Gefühl und Freiheit in politischer Hinsicht. Einige Überlegungen zu Humboldt, Constant, Schleiermacher und ihrem Verhältnis zum Liberalismus
Résumé
Il s'agit d'interroger le rapport de la pensée de Schleiermacher à la tradition libérale. Si l'on distingue en effet une réponse libérale aux événements de la Révolution francaise, qui met l'accent sur les droits subjectifs et leurs garanties, dans quelle mesure cette pensée trouve-t-elle un écho chez Schleiermacher, qui défend vigoureusement, notamment dans les Discours sur la religion de 1799, l'autonomie de la religion par rapport à la politique? Pour répondre à cette question, je cherche à reconstruire un type-idéal de la théorie libérale à partir de l'Essai sur les limites de l'Etat de Wilhelm von Humboldt (1792) et des Principes de politique de Benjamin Constant (1806), deux ouvrages qui ont contribué à définir la doctrine libérale. Je fais l'hypothèse du rôle fondateur pour cette doctrine de la subjectivité de sentiment, exposée dans leurs chapitres respectifs sur la religion, dont le caractère premier est d'être désintéressée. C'est à partir d'elle que les libertés d'opinion, de croyance et de recherche scientifique (selon les trois modes de l'assentiment thématisés par Kant) trouvent leur légitimité. Or la subjectivité de sentiment occupe une place centrale chez Schleiermacher, chez lequel on rencontre également la revendication de la liberté de la recherche et de la croyance. Autrement dit, la structure profonde de la doctrine libérale, qui articule une pensée de l'individualité et une philosophie de la subjectivité, est présente chez Schleiermacher. Pourtant, l'examen de la Staatslehre, des textes pédagogiques, et surtout de leur fondement commun dans l'Ethique tendent à relativiser la portée du libéralisme de Schleiermacher. La tension éthique entre la doctrine de la vertu et la doctrine des devoirs me permet pas en effet à mon sens de dégager des garanties pour les droits individuels. En particulier, le concept de Gesinnung laisse l'Etat intervenir sur la formation des esprits et des caractères d'une facon qui empiète fortement sur le „sanctuaire“ de la sphère privée. La synthèse harmonieuse visée par l'Ethique de Schleiermacher ne se traduit pas dans une politique consistante, pour autant que la politique doit le plus souvent arbitrer des conflits d'intérêts réels. En négligeant les garanties juridiques des droits individuels, il renonce à traduire concrètement ses aspirations libérales.
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