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Communication dans un congrès Année : 2009

Une science politique parmi d'autres : la science politique française dans la structuration d'un champ international (1947–1970)

Résumé

The European constitutional process had legitimization as much as legal purposes. The underlying objective was to intensify political, social and cultural interactions in order to reinforce a European community and to promote the emergence of a European public space. As a result, the « European constitution » was rejected and everything which was supposed to make the EU look too much like a state has been suppressed. However, foudamental questions at the origins of the constitutional debate have still to find an answer. Three fields will be particularly investigated : communicative dynamics around Europe ; the conflicts to redefine the idioms of power ; the articulation of national and European identities. 1/ Communicative dynamics around Europe The effects of European integration on belongings and allegiances have to be assessed. Studies may deal with media (analysis of content or of information production and reception) ; transnational sociability (professional, associative, family networks...) ; incorporation of supranational references in domestic policies, roles, discourses or symbolic settings. 2/ The conflicts to redefine the idioms of power The production of a European « We » is a work in progress in some policies historically at the heart of national sovereignties. Meanwhile, national specificities are strongly defended, even when the rule of the expert, the judge or the statistician is supposed to rationalize political decision and public action. Numerous examples may be taken in various sectors of European governance 3/ The articulation of national and European identities The constitutional process has reactivated the debate on the articulation of national and European identities, the historical heritage of Europe and the possibilities and dangers of a European common memory. The religious dimension has been salient in these controversies.
Le processus constitutionnel européen visait à doter l'Union européenne d'une charte fondamentale qui ne s'avérait pas nécessaire sur le plan du droit. L'objectif s'énonçait avant tout en termes de légitimation de l'ordre politique communautaire. Il s'agissait d'intensifier les interactions politiques, sociales et culturelles de nature à cimenter une communauté politique et à développer un espace public européen, tout en faisant émerger des valeurs communes et en produisant un texte fort qui puisse devenir un point d'identification pour les citoyens. Finalement, la « constitution européenne » a été refusée, tant pour des raisons conjoncturelles que par opposition au spectre d'une fédéralisation de l'UE, au transfert d'allégeances du national au supranational qu'elle postulait ou à son contenu en matière de politique économique et sociale. Le retour de balancier a même conduit à revenir sur tout ce qui pouvait faire ressembler l'UE à un Etat en gestation. Les questions qui ont présidé à l'ouverture de cette phase particulièrement vive du débat sur la nature, les modalités et le devenir de l'intégration européenne restent plus que jamais d'actualité après son échec. En cette année 2009 qui est celle d'élections européennes, de la désignation de nouvelles figures d'incarnation (présidents du conseil européen et de la commission, haut représentant pour les affaires étrangères et la politique de sécurité) et de l'entrée en vigueur programmée du traité de Lisbonne, quelle communauté politique voit-on se construire à l'échelle de cette Europe sans constitution ? Des réponses peuvent être cherchées par l'analyse de différents terrains sur lesquels la science politique francophone a livré des travaux originaux ces dernières années, centrés notamment sur la question de la légitimation : les dynamiques communicationnelles autour de l'Europe ; l'actualisation conflictuelle des registres de justification de la domination ; l'articulation de la nation et de l'Europe. 1/ Les dynamiques communicationnelles autour de l'Europe L'hypothèse d'une intensification de la circulation des personnes, des idées et des modes d'action peut être défendue avec une certaine vraisemblance, mais les résultats en termes de production d'un sentiment d'appartenance et d'une allégeance à l'UE restent à déterminer. Les études portant sur les médias (analyse de contenu ou des modes de production et de réception de l'information) ou la sociabilité transnationale dans les réseaux sociaux (professionnels, scolaires, associatifs, culturels, familiaux...) peuvent apporter des éclairages utiles. Il faut aussi prendre en compte l'incorporation de références empruntées à Bruxelles ou aux autres Etats membres dans les processus domestiques de construction du sens : le discours politique ; la mise en scène des rôles politiques et sociaux ; l'usage des symboles (notamment de l'euro). 2/ L'actualisation conflictuelle des registres de justification de la domination L'européanisation de l'action publique ne renvoie pas seulement à des transferts de compétences vers Bruxelles et à l'évolution des référentiels par coopération et mimétisme entre Etats membres jusque dans les politiques les plus régaliennes. On assiste aussi à la production d'une image du « tout européen », simultanément à la défense des spécificités nationales, à travers les idiomes de pouvoir contemporains : le discours d'expertise ; la codification de la norme juridique ; la statistique. Au-delà du postulat de rationalisation de la domination, de nombreux exemples peuvent être donnés de la permanence des conflits d'intérêts et d'identités à l'œuvre dans les techniques de la « gouvernance européenne » que sont le « nouveau management public », la comitologie, le « benchmarking », les enquêtes d'opinion et de valeurs, etc. 3/ L'articulation de la nation et de l'Europe Le processus constitutionnel et les élargissements de 2004 et 2007 ont relancé la réflexion sur les notions d'histoire et de mémoire européennes, leurs instrumentalisations politiques et leurs articulations avec les histoires/mémoires nationales. La confrontation au vécu des pays ayant expérimenté le communisme a ramené l'UE aux difficultés de raconter et d'assumer son passé, notamment lors de commémorations officielles (comme lors du cinquantenaire du traité de Rome). La dimension religieuse a été particulièrement saillante du fait de différents facteurs qui constituent autant d'axes à explorer : l'intégration de nouveaux Etats membres moins sécularisées ; la candidature turque ; la controverse sur l'héritage chrétien de l'Europe ; la formulation d'une alternative supposée en matière de politique extérieure entre « choc des civilisations » et « dialogue entre les cultures » ; l'opposition entre les visions américaine et européenne de l'ordre mondial selon l'importance donnée aux lignes de fracture confessionnelles.
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Dates et versions

halshs-00512148, version 1 (27-08-2010)

Identifiants

  • HAL Id : halshs-00512148 , version 1

Citer

Olivier Costa, François Foret. Une science politique parmi d'autres : la science politique française dans la structuration d'un champ international (1947–1970). 10e Congrès de l'AFSP, section thématique 1 : L'Europe sans Constitution : quelle communauté politique en construction ?, Association française de science politique, Sep 2009, Grenoble, France. ⟨halshs-00512148⟩
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Dernière date de mise à jour le 20/04/2024
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