L'ethnicité reconsidérée : éclairages sud-est asiatiques. Introduction
Résumé
Building on Southeast Asian examples, this series argues in favour of a dynamic and relational approach of ethnicity, which breaks with the simplifying opposition between relations of meaning and power struggles, as well as with the shortcomings of the primordialist and instrumentalist theories. Contrary to these paradigms, the various contributions presented here assume that ethnicity, to be understood as series of interethnic processes, partly systematized in their ideational and relational dimensions, can be: 1) either an end in itself or a means to achieve other ends; 2) that the manipulation of shared symbols and concepts, related to cultural interfaces, is frequently associated with it; 3) that the ends pursued by the interacting groups are not necessarily in competition; 4) that ethnicity is a process of constantly renewed compromises between cultural dispositions and unprecedented situations; 5) that collective mobilizations and competitions may oppose segments or fractions of the society, as much as a whole society against its neighbours.
À partir d'exemples relatifs à l'Asie du Sud-est, cette série propose une approche dynamique et relationnelle de l'ethnicité qui rompt avec la dualité simplificatrice entre rapports de sens et de pouvoir, ainsi qu'avec les limites des théories primordialistes et instrumentalistes. À l'encontre de ces paradigmes, les contributions ici réunies montrent que l'ethnicité, à comprendre comme séries de processus interethniques partiellement systématisés sur le plan idéel et relationnel, peut être : 1) une fin en soi aussi bien qu'un moyen de satisfaire d'autres objectifs ; 2) que la manipulation de symboles ou de concepts partagés, procédant de ce qu'il convient d'appeler des interfaces culturelles, peut être très souvent à son principe ; 3) que les fins que poursuivent les groupes en contact ne sont pas nécessairement concurrentes ; 4) que l'ethnicité procède de compromis renouvelés sur la base de dispositions et de faits de conjoncture ; 5) enfin, que les mobilisations collectives et la compétition peuvent opposer des segments ou fractions de la société tout autant que celle-ci, prise dans son ensemble, face à ses voisins.