Le marchŽ fait-il la ville? Ecole thŽmatique dĠAussois 2010
http://controverses.hypotheses.org/

 

Un marchŽ cachŽ sous la ville

 

LI Huanqing, Doctorante en Economie et Management de lĠEnvironnement, EPFL

DŽbut de thse

E-mail : huanqing.li@epfl.ch

 

ABSTRACT :

La ville est un moteur de croissance Žconomique, elle est aussi un consommateur principal dĠespace et dĠautre ressource naturelle comme lĠeau, lĠŽnergie et les matŽriaux de construction. Les forces du marchŽ jouent un r™le indispensable pour le dŽveloppement et la transformation urbaine. Mais lĠindustrialisation des villes a produit les cožts externes hors marchŽ qui causent les inefficacitŽs, comme la pollution, la congestion et la pŽnurie des ressources, qui sont incompatible avec le principe du dŽveloppement durable. A part des solutions dĠinternalisation de ces cožts avec une taxe, pourquoi pas se rŽorienter ˆ un autre degrŽ de libertŽ sous la ville ? LĠenvironnement de lĠespace souterrain urbain possde une dimension suffisante pour construire nombreuse infrastructures et constructions, il accueillit des lignes de mŽtros, des parkings, des entrep™ts, des centres de loisirs, etc. Les effets sur le marchŽ: 1) augmenter la surface disponible et faire baisser le prix du sol, ce qui permet de rŽduire les prix et loyers des biens et services, et permet dĠimplanter de nouvelles activitŽs dans les espaces publiques; 2) diminuer les cožts externes par gŽnŽrer moins de bruits et par Žmettre moins de gaz carbonique en exploitant Žconomiquement la gŽothermie propre, ce qui permet dĠamŽliorer lĠefficacitŽ sociale; 3) mais les cožts de production (construction et exploitation) pourraient tre moindres ou plus ŽlevŽs en dŽplaant les activitŽs en sous-sol. Pour former une ville compacte et efficace, intŽgration de ce marchŽ cachŽ sous la ville devient essentielle.

 

1.      Introduction

Urbanisation a provoquŽ nombreux problmes: la congestion des transports et des b‰timents en surface; la pŽnurie des ressources naturelles comme eau potable, Žnergie fossile et matŽriaux de la construction; la pollution causŽe par activitŽs Žconomiques qui aggravent le changement climatique. La ville est bien sžr le centre de production du profit, mais tous ces maux urbains accompagnŽs des cožts externes la freinent dĠatteindre un niveau de production optimal en terme de profit social. Au sein de nos univers politiques et Žconomiques, diffŽrentes interventions de la part de lĠautoritŽ sont effectuŽes contre ces freinages urbains : rŽglementations pour protŽger les ressources naturelles et interdire les surexploitations ; rŽglementations dans les zones ˆ b‰tir par police des constructions ; incitations financires par imposer les taxes de pollutions ou par offrir des subventions dĠexplore lĠŽnergie propre. Ces actions publiques comme Ç software È soutenant le territoire nŽcessite une complŽmentation avec les mesures comme Ç hardware È, par exemple, infrastructures innovants ou nouvel arrangement de ces infrastructures existantes.

Depuis le 19me sicle, avancements de la technologie pŽntrent du ciel au sous-sol, symbolisŽs par lĠexcavation mŽcanique dans les mŽtros urbains, les parkings, les systmes utilitaires du service public (transportation des eaux, des Žnergies et des tŽlŽcommunications) et aussi dans les stockages importants. LĠespace souterrain est devenue une troisime dimension fonctionnel pour la ville, qui a permit une rŽnovation et restructuration des tissues urbains, en offrant des avantages comme : libŽrer les surface en placer les fonctions urbains en sous-sol, Žconomiser lĠŽnergie fossile en changer la mode de transport en mŽtro souterrain et accŽlŽrer la mobilitŽ urbains, et rŽduire lĠŽmission de gaz carbonique en diminuer les utilisations de voitures et en exploiter la gŽothermie comme Žnergie renouvelable.

Au fur ˆ mesure, lĠespace souterrain accueil aussi nombreuse fonctions comme rŽseau du passage piŽton, salle de spectacle, cinŽma, centre commercial, centre sportive et loisir, etc. Avancements des techniques architecturales ont permit dĠadapter la qualitŽ physique intŽrieure de ces espaces au besoin humain. Par consŽquent, il est devenu aussi une troisime dimension de lĠespace de vie pour la ville.

En 1933, lĠarchitecte et urbaniste franais Edouard Utudjian a crŽŽ une expertise en Ç Urbanisme Souterrain È (PICCON 1959), qui a dŽfinit que lĠespace souterrain est une partie importante de la ville, qui nŽcessite une prolongement souterrain dans le plan dĠamŽnagement des villes. Cette proposition est aboutie jusquĠau maintenant par le nouveau SchŽma Directeur dĠIle-de-France, qui va faire Žmerger lĠespace souterrain dans lĠensemble des amŽnagements (Jilliane Pollark 2010). En suisse, le concept Deep City (gestion durable des ressources sous-sol pour le dŽveloppement durable urbain) dŽveloppŽ par Prof. Aurle Parriaux (Parriaux 2010) est aussi mis en consultation pour lĠintŽgrer dans la nouvelle loi de lĠamŽnagement du territoire, afin de mieux gŽrer les exploitations entre les espaces souterrains, des eaux souterrains, des matŽriaux excavŽs et la gŽothermie. Les mŽtropoles mondiales comme Tokyo, Helsinki, MontrŽal sont dŽjˆ trs expŽrimentŽes en termes de la planification de lĠespace souterrain urbain, pour sĠadapter aux surfaces limitŽes ou aux climats sŽvres. LĠutilisation rationnelle de lĠespace souterrain est une solution obligatoire contre Žtalement urbain et une stratŽgie pour la densification urbaine.

Maintenant, il est Žvident de poser ces sujets : Quels effets peuvent tre provoquŽ pour les entrepreneurs et la collectivitŽ pendant cette transformation en trois dimensions ? Quelles implications Žconomiques peuvent tre soulevŽes sur le marchŽ en exploitant le sous-sol urbain ? Quels stratŽgies et instruments doivent tre considŽrŽs pour que le dŽveloppement souterrain urbain soit optimal et durable ?

 

2.      Transformation urbaine en trois dimensions

Le besoin ou la tendance de construire une ville durable ou des quartiers durables dans le monde entier, appelle un rŽ-engineering urbain par une nouvelle rgle dĠaffectation des sols. On a dŽjˆ limitŽ lĠexpansion des zones ˆ b‰tir (ZAB) pour protŽger les zones agricultures et les Žcosystmes, par exemple en Suisse. Mais avec la croissance dŽmographique des grandes villes, toutes les fonctions urbaines et services publiques doivent tre garanties voir amŽliorŽes. On fait appel ˆ la troisime dimension sous la ville pour construire les infrastructures nŽcessaires sans rŽduire les bŽnŽfices sociales. Voici quelques exemples de la transformation urbaine en 3D:

-General Report Direct and Indirect Advantages.jpgProjet du mŽtro urbain: CĠest une infrastructure commue dans les mŽtropolitains, surtout pour ceux qui planifient les zones urbaines par Transport-Oriented Development (TOD). Le choix dĠalignement du rail entre la surface et le souterrain est dŽcidŽ diffŽremment parmi les autoritŽs, basŽ sur diffŽrents critres en analyse cožt-bŽnŽfice (ITA 2004). La politique de transport durable dans une ville dense doit sĠappuyer sur les offres multimodales : mobilitŽ rapide par les rails souterrains et mobilitŽ douce en surface (vŽlo, marche, etc.). La construction du mŽtro offre Žgalement une opportunitŽ de crŽer les rŽseaux de passage piŽton sous les quartiers chargŽs, facilitant lĠaccessibilitŽ entre le dessus et le dessous. Ce type du projet fait souvent parti du plan dĠamŽnagement urbain pour long-terme, correspondant au niveau du dŽveloppement Žconomique.

Place Jean-Paul-Riopelle

(ClŽment Demers 2003)

 

 
Projet du parking souterrain: Les parcs de stationnement de vŽhicules occupent une proportion considŽrable dans la ville dense. Ces parkings en surface gŽnrent externalitŽs nŽgatives directes et indirectes comme dŽgrader la qualitŽ spatiale ou encourager lĠusage des voitures. LĠenterrement du stockage de vŽhicule libre la surface, en faveur dĠamŽnager des espaces publiques, ce qui est un des buts dans le projet dĠurbanisme en cours ˆ Genve (Casa 2010). Les urbanistes souterrains ont proposŽ une obligation de mettre les parkings en souterrain pour valoriser les villes dense.

Projet du centre commercial souterrain: Urbanisme commercial est aussi une illustration parlante pour la contribution du sous-sol au dŽveloppement durable urbain : Ç selon lĠAdeme, un hypermarchŽ de pŽriphŽrie en surface, o on fait les courses en voiture une fois par semaine, fait consommer cinquante ˆ soixante fois plus de carburant (et Žmette soixante dois plus de pollution), quĠune supŽrette de centre ville alimentŽe deux fois par semaine par camion È (DRON 2006). Encourager ˆ mettre les commerces dans le centre ville para”t Žconomiser ŽnormŽment de lĠŽnergie, mais il faut mieux aussi les enterrer afin de libŽrer les espaces piŽtons dans une ville trs dense. Dans un projet du quartier Saint-Quentin-en-Yvelines (DRAUSSIN 2006), les urbanistes ont rŽalisŽ un plan des Žtages superposŽs : Žtage -2 accueille les parkings, Žtage -1 accueille les commerces, surface du quartier est laissŽ pour de lĠespaces publique et de lĠespace b‰ti (logement, bureauxÉ). Comment lĠapparence extŽrieure des hypermarchŽs nĠa pas de valeur urbaine, sans faade, sans animation en soi, il est raisonnable de les enterrer pour crŽer les nouveaux commerces contemporains, aussi pour rŽcupŽrer le niveau du terrain naturel.

Pour rŽaliser la transformation urbaine en 3D, par quels mŽcanismes les urbanistes imposent telle dŽcision dĠenterrement aux constructeurs? Est-ce que les promoteurs privŽs ont telles sensibilitŽ ou motivation pour prŽserver la qualitŽ spatiale ?

 

3.      Les implications Žconomiques pour lĠamŽnagement souterrain

LibŽrer la surface : comme dŽmontrer prŽcŽdemment, le projet dĠutiliser davantage lĠespace souterrain libre la surface urbaine, et augmente la surface disponible. LĠoffre supplŽmentaire du sol dans le marchŽ permet de baiser le prix de la surface disponible, cet abaissement du prix du sol est favorable ˆ lĠimplantation de nouvelles activitŽs comme parc publique, qui permet de rŽduire les loyers des biens et services qui utilisent la surface. En plus, il indique que le cožt dĠopportunitŽ causŽ par les amŽnagements non directement productifs tel que le parc publique sera rŽduit.

RŽduire les effets externes nŽgatifs: les activitŽs exercŽes dans le sous-sol gŽnrent moins de nuisances environnementales : le transport en souterrain comme le mŽtro est efficace ŽnergŽtique et il contribue ˆ la rŽduction des gaz carbonique ; lĠexploitation de la gŽothermie lors de la construction souterraine permet de rŽduire la consommation ŽnergŽtique du chauffage et du refroidissement pendant lĠopŽration des b‰timents ; lĠisolation physique des ouvrages souterrains permet dĠinstaller les activitŽs au tour des environs bruyants (ex. proche de voie de train) et il contribue ˆ lĠexploitation efficace du terrain; le dŽplacement des infrastructures vers le dessous permet de protŽger les terrains permŽables en surface, qui contribue aux infiltrations dĠeau et au recharge des eaux souterraines ; lĠenterrement des b‰timents au tour des paysages permet de protŽger la vue ou lĠensoleillement, qui contribue ˆ la qualitŽ de vie. Tous ces arguments prouvent que la planification de lĠespace souterrain offre une solution pour rŽduire les cožts externes du dŽveloppement urbain en fournissant nombreux bŽnŽfices urbanistiques.

Cožt – BŽnŽfice : une Žtude rŽalisŽ dans le cadre du projet Deep City (Parriaux 2010) a montrŽ que le cožt de construction en sous-sol est plus ŽlevŽ que en surface, mais la consommation ŽnergŽtique est moine ŽlevŽe pendant le cycle de vie du b‰timent. Pour justifier les cožts globaux pris en compte des bŽnŽfices urbanistiques, une estimation comprŽhensive sera la prochaine Žtape du projet Deep City (projet en cours de lĠautrice).

Enrichir le sol urbanisŽ : quand les promoteurs sĠaperoivent les nouvelles possibilitŽs dĠexploiter les terrains en double volets (surface et profondeur), un dŽveloppement multifonctionnel sera une nouvelle perspective pour les projets dĠurbanisme. Mais cela nŽcessite une politique ouverte qui fixe un schŽma directeur pour lĠamŽnagement du territoire en trois dimensions.

DĠaprs S. Barles : Ç Il nĠexiste pas encore un marchŽ de lĠimmobilier souterrain, mais la raretŽ de lĠespace peut en gŽnŽrer un ˆ court ou moyen terme È (Barles 1995). LĠespace souterrain nĠest pas illimitŽ, il mŽrite une exploitation optimisŽ. Cet enjeu appelle une gouvernance pour Žviter la surexploitation (ex. souterrain peu profond) dans lĠoptique dĠune intensification de son utilisation.

 

4.      Conclusion

Comment faire Žmerger ce marchŽ de lĠimmobilier souterrain en faveur de la ville durable ? On a posŽ ce sujet ˆ ce jour pour justifier la contribution de sous-sol urbain ˆ la restructuration urbaine, avec le point de vue Žconomique et politique.

Droit de propriŽtŽ est toujours mal dŽfini pour la propriŽtŽ trŽfoncire. Les principes implantations souterraines (gŽnŽralement des Žquipements publiques) ont ŽtŽ rŽalisŽ sous le domaine publique (Barles 1995). Les villes japonaises ont des expŽriences de passer plus de dix ans afin dĠaccomplir lĠacquisition du terrain pour rŽaliser un mŽtro (Miyake 1993). Les conflits dĠexpropriation trŽfoncire entrainent souvent de la confrontation des domanialitŽs publique et privŽe. Dans les cadastres urbains, la dimension souterraine est souvent ignorŽe ˆ cause de la mal connaissance de son utilisation. Comment peut-on affecter le sous-sol au niveau optimal sans limiter la propriŽtŽ privŽe ˆ la profondeur?

Incitation pour les promoteurs privŽs de construire en sous-sol vient souvent du fait quĠil existe une pression foncire et quĠil y a des intŽrts dÔenterrer les ouvrages sans rŽduire les profits. CĠest le cas au Japon et plus en plus dans les grandes villes en Chine. CĠest essentiel de justifier la viabilitŽ Žconomique des alternatives avec lĠespace souterrain, particulirement le ratio cožt/rentabilitŽ. Comment peut-on constater la rentabilitŽ indirecte dĠun amŽnagement souterrain de qualitŽ pour convaincre les acteurs privŽs de contribuer Žventuellement ˆ celui-ci ?

Gouvernance multiple entre les autoritŽs, les maitres dĠouvrages, les services publics, les lŽgislations et les urbanistes permet dĠune dŽcision globale et comprŽhensive. Les outils dĠamŽnagement doivent tre exercŽs aux projets du dŽveloppement ˆ long-terme avec une rŽflexion holistique en urbanisme. Comment peut-on amŽliorer les connaissances en espace souterrain parmi des gouverneurs et les aider dans le dŽveloppement territorial en trois dimensions?

 

 

 

 

 

 

 

 

5.      RŽfŽrence :

Barles, S. (1995). L'urbansime Souterrain. Paris.

                 

Casa, F. D. (2010). "Pour un urbanisme interstitiel." TRACES(21 Juillet).

                 

DRAUSSIN, Y. (2006). Table ronde 2 - l'espace urbain. Ville durable - quelle contribution du sous-sol ?

                 

DRON, D. (2006). Qu'est-ce que l'effet de serre? . Ville durable: quelle contribution du sous-sol?

                 

ITA, W. G.-. (2004). Underground or aboveground? Making the choice for urban mass transit systems. A report by the International Tunnelling Association (ITA). Prepared by Working Group Number 13 (WG13). ÔDirect and indirect advantages of underground structuresĠ. 19: 3–28.

                 

Jilliane Pollark, M. T. (2010). L'Žmergence de l'espace souterrain. DŽcideurs d'Ile-de-France. Paris. 1007: 8.

                 

Miyake, N. (1993). "Utilization of underground spaces in urban areas: Urban geo-grid plan." Engineering Geology 35(3-4): 175-181.

                 

Parriaux Aurle, et al. (2010). Rapport de recherche PNR 54 Projet Deep City Ressources du sous-sol et dŽveloppement durable des espaces urbains. Lausanne.

                 

PICCON, M. A.-P. (1959). Urbanisme souterrain et pouvoir de police. 3me congrŽs international des techniques et de l'urbanisme souterrains, Bruxelles.