Henri Duveyrier. Un saint-simonien au désert - HAL-SHS - Sciences de l'Homme et de la Société Accéder directement au contenu
Ouvrages Année : 2007

Henri Duveyrier. Un saint-simonien au désert

Dominique Casajus

Résumé

Henri Duveyrier, the explorer of the Sahara, was essentially the man of two books strangely antinomic: the story of an idyllic encounter and, twenty years later, the transcription of a nightmare. Duveyrier was twenty-four years old when he published, in 1864, Les Touareg du Nord, a book written after returning from a three-year trip to the desert. Growing up in the Saint-Simonian milieu, he had broken with his elders without renouncing their ideals of universal brotherhood. But as the colonial conquest was in full swing, the time did not last long for fraternity. Twenty years later, not suspecting how much the Tuaregs were afraid of the French expansion in the Sahara, Duveyrier did not understand why men who had welcomed him so well during his first stay were hostile to travelers venturing into the desert. And he thought to have found the reason: no doubt, they were influenced by the propaganda of the Senoussistes, members of a Muslim brotherhood to which he lent infinite power and malice. He had devoted to the brotherhood some troubled pages in Les Touareg du Nord, but in 1884 it was much more peremptory in a hallucinatory writing: La confrérie musulmane de Sidi Muhammad bin Al-Es-Senousi (The Muslim Brotherhood of Sidi Muhammad bin Al-Es-Senousi). His own destiny has been the same as his two books. The young man who, on May 13, 1859, left the oasis of Biskra for a journey he undertook "out of love for science and to satisfy a great passion for the discoveries of distant lands" did not doubt the promises that life seemed to make him. On April 25, 1892, when he entered the wood of Meudon with a revolver in his pocket, he had had time to learn that life does not always keep its promises. This biography follows Duveyrier in his journey among the Tuaregs, in the writing of Les Touaregs du Nord, then in the sad journey that led him from this first book to the second, then to suicide.
Henri Duveyrier, l'explorateur du Sahara, aura été pour l'essentiel l'homme de deux livres étrangement antinomiques : le récit d'une rencontre idyllique et, vingt ans plus tard, la transcription d'un cauchemar.
Duveyrier avait vingt-quatre ans lorsqu'il publia, en 1864, Les Touareg du Nord, ouvrage écrit au retour d'un voyage de trois ans dans le désert. Grandi dans le sérail saint-simonien, il avait rompu avec ses aînés sans renier leurs idéaux de fraternité universelle. Mais, la conquête coloniale étant en plein essor, l'heure ne resta pas longtemps à la fraternité. Vingt ans après, ne soupçonnant pas combien les Touaregs s'effrayaient de l'expansion française au Sahara, Duveyrier ne comprit pas pourquoi des hommes qui lui avaient fait si bon accueil lors de son premier séjour se montraient hostiles aux voyageurs se risquant dans le désert. Et il pensa en avoir trouvé la raison : pas de doute, ils étaient travaillés par la propagande des Senoussistes, membres d'une confrérie musulmane à laquelle il prêtait une puissance et une malveillance infinies. Il avait consacré à la confrérie quelques pages inquiètes dans Les Touareg du Nord, mais, en 1884, il fut beaucoup plus péremptoire dans un écrit halluciné : La Confrérie musulmane de Sîdi Mohammed ben ‘Alî Es-Senoûsî.
Il en aura été de son destin comme de ses deux livres. Le tout jeune homme qui, le 13 mai 1859, partit de l'oasis de Biskra pour un voyage qu'il entreprenait « par amour pour la science et pour satisfaire une grande passion pour les découvertes des contrées lointaines » ne doutait pas des promesses que la vie semblait alors lui faire. Le 25 avril 1892, quand il s'engagea dans le bois de Meudon un revolver dans la poche, il avait eu le temps d'apprendre que la vie ne tient pas toujours ses promesses.
Cette biographie suit Duveyrier dans son voyage parmi les Touaregs, dans l'écriture des Touareg du Nord, puis dans le triste cheminement qui l'a conduit de ce premier livre au second, puis au suicide.
Ce livre marque une date dans l'élaboration du stéréotype à la lumière duquel les Français ont toujours perçu les Touaregs. Paul Pandolfi a montré en 2001 que, dans ce stéréotype, « l'appréhension des Touaregs ne [s'est jamais effectuée] dans une simple relation à deux termes, dans une relation de face à face entre Nous (= Européens) et les Autres (= Touaregs). Il y a toujours présent [...] un troisième terme, un second “autre” qui permet d'instaurer une relation non pas duelle mais triangulaire » (voir http://alor.univ-montp3.fr/cerce/r2/p.p.htm ; voir aussi, du même auteur, http://alor.univ-montp3.fr/cerce/r7/pl.p.htm). Le second «autre», dans Les Touareg du Nord, c'est l'Arabe, déprécié là où le Touareg est loué ; dans d'autres écrits de l'époque, ce peut être aussi le sédentaire noir. Apparemment bienveillant, ce stéréotype a eu dans un passé récent des effets tragiques pour les Touaregs eux-mêmes.
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Citer

Dominique Casajus. Henri Duveyrier. Un saint-simonien au désert. Ibis Press, 294 p., 2007. ⟨halshs-00138013⟩
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