Art bouddhique et cryptographie dans le Japon du XIIe siècle : le cas du Heike nôkyô - HAL-SHS - Sciences de l'Homme et de la Société Accéder directement au contenu
Chapitre D'ouvrage Année : 2007

Art bouddhique et cryptographie dans le Japon du XIIe siècle : le cas du Heike nôkyô

Résumé

Le Heike nôkyô ou " Sûtra du Lotus offert par la famille des Heike " au sanctuaire d'Itsukushima (12e s.) constitue l'une des œuvres les plus représentatives de ce que l'on appelle les " sûtras ornés " (sôshoku-kyô). Cette pratique, bien attestée dans les textes comme dans les ensembles calligraphiés et enluminés qui nous restent aujourd'hui, porte à son comble une tendance décorative apparue très tôt dans l'histoire de la copie des textes canoniques ou sûtra qui fondent la religion bouddhique. L'adjonction de peintures en tête des différents rouleaux, le recours à une riche polychromie, aux matières précieuses telles que l'or et l'argent, enfin le soin extrême apporté à l'exécution de l'œuvre montrent assez le goût caractéristique de la fin de l'époque de Heian pour des réalisations dont l'offrande cultuelle gratifiait le bénéficiaire de mérites spirituels d'autant plus grands qu'elles étaient plus éblouissantes. Le Heike nôkyô constitue aujourd'hui l'une des nombreuses copies conservées du Sûtra du Lotus de la Loi merveilleuse (Myôhôrenge-kyô ou Hokekyô), ce " roi des sûtras " (kyô-ô) qui fut de loin le plus populaire de tous à cette époque. Composé de trente-trois rouleaux, correspondant aux vingt-huit chapitres ou hon du Lotus auxquels ont été adjoints des textes supplémentaires, il présente en tête de chacun d'entre eux deux peintures, dites de couverture (hyôshi-e) et de frontispice (mikaeshi-e), ainsi que la calligraphie intégrale du chapitre. Or, dans le Heike nôkyô, comme dans d'autres sôshoku-kyô de cette époque, l'écriture est doublement présente : non seulement dans le texte du sûtra qui figure ordonné dans l'espace déterminé à l'intérieur des rouleaux, mais aussi au sein de ce support d'inscription hétérogène que constituent certaines des peintures qui l'agrémentent. Signes iconiques et signes graphiques se combinent alors étroitement pour élaborer un dispositif de signification mixte et pour renvoyer de façon allusive à un référent textuel, directement puisé dans le chapitre du sûtra ou inspiré par celui-ci. Ainsi le frontispice du chapitre 19 (Hosshikudoku-hon), ou " Les Mérites des prêcheurs de la Loi ", présente-t-il des caractères d'écriture cachés, au prix de quelques aménagements formels, dans le dessin des arbres et des rochers du paysage. L'image figure l'apparition du bodhisattva Fugen (Fugen bosatsu) devant un pieux laïc, plongé dans la prière dans une grotte sauvage. Le " texte " fragmentaire a longtemps posé des problèmes de déchiffrage, mais il doit être combiné à la thématique de l'image et renvoie à un poème bouddhique contemporain de la peinture (ko-wasan), récemment découvert dans les collections du Kôzanji de Kyôto. On s'interroge sur la nature des rapports entre texte et image révélés par l'ensemble de ce dispositif.
Fichier non déposé

Dates et versions

halshs-00296616 , version 1 (13-07-2008)

Identifiants

  • HAL Id : halshs-00296616 , version 1

Citer

Claire-Akiko Brisset. Art bouddhique et cryptographie dans le Japon du XIIe siècle : le cas du Heike nôkyô. Marianne SIMON-OIKAWA. L'écriture réinventée. Formes visuelles de l'écrit en Occident et en Extrême-Orient, Les Indes Savantes, pp.11-24, 2007, Etudes japonaises n° 3, 978-2-84654-158-9. ⟨halshs-00296616⟩
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