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Ouvrages Année : 2005

Territoires d'Europe, la différence en partage

Résumé

The continental space is subject to two contradictory trends at the turn of the 21st century : that of the regrouping and integration of territories into wider and more complex entities - of which the ever-spreading European Union is somehow a prototype - , and that of fragmentation into smaller territorial unities, in the name of a specific identity strongly claimed by the inhabitants - as was the case in former Yugoslavia. Hence a dialectical trend meant to overcome differences in the prospect of building a new aggregate identity at a wider level (identity creation), and at the same time a difference-enhancing process whereby once marginal or marginalized differences disintegrate the existing situation in the name of the right to difference. The issue of European identity, through all these territorial questionings, is thus addressed.

The end of the division of the European space in two confronting and impervious blocs was an event, with the meaning assigned to this term by philosopher Paul Ricœur, i.e. bringing about the unexpected and the unknown, and some virtually rich innovations. This event greatly contributed to invigorating questions about difference in general, and that of territories more specifically. The encountering of the two Europes, although becoming commonplace, has made clear that differences generated by 50 years of opposed regimes could not be wiped out. It compels a rethinking of the meaning and status of difference throughout the European experience understood in the widest possible sense.
Meanwhile, the encountering of the two Europes is, for the central-eastern part of it, a time of anchoring to a common achievement: that of the European Union, itself a distinct and prior event bearing no less innovations nor contradictions. This achievement has its roots in the West, in a political will to live together that differs from the way peoples and states used to interact until the middle of the 20th century. The integration it proposes is somehow an ongoing creation, originally based on an undeniably simple idea that has yet progressively turned into a complex and unfinished formation. All fascinations are drawn from this ongoing creation, which hereto has proven effective in the western part of the continent only. This European integration and its outcomes trigger envy from the outside but also fears everywhere, among which the fear of an integration whose high price is to abandon differences and impoverish diversity.
The present work takes ground on the inaugural reach of the event as a remarkable moment of sudden awareness to difference . Far from an unsatisfying rigid approach of differences as once and for all vested upon everyone and somehow territorially graven in marble, this work conjures up the multiple aspects of difference, whose meanings it suggests and whose implications for the future of the continent it tries to explore. A particular attention is drawn to substantiating the dual integration/differentiation process that shapes the European territory in the long run. The purpose of this work therefore consists in re-questioning differences and re-thinking heterogeneous coexistence on European lands. For this reason, the deficit of europeanity and the artificiality of inventing a European identity will not be themes of central interest. Chapters after chapters, it shall be attempted to identify the conspicuous, more or less flexible forms of identification/differentiation that social groups generate. It shall also be examined how these processes are an indication of groups' articulating with other social levels and wider-encompassing spaces. Of particular focus, eventually, will be the differences that prompt interdependence and complementarity-driven linkages capable of overcoming the obstacle of identitarian belonging.
The book is structured in five parts. Part 1 questions the concept of difference and proposes cross-analyses thereof. Part 2 tackles links between places and collective memories in Europe, with the aim of showing how memory of places and places of memory, for they convey identity, produce differences. Drawing from the numerous national and European experiences designed to create, amend and reshape territorial sets of connection, Part 3 deals with the role of these sets of connection as regards processes of spatial differentiation and territorialization. Part 4, again drawing from examples, shows how representations and collective experiences of difference translate into state political projects. Part 5 eventually addresses the role of centrality as an integrating principle of territorial diversities in Europe.

The cross-dialogue upon which the book is deliberately based should not be surprising to the reader, if only disconcerting at times. Difference, diversity, identity, memory and memory are words of common use. Why then not take advantage of the intellectual tools forged by they who - with a broad range of sensitive and intellectual experiences, in various disciplines and within diverse national contexts - have come to think theses terms through and addressed the scope of the common deed to which European countries have agreed or are on the verge of agreeing?
Deux tendances inverses travaillent l'espace continental durant cette période charnière du passage du XXe au XXIe siècle, celle du regroupement de territoires et de leur intégration en entités plus vastes et complexes, dont l'Union européenne rassemblant un nombre croissant d'Etats est un peu le prototype, celle de la fragmentation en unités territoriales plus petites au nom d'une identité spécifique forte que leurs habitants disent partager, comme l'ex -Yougoslavie en a offert l'exemple. Mouvement dialectique donc, de dépassement des différences dans la perspective de construire un niveau plus large de mise en commun inventant une nouvelle identité (participant d'une invention identitaire), et en même temps processus de valorisation d'autres différences jusqu'alors marginales, ou marginalisées qui désintègrent la situation antérieure au nom de la reconnaissance du droit à la différence. A travers ces multiples remises en question territoriales la question de l'identité européenne est de fait posée.
La fin de la partition de l'espace européen en deux blocs antagonistes et étanches a été un événement au sens plein que le philosophe Paul Ricœur donne à ce terme, c'est à dire porteur d'inattendu, d'inconnu et de virtuellement riche d'innovations. Cet événement a fortement contribué à donner une vigueur nouvelle au questionnement sur la différence en général, sur celle des territoires en particulier. Quoiqu'en voie de banalisation, la rencontre des deux Europes fait découvrir que les différences produites par 50 ans de régimes opposés ne pouvaient s'effacer. Elle oblige à repenser le sens et le statut de la différence à travers toute l'expérience européenne prise dans son sens le plus large.
La rencontre des deux Europes est dans le même temps arrimage de l'Europe centre-orientale à une construction commune, celle de l'Union européenne, autre évènement qui l'a précédé et qui est tout aussi porteuse d'innovations et de contradictions. Cette construction a ses racines à l'ouest, dans une volonté politique du vivre ensemble, autrement que n'avaient su le faire jusqu'au milieu du XXe siècle les Etats et les populations. Elle propose un projet d'intégration qui est un peu une création continue, partie certes d'une idée simple mais progressivement devenue une construction complexe et toute inachevée. Elle exerce toutes les fascinations d'une création continue qui n'a fait jusqu'ici ses preuves que dans la partie occidentale du continent. Par ses résultats cette construction européenne suscite envie à l'extérieur et des peurs partout, parmi lesquelles celle de l'intégration dont le prix fort à payer serait celui de l'abandon des différences et d'un appauvrissement de la diversité.
L'ouvrage prend appui sur la portée inaugurale, l'événement, remarquable moment de cette prise de conscience de la différence . Loin de se satisfaire d'une approche figée des différences qui seraient léguées à chacun une fois pour toutes, comme inscrites dans les marbres territoriaux, l'ouvrage évoque les multiple facettes de la différence, il en suggère les significations, et il en explore les implications pour le devenir du continent. Il s'attache en particulier à reconnaître les marques du double processus de différenciation-intégration qui modèle en continu le territoire européen sur le temps long. L'objectif de l'ouvrage est donc de réinterroger les différences et de penser la coexistence hétérogène sur ces terres d'Europe. Le déficit d'européanité et la facticité de l'invention d'une identité européenne n'y sont donc pas des préoccupations centrales. Au fil des chapitres, on s'attache à identifier les formes observables d'identification-différenciation plus ou moins souples qu'engendrent les groupes sociaux. On examine en quoi ces formes témoignent d'une articulation des groupes à d'autres niveaux de société et d'espace plus englobants. On s'intéresse enfin plus particulièrement aux différences porteuses d'interdépendance, de mise en relation par des complémentarités qui contournent ce qui peut être l'obstacle des appartenances identitaires.
L'ouvrage est structuré en cinq parties. La 1e partie interroge le concept de différence et en propose des lectures croisées. La 2e partie traite des rapports des lieux et des mémoires collectives en Europe, cherchant à voir en quoi mémoires des lieux et lieux de mémoires sont producteurs de différences en étant vecteurs d'identité. Partant des nombreuses expériences nationales et européennes en cours pour créer, amender et redessiner des maillages territoriaux, une 3e partie aborde le rôle de ces maillages dans les processus de différenciation spatiale et de territorialisation. Toujours à partir de différents exemples, la 4e partie montre comment les représentations et les expériences collectives de la différence se traduisent dans les projets politiques des Etats. La dernière partie évoque enfin le rôle de la centralité comme principe intégrateur des diversités territoriales en Europe.
L'échange à plusieurs voix autour duquel est volontairement construit l'ouvrage ne devrait pas surprendre le lecteur, tout au plus le dérouter parfois. Différence, diversité, identité, mémoire, territoire sont devenus les mots de tous. Pourquoi se priver des outils de tous ceux qui, porteurs d'une large palette d'expériences intellectuelles et sensibles, dans des disciplines différentes et dans des contextes nationaux variés, ont eu à penser ces termes et se sont interrogés sur la portée du contrat commun dans lequel volontairement les pays européens se sont déjà engagés ou s'apprêtent à le faire ?

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Dates et versions

halshs-00218263, version 1 (25-01-2008)

Identifiants

  • HAL Id : halshs-00218263 , version 1

Citer

Thérèse Saint-Julien. Territoires d'Europe, la différence en partage. Rey V., Saint-Julien Th.,. Lyon, ENS Editions, pp.335, 2005. ⟨halshs-00218263⟩
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Dernière date de mise à jour le 20/04/2024
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