, Ici se concrétise l'idée essentielle de « gens ensemble » permettant de passer de l'état sauvage, qui « veut dire rester conscient des choses », à l'état artiste, spécifié par l'acte de « prendre la parole pour les gens ». La parole est bien au centre d'un telle culture de la révolte: « Si il y a un truc qui est hyperimportant pour moi, c'est la parole ». Une parole enfin investie dans l'espace urbain et Marseille tout particulièrement, ville de l'Humain par excellence: « J'adore Marseille. Marseille a un nombre de quartiers incroyable, une manière de vivre dans chaque quartier, ça se ressemble pas, c'est ce qui fait la précarité soi-dAnnent à Marseille, mais en même temps, moi je me sens en phase avec cette ville. Elle est complètement un système, une mer de contradictions, de problèmes sociaux, Puis un goût prononcé pour la foule des manifestations, des fêtes, des spectacles de rue

. Ainsi, un tel vécu de la parole et des objets. A partir du concept de « trafic d'acteurs et d'engins » issu de l'expérience de Générik Vapeur, Cathy définit donc le théâtre de rue comme un espace où il s'agit d' « essayer d'ouvrir les évidences », de « gagner de l'ouverture, de l'espace pour les gens », en faisant bouger les choses, en les révélant, les inventant, les déplaçant, les modifiant, etc. Tout son activité artistique peut se résumer dans sa formule: « OK essayons de penser, de penser les espaces de vie ». Cependant, au terme du processus dont elle nous a décrit l'ultime théorisation, Cathy nous fait part d'un certain désenchantement: « Je suis très déçue maintenant, c'est nouveau, Cathy ne peut dissocier sa volonté de traduire sa conscience des choses, dans la prise de parole pour les gens, du « rapport à l'urbain, vol.35

. Finalement, Processus cyclique que l'humain subit le temps d'une vie, mais que chaque génération a le devoir de réenclencher, me semble-t-il. L'aveu de Cathy n'enlève donc rien à l'actualité de sa révolte traduit dans une création continuée. Tout revient, selon ses propres termes, à « faire énormément d'ambulatoire », à « jouer en ambulatoire » 36 en permanence à partir d'un lieu certes fixe, mais pris dans une dynamique de l'Humain sans pareil, la ville de Marseille. Dans de ce lieu plus qu'ailleurs, « rester conscient des choses » s'avère relativement aisé: « Marseille, c'est l'endroit où tu as toutes les minorités, où tu as tout le Monde, les gens, donc au niveau culture humaine, je pense que cette ville, elle est parfaite pour rester conscient de tous les problèmes sans avoir énormément d'effort à faire » Fort de l'expérience marseillaise, l'ambulance porte Cathy, Pierre, et les autres artistes de Générik Vapeur, à parler des choses avec les gens et en leur nom, en les inventant, les déplaçant, voire même les rêvant. Une telle parole ambulatoire permet ainsi de « rouvrir la ville », de « rendre la ville aux gens ». Le rôle médiateur de cette compagnie du théâtre de rue s'affirme donc clairement à travers un tel processus réfléchi : « Maintenant c'est à travers Générik-Vapeur que je peux

, Un seul terme peut en fin de compte caractériser le processus décrit par Cathy, l'inclusion, qu'elle revendique comme telle (« Bon voilà un récit de vie complétement, comment on appelle ça ?, en inclusion, en inclusion » ), et de façon ostentatoire face à des chercheurs qui enquêtent sur les acteurs du champ de l'exclusion. Enfin, plus que de la tradition de mai 68, l'ambulance ainsi décrite se rapproche de la tradition civique des "missionnaires patriotes" marseillais de 1792, c'est-à-dire du temps de Marseille républicaine 37 . Ici, comme pendant la Révolution française

. Certes, de la réunion du « peuple en masse » au mot d'ordre « tous ensemble », deux siècles se sont passés. Mais la persistance de l'action ambulante

, La presse parle des « spectacles déambulatoires » de Générik Vapeur

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