L'univers des élections professionnelles. Travail et société au crible des urnes
Résumé
Cette étude sur les élections professionnelles en France a pour projet de défricher un domaine qui paraît constituer, tant pour les intéressés que pour les chercheurs, un véritable maquis. Elle montre, d'abord, comment la pratique d'élections professionnelles s'appuie sur une longue tradition des métiers et s'est développée, à l'époque contemporaine, comme mécanisme de pacification sociale et même d'intégration (à travers la désignation de conseillers prud'hommes puis de délégués ouvriers devant favoriser la « rencontre » et le dialogue entre classes sociales).
La recherche souligne également les connections avec l'histoire du suffrage politique (les techniques du vote professionnel ayant constitué un laboratoire d'expérimentation pour les élections politiques, notamment pour éviter la fraude). Puis l'analyse devient thématique, se portant tour à tour sur les élections des comités d'entreprise (avec la question spécifique du recensement de leurs résultats mais aussi de l'évolution des relations sociales qu'ils reflètent), celles des conseils de prud'hommes, celles des organismes de la Sécurité sociale. Cela conduit à souligner aussi un changement de nature du syndicalisme (dont les militants ont naturellement investi cette arène électorale), ce dernier évoluant vers un modèle plus institutionnel, légitimé par le vote (mais les progrès de l'abstention tendent également à remettre en cause cette légitimité).
La recherche souligne également les connections avec l'histoire du suffrage politique (les techniques du vote professionnel ayant constitué un laboratoire d'expérimentation pour les élections politiques, notamment pour éviter la fraude). Puis l'analyse devient thématique, se portant tour à tour sur les élections des comités d'entreprise (avec la question spécifique du recensement de leurs résultats mais aussi de l'évolution des relations sociales qu'ils reflètent), celles des conseils de prud'hommes, celles des organismes de la Sécurité sociale. Cela conduit à souligner aussi un changement de nature du syndicalisme (dont les militants ont naturellement investi cette arène électorale), ce dernier évoluant vers un modèle plus institutionnel, légitimé par le vote (mais les progrès de l'abstention tendent également à remettre en cause cette légitimité).