Du bon usage de la frise dorique. Bramante, Raphaël et les ordres
Résumé
L'examen de la pratique des ordres dans l'œuvre romaine de Bramante, particulièrement dans le cas de la frise dorique, montre que l'architecte a toujours donné la priorité à l'imitation des vestiges réels par rapport au texte de Vitruve. Les solutions apportées au problème de la mise en place des triglyphes et des métopes, qu'il s'agisse du traitement de l'angle ou de la disposition des entablements concentriques du tempietto de S. Pietro in Montorio, montrent une certaine indifférence à la lettre de la syntaxe vitruvienne. En même temps, elles sont révélatrices des hésitations d'une période pendant laquelle l'humanisme «musical» hérité du Quattrocento entre en conflit avec de nouvelles formes architecturales, structurées selon une véritable grammaire. Ces tensions, encore perceptibles dans l'œuvre de Raphaël et dans celle de Giulio Romano, se résolvent dans la mesure où la notion de «règle» doit être relativisée; le système des ordres est alors davantage perçu comme une classification stylistique que comme une doctrine normative.