ai sujet de me plaindre : Vous savez si jamais j'ai voulu vous contraindre, Et si plus de cent fois je n'ai pas protesté De laisser à vos voeux leur pleine liberté ,
est pas fondée, et la jeune fille rassure l'amoureux abusé en lui réexprimant ses sentiments, dans les termes mêmes qu'il utilisait : « toute autre amitié me paraîtrait un crime » (v. 1068). Le mariage qu'annonce ce témoignage réciproque d'amitié, est présenté par la pièce comme une excellente et solide solution conjugale ,
oeuvre, la situation d'incertitude qui est la sienne. Tel Chrysalde , il évoque la puissance du sort : « J'ignore pour quel sort mon astre m'a fait naître, p.319 ,
D'un lieu commun malicieux du fonds antifémi- 32 Ibid, p.191 ,
Chrysalde glisse ainsi à un dernier argument, autrement provocateur : le cocuage, selon lui, « a ses plaisirs » (v.1305) Le raisonnement va de soi : une femme légère est infidèle ; c'est une femme de plaisir, donc apte à nous donner du plaisir. Inversement, une femme ennemie des plaisirs n'est peut-être pas une si grande aubaine pour celui à qui elle reste fidèle, sans aucun faux-pas. Il faudrait, à cet égard rappeler Rabelais ? référence explicite de la pièce 35 ? et la réponse de Frère Jean à Panurge ,
Répétant d'abord, sous la forme d'un refrain, que « cocuage n'est point un mal », le conteur, entraîné par son sujet, conclut en forme : « cocuage est un bien » 37 . Mais ce qu'un conte gaillard en vers peut soutenir sans porter à conséquence, devient plus scabreux, si on l'expose comme une thèse. Voltaire en faisait la remarque à son ami Helvétius, à partir des mêmes références : Il y a des choses que tout le monde sait, et qu'il ne faut jamais dire, à moins qu'on ne les dise en plaisantant. Il est permis à La Fontaine de dire que cocuage n'est point un mal, mais il n'est pas permis à un, p.38 ,
Chrysalde est bel et bien désavoué par le discours pédagogique de la pièce, par l'éloge de l'amour comme " grand maître ,
ère scène de la pièce : « À ce bel argument, à ce discours profond, / Ce que Pantagruel à Panurge répond./ Pressez-moi de me joindre à femme autre que sotte ; / Prêchez, patrocinez jusqu'à la Pentecôte,/ Vous serez ébahi, quand vous serez au bout, / Que vous ne m'aurez rien persuadé du tout, pp.28-521, 1962. ,
Correspondance générale d'Helvétius, University of Toronto romance series, p.290 ,