Le paradigme labyrinthique dans l'histoire des jardins. Exemples italiens aux XVe et XVIe siècles, ou du “cosmogramme” au “mésocosme” - HAL Accéder directement au contenu
Communication dans un congrès Année : 2008

Le paradigme labyrinthique dans l'histoire des jardins. Exemples italiens aux XVe et XVIe siècles, ou du “cosmogramme” au “mésocosme”

Résumé

What is the exact nature of the relationship between the labyrinth and the garden? The answer appears to be twofold and calls for a linguistic metaphor: firstly, the labyrinth is very evidently a privileged compositional element, an isolated figure (models are provided by numerous anthologies) which, variously positioned within the syntactic structure, plays a 'syntagmatic' role; secondly in numerous gardens, the labyrinth may be observed to act as a form of spatial generator, thereby assuming a subtler, 'paradigmatic' role. The analysis of these roles necessitates taking into account several factors pertaining to the trajectory of the visitor: the extent to which his movements are erratic or, inversely, the extent to which they are governed by the layout of the paths, by the emplacement of focal points, by a guide, etc. Equally important is the bodily experience, as brought to light by recent studies in garden history which underline the fundamental relationship between the labyrinth and dance lying at the source of the Western archetype. These general considerations underpin the particularities of the labyrinth's place in Italian Renaissance gardens. In the fifteenth century, the labyrinth acquired a rich semantic density, well illustrated by the work of the architect Filarete, who associated it with a map-like image of the world: a “cosmogram”. From the end of the same century and throughout the next, it was common practice to use labyrinths to evoke fictitious places, such as the isle of Cythera or the garden of Hesperides, as may be seen in the garden of Francesco Gonzaga in Rome and in those of Castello and the villa d'Este – a practice which corresponds to the rhetorical notion of 'topothesia'. Finally, in gardens such as Pratolino, the maze denotes the spatial organisation of the garden as a whole: the irregular alleys of the heavily leafed park embroiling the visitor in what may be considered as – to borrow poet Tasso's words – an “abridged world”: a “mesocosm”, intermediate between microcosm and macrocosm.
Quel rapport le labyrinthe entretient-il avec le jardin ? Deux niveaux différents peuvent être distingués selon la terminologie linguistique. Tout d'abord, le labyrinthe se présente à l'évidence comme un motif privilégié dans la composition, un élément unitaire ayant valeur de 'syntagme', dont de nombreux recueils fournissent des modèles et qui se voit diversement distribué dans la syntaxe formelle. Cependant, le labyrinthe se comporte également, de manière plus subtile, comme un principe générateur de la spatialité de nombreux jardins, jouant alors le rôle d'un 'paradigme'. C'est du parcours du visiteur qu'il faut dans ce cas tenir compte, de ses déplacements plus ou moins erratiques que le réseau des circulations, la disposition des points d'attraction, l'accompagnement éventuel d'un guide induisent. L'importance de l'expérience corporelle, sur laquelle certains développements récents de l'histoire des jardins ont attiré l'attention, renvoie à la relation fondamentale du labyrinthe avec la danse, que l'on décèle aux origines de l'archétype dans la culture occidentale. Ces considérations générales aident à examiner la place du labyrinthe dans les jardins italiens de la Renaissance. Au XVe siècle, la forme acquiert une riche densité sémantique, notamment chez l'architecte Filarete, qui l'associe à une image du monde d'ordre cartographique, un « cosmogramme ». Attesté dès la fin du XVe siècle à Rome dans le jardin du cardinal Francesco Gonzaga, l'usage de planter des labyrinthes mais aussi de faire du motif – suivant un principe correspondant à la notion rhétorique de topothésie – l'évocation d'un lieu fictif, tel l'île de Cythère ou le verger des Hespérides, s'observe au XVIe siècle à Castello ou à la villa d'Este. La présence du labyrinthe dénote en outre la complexité de l'organisation spatiale du jardin. À Pratolino par exemple, les visiteurs se perdent parmi les allées irrégulières d'un parc aux épaisses frondaisons, qui semble emprunter au paradigme dédaléen pour mieux représenter un « monde en abrégé » selon l'expression du Tasse, possédant un statut de « mésocosme », intermédiaire entre le microcosme et le macrocosme.
Loading...
Fichier non déposé

Dates et versions

halshs-00167958, version 1 (23-08-2007)

Identifiants

  • HAL Id : halshs-00167958 , version 1

Citer

Hervé Brunon. Le paradigme labyrinthique dans l'histoire des jardins. Exemples italiens aux XVe et XVIe siècles, ou du “cosmogramme” au “mésocosme”. Le Jardin comme labyrinthe du monde. Permanence et métamorphoses d'un imaginaire de la Renaissance à nos jours, May 2007, Paris, France. p. 69-131. ⟨halshs-00167958⟩
365 Consultations
0 Téléchargements
Dernière date de mise à jour le 20/04/2024
comment ces indicateurs sont-ils produits

Partager

Gmail Facebook Twitter LinkedIn Plus