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Article dans une revue Bibliothèque d'Humanisme et Renaissance Année : 2007

Erasme et le(s) latin(s)

Résumé

Was Erasmus wrong to write only in Latin? Christine Bénévent shows that Erasmus was particularly aware of the need of adapting to the public, whether through the use of Latin as an eventual universal language, or through translation into the vernacular. This position explains Erasmus's opposition of Latin and vernacular languages, and explains why he used two “Latins”: one, simple, easily translatable, and intended for a wider circulation; the other, more complex and meant for initiates. This solution, however, met with two pitfalls: Erasmus had no control over translations of his works, while his adversaries polemicized in the vernacular, increasing their effectiveness. Even though this shows that they were able to adapt to their public, Erasmus could count on his main public's mastery of both Latin and a vernacular language. Indeed, Erasmus used the literary history, rhetoric, grammar and precision of Latin to seize that which, in the world and himself, may otherwise have eluded him.
Erasme a-t-il eu tort de n'écrire qu'en latin ? Pour apporter de nouveaux éléments de réponse à cette question amplement débattue, j'entends montrer tout d'abord qu'Erasme a placé au centre de sa réflexion la question de l'adaptation au public, ce qui justifierait un retour au latin si celui-ci s'imposait comme langue universelle, ou une traduction dans les diverses langues vernaculaires si ce n'était pas le cas. L'instabilité qu'implique cette position explique pourquoi l'opposition établie entre latin et langues vernaculaires est, chez lui, tantôt statique (le latin, langue des savants, contre les langues vernaculaires pratiquées par le peuple), tantôt dynamique (l'apprentissage du latin peut être accessible à tous). Elle explique aussi, selon moi, pourquoi Erasme a en fait pratiqué au moins deux « latin(s) » : le premier, simple et accessible, facile à traduire, sera utilisé dans les oeuvres de vulgarisation, destinées à circuler ; l'autre, complexe et exigeant, restera réservé aux initiés. Cette solution fondée sur un clivage se heurte néanmoins à deux écueils : d'une part Erasme n'a pas la maîtrise des traductions qui sont faites de ses oeuvres, d'autre part ses adversaires ne se plient pas aux règles de son jeu, et mènent des polémiques normalement réservées aux initiés en langue vulgaire, ce qui accentue terriblement leur efficacité. Si c'est la preuve qu'ils ont su, de fait, s'adapter à leur public, le choix d'Erasme se justifie lui aussi dans la mesure où il pouvait compter sur son public premier, qui maîtrisait à la fois le latin et une langue vernaculaire, pour se faire le relais de ses écrits. Quant au latin, pourvu, à la différence des vernaculaires, d'une histoire littéraire ancienne, d'une rhétorique, d'une grammaire, d'un vocabulaire précis, c'est bien à travers lui qu'Érasme pouvait espérer ressaisir tout ce qui, dans le monde et en lui-même, risquait de lui échapper.
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Dates et versions

halshs-00385523, version 1 (19-05-2009)

Identifiants

  • HAL Id : halshs-00385523 , version 1

Citer

Christine Benevent. Erasme et le(s) latin(s). Bibliothèque d'Humanisme et Renaissance, 2007, LXIX (3), pp.627-644. ⟨halshs-00385523⟩
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Dernière date de mise à jour le 20/04/2024
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