Le jardin comme laboratoire : l' “agriculture expérimentale” des Médicis
Résumé
Développée par Francis Bacon dans ‘La Nouvelle Atlantide', l'image du jardin comme laboratoire, servant de terrain d'expérimentation d'ordre scientifique et technique, trouve des manifestations concrètes à Florence dans le milieu médicéen au cours de la seconde moitié du XVIe siècle, particulièrement avec François Ier de Médicis, « prince soigneux un peu de l'alchimie et des arts mécaniques » selon Montaigne. La mise au point d'automates hydrauliques par le cercle de Buontalenti s'appuie sur la redécouverte des écrits de Héron d'Alexandrie. Avec son réseau de grottes et de fontaines qui, reflétant les différentes théories météorologiques sur la génération des sources et des rivières, opèrent une transposition physique et symbolique de l'hydrographie du territoire toscan, Pratolino constitue une sorte de « mésocosme », un microcosme pouvant servir de modèle réduit pour intervenir sur le macrocosme. On s'attachera surtout aux enjeux concernant les plantes, examinés à partir d'une part de la correspondance entre le grand-duc et le naturaliste bolonais Ulisse Aldrovandi, de l'autre du traité manuscrit du dominicain Agostino Del Riccio, l' ‘Agricoltura sperimentale' (1595-1598). La culture de végétaux rares ou exotiques (‘pellegrini'), notamment importés du Nouveau Monde, dans les jardins médicéens tels que San Marco, non seulement s'inscrit dans la logique de prestige social et politique propre au collectionnisme de ‘naturalia', mais aussi contribue à la fabrication de la figure des Médicis comme « médecins », déjà engagée sous Côme Ier, et participe enfin au mouvement de catalogage du monde naturel entrepris par les savants à l'aide de nouveaux instruments heuristiques : l'illustration scientifique, outil crucial de repérage dans la forêt linguistique des nomenclatures afin de faire se correspondre « les mots et les choses », et les jardins botaniques universitaires, dont le classement indiciel éprouve des procédés inédits de mise en ordre du savoir. Projetant le jardin princier dans un horizon encyclopédique, cette dimension expérimentale traduit ainsi un phénomène majeur de la seconde moitié du XVIe siècle : après l'annexion des lettres et des arts, celle des sciences naturelles, récemment promues à une dignité intellectuelle nouvelle, au profit de la représentation du pouvoir. Mais si le savant s'ingénie alors à décrire et inventorier la ‘varietas' de la nature, le souverain ambitionne quant à lui de la posséder.
Mots clés
botany
encyclopaedism
epistemology
flowers
cultural history
history of garden-related botany
natural history
scientific illustration
Italy
garden
medicine
Medici
plant
Agriculture
Ulisse Aldrovandi
ars memoriae
botanique
Agostino Del Riccio
encyclopédisme
épistémologie
expérimentation
fleurs
Florence
Francesco I de' Medici
Gartenkultur
histoire culturelle
histoire de la botanique appliquée aux jardins
historie naturelle
illustration scientifique
Italie
jardin
médecine
Médicis
nature
plante
Renaissance
représentation
végétal
Loading...