. Zamora-Était and . Au-xiii-e-siècle, celle de la promotion d'un lieu investi par le sacré dans le but d'attirer des habitants vers les zones les moins habitées 77 . S'il est vrai que cette assertion est pertinente pour l'ensemble du Moyen Âge hispanique, il n'en demeure pas moins que ce n'est pas un fait propre au xiii e siècle, bien que la sous-population de la péninsule ait été un phénomène récurrent qui déborde largement cette stricte délimitation chronologique. La conquête de la vallée du Guadalquivir, antérieure de quelques années à l'invention des reliques du chapelain de la Vierge, aggrava incontestablement la tâche des monarques castillans dans leur politique de « repeuplement » 78 Ce défi, bien que pesant à ce moment précis, n'était pourtant pas nouveau. Que don Suero, grand propriétaire foncier dans la vallée du Duero, ait cherché à attirer des colons 79 autour de Zamora pour mettre ses propriétés en valeur est une attitude qui peut aisément se comprendre mais qui ne justifie pas, à elle seule, l'invention des reliques, et donc le voyage du saint entre Tolède et Zamora 80 . À vrai dire, la vallée du Duero n'était pas en cette fin du xiii e siècle la zone la moins peuplée de Castille, bien au contraire. Par ailleurs, sachant que les conditions climatiques ne furent pas plus défavorables à cette période qu'à d'autres moments 81 , il 76 Je remercie le professeur Peter linehan de m'avoir communiqué le texte qu'il a présenté, juristes canonistes hispaniques 76 . L'invention des reliques de saint Ildephonse nous révèle enfin une autre facette non moins intéressante Congrès d'histoire de Zamora, « El cardenal zamorano don Gil Torres y la Iglesia zamorana de su época ». 77. Peter linehan The beginnings of Santa María de Guadalupe and the Direction of fourteenth-century Castile ». J. M. Domínguez moreno, « La leyenda de la Virgen de Guadalupe. I. La traslación, pp.284-305, 1985.

F. Teófilo, . Ruiz, . Expansion, and . Changement-la-conquête-de-séville-et-la-société-castillane, Siglos viii-xx. IV congreso de Estudios medievales, Ávila: Fundación Sánchez-Albornoz 217 : « En una palabra: no sabemos si Castilla y León se despoblaron en el siglo xiii; más bien parece que no fue así. Estoy, en cambio, seguro de que Andalucía no se repobló, por lo menos a los niveles que la región requería. » 79 José Luis martín, « Campesinos vasallos del obispo Suero de Zamora (1254-1286) », Amor, cuestión de señorío y otros estudios zamoranos La politique dite de « deuxième repeuplement » par les monarques castillans et léonais mise en place dans la seconde moitié du xii e siècle est un processus bien connu maintenant, voir Pascual Martínez sopena, « Repoblaciones interiores, villas nuevas de los siglos xii y xiii », Despoblación y colonización? Une telle politique fut poursuivie au xiii e siècle comme le prouve l'abondance des bons fueros prodigués par l'ensemble des propriétaires, laïcs ou religieux, monarques, monastères ou seigneurs, voir Justiniano Rodríguez fernández, Los fueros locales de la provincia de Zamora, Salamanca : Junta de Castilla y León, 1990. 81. Les moyens et les progrès d'une agriculture devenue très technique, presque scientifique , auraient tendance à nous faire oublier la rudesse du climat de la Meseta et la régularité des calamités naturelles qui se sont toujours produites en ces lieux. Par ailleurs, nous savons faudrait considérer la découverte des ossements du saint métropolitain à Zamora comme une « opération » ourdie par don Suero ; mais il ne s'agit là que d'une hypothèse Au cas où elle serait confirmée, l'entreprise prêtée à don Suero dut être concluante dans un premier temps comme le montrent les miracles accomplis par les reliques de l'archevêque et rapportés par frère Gil, Mais il se peut aussi qu'une telle initiative ait été frustrée, et occultée, car estimée comme étant contraire aux intérêts et à la promotion de la cathédrale de Tolède ? l'un des lieux le plus hautement symbolique de l'Hispania ?, c'est-à-dire à la politique voulue et défendue par Sanche IV et María de Molina. C'est ce patronage royal particulièrement vivace, bien plus que la concurrence que ce nouveau pèlerinage aurait pu faire aux centres andalous 82 , qui explique la longue attente avant la nouvelle, et définitive, exhumation des reliques au xv e siècle ; un acte qui fut aussitôt contesté par le primat des Espagnes mais qui ne bénéficia pas, cette fois-ci, de l'appui inconditionnel des Rois Catholiques, eu égard à la farouche résistance des habitants de Zamora 83 qui s'étaient finalement attribué la protection des restes d'un saint qui avait « choisi, pp.1248-1350, 1979.