Entretien Bureau dĠEtude de la Ma”trise dĠOuvrage, Ville de Saint-Etienne, 19/02/2010

[8] Toutefois, le projet de Ch‰teaucreux comporte aussi un programme de logements qui a trouvŽ promoteur et investisseur.