. Le-recours-À-la, Le sosie fait l'épreuve du pouvoir comme pur signe : il n'est le chef que par le regard des autres ? regard relayé et amplifié par les médias qui valident l'intox. Être télégénique, c'est être un chef, et être un chef, c'est être télégénique : la média-dépendance de l'autorité est une tautologie, de John McLaughlin à Larry King en passant par Schwarzenegger, toutes les vraies stars des talk shows américains sont là, comme pour attester la confusion entre message (politique) et médium (télévisuel)

C. Foster-kane-vient-de-mourir and . Lui-son-Énigme, Les médias s'emballent, cherchant en vain à couvrir l'histoire d'un homme trop complexe pour tenir dans un gros titre

. Personnage-tentaculaire, Kane appartient à tous et à personne Chacun se l'approprie, mais chaque fragment de vérité brouille la vue d'ensemble. La surexposition médiatique du chef ne le donne pas à voir : elle le dissimule dans une cacophonie caléidoscopique, où il n'apparaît qu'en négatif, figure repoussoir permettant à chacun de se définir (pour les grands patrons, c'est « un communiste », pour les syndicalistes, c'est « un fasciste », pour les libéraux « un grand démocrate », etc.). Le chef n'est qu'une image mise à la disposition des intérêts et des idéologies, sorte d'aimant magnétisant les haines et les appétits, Cette image, comme les plans pour lesquels Welles invente une impossible profondeur de champ, est une image à double fond. La médiatisation fabrique du mystère, 1979.

L. Colonel-kurtz, R. Du, and . Kagemusha, et mène avec une armée de fanatiques des opérations d'une terrifiante sauvagerie. Pour l'atteindre, Willard devra remonter l'interminable fleuve, et sortir du temps de l'histoire. Voyage au pays des morts, sa quête l'arrache à la communauté des hommes et au réel pour le plonger dans le symbolique, au-delà du politique. À son arrivée devant l'antre du colonel, un reporter illuminé (Dennis Hopper) nous enseigne que l'éloignement du chef est ontologique : on ne parle pas au « grand homme », on ne le photographie pas, on ne le juge pas comme un homme ordinaire. Plus tard, la voix d'outretombe d'un Brando confondu à l'ombre évoquera l'incommensurable liberté de celui qui se serait affranchi de toutes les opinions, la sienne comprise. Cette liberté, c'est celle du dieu qui s'est séparé des hommes, que Willard est chargé d'exécuter par les services secrets militaires en pleine guerre du Vietnam Akira Kurosawa, 1980.

L. Dans-le-japon-du-xvi-e-siècle, . Cote, and . De-la, Mais ce que demande Shingen avant de mourir est inhabituel : que sa mort soit tenue secrète et qu'un double occupe sa place trois années durant, afin d'éviter qu'une guerre de succession ne brise l'unité du clan Par chance, on trouve un sosie parfait, mais c'est un vaurien ? cabot, voleur et rustre ? qu'il faut donc dresser. Commence alors l'initiation d'un homme à la fonction d'ombre du guerrier. Il ne prend pas son rôle très au sérieux, jusqu'au moment où, croyant avoir mis la main sur un magot, il brise l'urne qui renferme la dépouille de Shingen. Face au mort qui le regarde et lui ressemble, le sosie est pris d'effroi. Première étape d'une lente métamorphose, qui le verra basculer dans un monde de plus en plus fantomatique. Poursuivi par le spectre du seigneur jusque dans ses rêves (que Kurosawa dépeint dans une séquence d'une beauté époustouflante, Kagemusha devient cet autre qui le hante. Véritablement habité, le double s'avère alors plus digne de la fonction de chef que le propre fils de Shingen. Il sera malheureusement démasqué, puis chassé, et assistera impuissant au retour du chaos sur le clan, 1980.

. Dans-la-guerre-des-Étoiles, cette part dia-bolique qui divise chaque homme et pousse les peuples à se détruire Le premier personnage de la saga à incarner cette pulsion de mort est Palpatine : successivement sénateur, chancelier suprême et empereur, il est l'initiateur du vaste complot provoquant la chute de la République, et surtout celui qui entraîne Anakin Skywalker, alias Dark Vador, du côté obscur de la force. Dans cet épisode, chacune de ses interventions est une apparition (spectrale et technologique) : le centre de gravité de l'Empire est toujours hors champ, inaccessible. Son relais dans l'action, c'est Dark Vador, devenu l'une des figures les plus légendaires du cinéma Masque de fer sans visage, on ne peut le voir, car c'est lui qui voit et qui tue par son regard. Non parce qu'il serait un monstre ou un alien, mais parce qu'il est au contraire l'autre côté du même. Vérité du chef qui se révèle encore une fois dans une séquence onirique, lorsque Luke Skywalker rêve qu'il coupe la tête de Dark Vador, pour s'apercevoir, trop tard, qu'il a ses propres traits, SEQUENCE, vol.24, 2003.