. Peu-décalées, un tel regroupement est attesté dès la fin du XI e siècle, comme l'a prouvé Jean-Paul Cazes 54 Dans la Gascogne de Benoît Cursente en revanche, entre le milieu du XI e et le milieu du XII e n'est fondé qu'un petit nombre de castelnaux sur l'initiative comtale ou épiscopale, la grande vague des créations ne date là que du XIII e siècle 55 Si l'on met à part l'aire aquitaine marquée par un certain retard, dans le Midi du début du XII e siècle le castrum-château s'est mué en castrumvillage fortifié. Non seulement le château est devenue la résidence du seigneur 56 (étant entendu le seigneur le plus proche ; les grands barons qui détenaient des multitudes de castra ne les occupaient que périodiquement, au gré des perceptions d'albergues), mais aussi la population rurale a élu domicile, de gré ou de force, à l'intérieur d'une seconde enceinte qui enserre le castlar ou capcastel. Cette muraille collective peut n'être constituée que par les murs jointifs et aveugles des maisons des habitants. Les exemples de Peyriac en Minervois ou de Vias en Agadès sont à cet égard éclairants ; ils ne datent, il est vrai, que des années 1140 57 . D'autres modalités de regroupement de la population dans des villages ont été mises en lumière par les recherches les plus récentes, villages ecclésiaux, villages à maisons ; mais le modèle du village castral semble dominer tout le Midi méditerranéen, Ce n'est qu'en remontant le Rhône, en descendant la Garonne ou en grimpant dans les montagnes que les autres formes viennent nuancer quelque peu l'omniprésence de l'incastellamento 58

«. Cursente, . Castra, and . Castelnaux-dans-le-midi-de-la-france, XI e -XV e s.) », Flaran 1. Châteaux et peuplements en Europe occidentale du X e au XVIII e siècles, pp.31-55, 1980.

. Le-point-sur, Cursente : « Les villages et paysages du Midi médiéval en recherche, Habitats et territoires du Sud Les villages dans l'empire et le monde byzantin (V e -XV e siècle), J. Lefort, C. Morrisson et J.-P. Sodini éd, pp.15-29, 1971.

«. Bonnassie, C. Les, . Duhamel-amado, and . Genèse?, Sur les milites et la chevalerie : G. Duby, « La diffusion du titre chevaleresque sur le versant méditerranéen de la Chrétienté latine, La noblesse au Moyen Age, XI e -XV e . Essais à la mémoire de Robert Boutruche, pp.53-57, 1976.

. Barthélemy, La mutation de l'an mil a-t-elle eu lieu ? Servage et chevalerie dans la France des X e et XI e siècles, p.806, 1997.

. Duhamel-amado and . Genèse?, Adobare : A. Germain, Cartulaire des Guilhem de Montpellier, Liber Instrumentorum Memorialium, pp.319-1884

. Dominée-par-la-personnalité-du-duc, 1096-c.1147), dont il ne reste malheureusement aucun vers 64 Une autre production littéraire en langue occitane se détache en cette fin de XI e siècle, il s'agit de la Chanson de sainte Foy Conçue vers les années 1060- 1070, elle fut vraisemblablement l'oeuvre d'un aristocrate lettré, passé par l'école abbatiale de Conques, écrivant dans une langue rouergate, et composant peut-être pour un public béarnais ?dont les clercs du prieuré de Sainte-Foy de Morlaas Le poète retrace la vie de sainte Foy, jeune fille agenaise martyrisée sous Dioclétien, pour la muer en drame féodal : d'une certaine ampleur (593 octosyllabes) et d'une inspiration vigoureuse, cette Chanson surclasse les premières productions littéraires en langue vulgaire et rappelle fortement celle de Roland 65 . La chanson de Roland, venons-y, mais aussi le cycle de Guillaume d'Orange : les premiers textes conservés sont rédigés en langue d'oïl et paraissent appartenir en propre à la littérature épique française, bien loin de nos contrées méridionales. Rita Lejeune, Jean-Claude Dinguirard et Robert Lafont ont émis l'hypothèse, séduisante et bien étayée, d'une antériorité occitane de ces productions épiques. Un premier Roland occitan a pu être chanté dans les cours méridionales du XI e siècle, un indice en est la célèbre note marginale du manuscrit de San Millan de la Cogolla, datée d'environ 1054-1076, Il est suivi de peu par Eble II de Ventadour La circulation du texte a pu être assurée par les réseaux clunisiens en Espagne du Nord et par la grande route de pèlerinage de Saint- Jacques 66 . Un signe probant de l'existence de cette proto-épopée et de sa connaissance dans les cours du Languedoc est le nom de ce couple de frères découvert par Claudie Amado dans la famille des seigneurs de Cabrières en Biterrois, appelés Olivier et Roland, et cités dans un acte de 1091 67 . Une chanson de geste relatant les hauts faits de Guillaume d'Orange circulait aussi dans le Midi avant 1122-1130

C. Brunel-lobrichon and . Duhamel-amado, Au temps des troubadours, Paris, 1997 ; avec la bibliographie antérieure, à laquelle il faut ajouter : P. Bec, Le comte de Poitiers, premier troubadour : à l'aube d'un verbe et d'une érotique Foulon, « Une conscience profane à l'aube du XII e siècle ? Guillaume IX d'Aquitaine », Guerriers et moines. Conversion et sainteté aristocratiques dans l'Occident médiéval, pp.503-535, 2002.

L. Lafont and R. Geste-de, et « Pour rendre à l'oc et aux Normands leur dû : genèse et premier développement de l'art épique gallo-roman », Cahiers de Civilisation médiévale, pp.139-178, 1991.

. Chastang and . Lire, Le travail des rédacteurs de cartulaires en Bas-Languedoc (XI e -XIII e siècles, pp.170-184, 2001.