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Article Dans Une Revue Laboratoire italien. Politique et société Année : 2008

Quand un Italien pensait le monde : géosophie, géoprophétie et géopolitique chez Tommaso Campanella

Résumé

La nécessaire prise en compte de la succession des espaces - et de leurs spécificité - a, chez Campanella, des effets analogues à la succession des moments chez Machiavel : la géographie fait des coordonnées spatio-temporelles la mesure des façons de faire (on se rappellera la théorie du riscontro chez Machiavel). C’est ce qui explique la différence progressive qui se fait jour dans les statuts des territoires et des continents avec une opposition entre la solution qui prévaut pour l’Europe (une fédération de royaumes sous hégémonie militaire française et sous direction pontificale) et celle qui est pensée pour l’Amérique et l’Asie (un immense empire catholique ibérique au caractère missionnaire exacerbé). Le régime de la guerre de conquête, du pouvoir direct et de l’expansion territoriale n’a de sens que dans ce second cas. Toutefois, les péchés des hommes restent les mêmes dans les deux cas comme le montrent les analogies explicites établies entre l’action des Espagnols au Nouveau Monde et aux Pays-Bas (une analogie qui se retrouve fréquemment dans ma propagande réformée mais qui est plutôt rare en terre catholique) : dans les deux cas les Rois catholiques se comportent comme des occupants qui détruisent et saccagent, non comme des Rois légitimes justes et pieux. En définitive, la première permanence, la plus forte des déterminations et des conditions de possibilité de l’agir humain, ne relève pas ainsi chez Campanella de la géographie des territoires mais tout à la fois de l’inéluctabilité du dessein divin et de la radicale préservation de la liberté de l’individu. La World History campanellienne dans sa radicalité unitaire même en vient ainsi à constituer paradoxalement un rappel utile de l’impossible unité politique du Monde et de la permanence des conflits et des forces centrifuges : l’apprentissage de l’histoire comme géographie est un apprentissage de l’histoire comme conflit, un éloge de l’enchaînement des événements (comme signes du destin collectif – i.e. du dessein divin - et comme heurts des destinées individuelles –i. e. de l’expression de la liberté humaine) et non une illustration de la longue durée et de la stabilité des territoires.
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halshs-00358649 , version 1 (29-12-2015)

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Jean-Louis Fournel. Quand un Italien pensait le monde : géosophie, géoprophétie et géopolitique chez Tommaso Campanella. Laboratoire italien. Politique et société, 2008, 8, pp.145-162. ⟨10.4000/laboratoireitalien.72⟩. ⟨halshs-00358649⟩
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