Les mobilisations politiques à référent islamique - HAL-SHS - Sciences de l'Homme et de la Société Accéder directement au contenu
Chapitre D'ouvrage Année : 2006

Les mobilisations politiques à référent islamique

Résumé

Ce chapitre traite de ce que le sens commun appelle généralement l'« islam politique » ou l'« islamisme », c'est-à-dire de l'utilisation en politique, dans les enceintes nationales arabes ou dans l'arène Nord/Sud, des ressources mobilisatrices de la religion et de la culture musulmane. Il propose d'abord une série d'hypothèses sur la matrice identitaire de ces ressources et les perceptions réciproques de ceux qui les emploient et de leurs interlocuteurs « laïques » (1) puis une chronologie raisonnée de la mobilisation islamiste (2). Il évoque ensuite l'assise sociale de la mobilisation les modes d'action de ses acteurs ou de leurs relations avec les dynamiques de libéralisation politique et de modernisation sociale (4) .
Tout au long de ce chapitre, nous proposons de distinguer de façon aussi systématique que possible deux processus et donc deux niveaux d'analyse : d'une part, les raisons pour lesquelles des acteurs politiques ont recours à un lexique ou un vocabulaire empruntés de façon privilégiée voire exclusive et ostentatoire à la culture musulmane; d'autre part, les usages extrêmement diversifiés que ces mêmes acteurs font de ce lexique sur la scène internationale ou dans les enceintes nationales, et les variables qui contribuent à affecter leurs choix.
Pour répondre au premier de nos deux questionnements, nous faisons primer la variable identitaire au service d'une matrice explicative unique : le retour du « parler musulman » serait le produit d'une affirmation réactive de sociétés ayant subi des formes d'acculturation liées à l'expansion coloniale occidentale. En réponse à la question de l'impact que produit l'usage du référentiel islamique sur ses adeptes, nous nous attachons en revanche à souligner que la plasticité du « parler » musulman autorise en réalité une grande variété d'« agir » et donc une multitude d'attitudes ou de comportements politiques. L'hypothèse que nous défendons ainsi est que la mobilisation islamiste procède moins de l'émergence, socialement territorialisée - d'une idéologie politique, qui conditionnerait ses adeptes à privilégier tel ou tel mode d'action, qu'elle n'est le résultat d'un processus complexe, largement trans-social, de reconnexion entre les marqueurs identitaires de la culture musulmane et l'entier terroir de production des idéologies politiques. Cette hypothèse nous conduit à invalider à terme la catégorie d' « islamisme » en tant qu'elle ne permet pas de rendre compte avec un degré satisfaisant de précision de la diversité des acteurs qu'elle prétend identifier. L'analyse des causalités et des manifestations de l'attachement à un commun lexique musulman doit donc aller de pair avec celle des causalités – le plus souvent profanes – qui expliquent les diverses formes d'utilisation de ce lexique et donc l'examen les diverses dynamiques étatiques, les différents mouvements sociaux ou les différentes mobilisations protestataires dont les islamistes sont les acteurs.
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Origine : Fichiers produits par l'(les) auteur(s)

Dates et versions

halshs-00353185 , version 1 (14-01-2009)

Identifiants

  • HAL Id : halshs-00353185 , version 1

Citer

François Burgat. Les mobilisations politiques à référent islamique. Elisabeth Picard. La politique dans le monde arabe, Armand Colin, pp.79-100, 2006. ⟨halshs-00353185⟩
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