Les postures microsociales, enjeu et moteur actuels d'une bonne gouvernance ? Conflits autour du loup et du sanglier dans les Alpes françaises. - HAL-SHS - Sciences de l'Homme et de la Société Accéder directement au contenu
Chapitre D'ouvrage Année : 2011

Les postures microsociales, enjeu et moteur actuels d'une bonne gouvernance ? Conflits autour du loup et du sanglier dans les Alpes françaises.

Coralie Mounet

Résumé

A partir de la question des animaux "à problème" et de leur gestion, il s'agit, pour reprendre les termes d'A. Micoud et M. Peroni (2000), de s'interroger sur " ce qui nous relie " à l'heure actuelle. Les conflits et les controverses autour de la gestion du loup et celle du sanglier sont particulièrement propices à l'étude des nouvelles formes d'associations d'acteurs, de regroupements d'acteurs (B. Latour, 2006). Dans une démarche interdisciplinaire, des outils conceptuels géographiques mais également sociologiques (de la traduction, des organisations et de l'environnement) ont été mobilisés et combinés pour analyser ces conflits. L'étude des postures des acteurs " enrôlés " montre que ces animaux agissent comme de véritables actants non humains (au sens de M. Callon, 1986) ou opérateurs socio-spatiaux (au sens de M. Lussault, 2007), impulsant des regroupements inédits d'acteurs au sein de mêmes camps. Par les dégâts qu'ils occasionnent aux biens agricoles, ces animaux opposent en effet leurs partisans, qui se positionnent en faveur de leur protection ou leur gestion conservatrice, et leurs détracteurs, qui souhaitent l'éradication ou une forte régulation de ces animaux. Ces regroupements d'acteurs constituent des innovations sociales. Mais la récurrence de telles postures sur les différents territoires étudiés nous a amené à les considérer comme des innovations stabilisées, représentant en quelque sorte une " pré-structuration " (Friedberg, 1993) des conflits : nous les avons désignées sous le terme de postures " macrosociales ". De plus, l'adoption d'un niveau d'analyse plus " micro ", c'est-à-dire d'un regard microgéographique, permet de mettre en lumière des innovations sociales, spécifiques à chaque territoire étudié : des associations originales d'acteurs, créant des scissions au sein même des camps sont visibles. Ces postures spécifiques aux territoires ont alors été dénommées des postures " microsociales ".
A travers la comparaison de ces deux cas particuliers, transparaissent des processus similaires dans la structuration des conflits. Ces points de convergence nous semblent être la clef de compréhension et de résolution de tels conflits.
1. L'action des acteurs est définie à la fois selon des postures macrosociales mais aussi selon des postures microsociales. En fonction de la scène dans laquelle ils interviennent, ils adoptent des logiques différentes : en ce sens, ce sont des logiques d'action et non des logiques d'acteurs qui régissent leurs postures. Or, de la tension entre macrosocial et microsocial, découlent des situations plus ou moins conflictuelles.
2. Mais derrière ce couple, se dessine une double identité : une identité de groupe, liée à un regroupement d'acteur, et une identité territoriale, liée à une scène où des relations interpersonnelles sont en jeu. Autrement dit, les acteurs oscillent entre un stéréotype macrosocial auxquels ils se rattachent et leur expérience personnelle, leur apprentissage commun avec des protagonistes d'une même scène.
3. Si la gestion publique des problèmes engendrés par le loup et le sanglier répond relativement bien aux attentes macrosociales des acteurs, il nous semble que les enjeux actuels d'une bonne gouvernance se situent dans la compréhension des postures microsociales et dans la réponse aux attentes des acteurs qui en découlent. Or, ces attentes diffèrent des postures macrosociales : elles relèvent de la reconnaissance des difficultés de chacun et sont également dictées par ce que nous avons désigné comme des " rationalités affectives ". Ces attentes sont notamment satisfaites, dans les territoires étudiés, par des systèmes de " don/contre-don ", dans lesquels la reconnaissance de l'altérité est implicite.
L'étude des territoires présentant un bon "vivre ensemble" met en lumière le rôle prépondérant d'un médiateur. Grâce à la traduction (au sens de M. Callon, 1986) que ce dernier fait du problème, le conflit générique laisse place à un problème de "vivre ensemble" local.
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Dates et versions

halshs-00379362 , version 1 (28-04-2009)
halshs-00379362 , version 2 (26-03-2013)

Identifiants

  • HAL Id : halshs-00379362 , version 2

Citer

Coralie Mounet. Les postures microsociales, enjeu et moteur actuels d'une bonne gouvernance ? Conflits autour du loup et du sanglier dans les Alpes françaises.. Philippe Hamman et Jean-Yves Causer. Ville, environnement et transactions démocratiques. Hommage au Professeur Maurice Blanc, PIE Peter Lang., pp.197 - 208, 2011, Ecopolis. ⟨halshs-00379362v2⟩
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