La présence scripturaire des morts. La diffusion de l'épitaphe à Lyon entre XIIIe et XVIIe siècle.

Anne Béroujon (1)

1 LARHRA - LAboratoire de Recherche Historique Rhône-Alpes - UMR5190

La pratique de l'épitaphe est questionnée dans sa dimension sociale et politique, puisque, comme le rappelle A. Petrucci, " l'apposition d'écrits sur les dépôts funéraires est une pratique des vivants adressée aux vivants, une pratique substantiellement et profondément politique pour célébrer et rappeler la puissance et la présence sociale d'un groupe, d'un corps, d'une famille auxquels le défunt appartenait " (Le scritture ultime, 1995). Qui demande une épitaphe, pour qui (lui et/ou ses proches) ? Dans un contexte urbain de massification de l'écrit, de familiarisation des couches populaires avec ce media (tant dans le for privé que dans le jeu des échanges marchands, dans la sphère judiciaire ou dans les espaces ouverts de la ville), l'épitaphe a-t-elle tendance à se banaliser ? Est-elle, au XVIIe siècle davantage qu'auparavant, l'objet d'une appropriation par un plus grand nombre ? A partir d'une étude des changements formels que connaissent les épitaphes du couvent des Jacobins de Lyon entre XIIIe et XVIIe siècle, cet article montre que si les métiers manuels sont gagnés à la pratique de l'épitaphe, les élites n'entendent pas pour autant se laisser désaissir d'un type d'écriture qu'elles ont fait leur, ce qu'elles le marquent par une série de procédés (latin contre français ; longueur du texte/ brièveté ; pierre dédoublée/ pierre unique ; choix du lieu de l'apposition).

Mots clés: Epitaphe; écriture exposée; stratégies de distinction; choix linguistique

Domaines: Histoire

Anne Béroujon. La présence scripturaire des morts. La diffusion de l'épitaphe à Lyon entre XIIIe et XVIIe siècle.. Chrétiens et Sociétés XVIe - XXe siècles, 2007, 14, pp.33-63. ⟨10.4000/chretienssocietes.271⟩. ⟨halshs-00292972⟩