Les maisons d'enfants de l'UGIF : le centre de Saint-Mandé - HAL-SHS - Sciences de l'Homme et de la Société Accéder directement au contenu
Article Dans Une Revue Le Monde juif. Revue d'histoire de la Shoah Année : 1995

Les maisons d'enfants de l'UGIF : le centre de Saint-Mandé

Jean Laloum
  • Fonction : Auteur
  • PersonId : 831231

Résumé

Le samedi 22 juillet 1944, près d'un mois à peine avant la libération de Paris, les petites pensionnaires de la maison d'enfants située 5, rue Grandville à Saint-Mandé dans le département de la Seine, sont raflées en pleine nuit et conduites avec le personnel d'encadrement, au camp de Drancy. Le commandant du camp, le S.S.-Hauptsturmführer Aloïs Brunner, en uniforme, dirige en personne l'opération d'arrestation. Neuf jours plus tard, les vingt fillettes étaient déportées avec la directrice par le convoi n° 77, en direction du camp d'extermination d'Auschwitz. Une seule d'entre elles est revenue.
Quelques photographies des petites pensionnaires de ce centre nous sont parvenues. L'une d'elles allait devenir un véritable symbole de la barbarie nazie et connaître un destin singulier. Cette photographie représente les vingt fillettes les unes à côté des autres, alignées sur trois rangs, souriantes pour la majorité d'entre elles en posant devant l'objectif. Le document ressemble à s'y méprendre à la traditionnelle photo de classe, si ce n'est – exception de taille –, que chacune d'elles, malgré son sourire, porte cousue sur sa blouse, l'étoile jaune. Dès l'année 1945, cette photographie était publiée dans deux ouvrages. Très rapidement hissée au rang de symbole, elle allait dépasser le cadre de sa seule représentation. Le document restait toujours associé aux fillettes du foyer de Saint-Mandé. Cependant, son utilisation allait progressivement devenir emblématique.
Les ouvrages historiques ayant publié la photographie, abordaient fort succinctement, l'histoire et le sort des enfants de Saint-Mandé. Bien souvent, la légende se révélait imprécise et inexacte. L'image servait en premier lieu à illustrer les mesures vexatoires et d'exclusion dont l'étoile jaune était le symbole, des mesures n'épargnant pas les enfants, et qui conduisaient à l'extermination à laquelle l'enfance était vouée en tout premier lieu.
La photographie, a été très largement utilisée dans les publications, expositions, tant en France qu'à l'étranger. Elle est non seulement représentative du processus d'extermination nazi des populations juives dans la France de Vichy, mais symbolise, plus largement, pour certaines publications, la Shoah, le génocide des Juifs en Europe durant la Seconde Guerre mondiale. La revue consacrée aux Juifs de Hongrie sous les lois antisémites où figurent en couverture les fillettes du centre de Saint-Mandé, illustre l'universalité du symbole. La maison d'enfants s'est ainsi peu à peu trouvée dépossédée de sa propre histoire, au profit d'une image allégorique, vidée de sa signification initiale. C'est pour restituer à cette photographie et par là-même à l'histoire des petites filles de Saint-Mandé, la réalité de leur souvenir, que cette étude a été menée.

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Histoire Sociologie
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Citer

Jean Laloum. Les maisons d'enfants de l'UGIF : le centre de Saint-Mandé. Le Monde juif. Revue d'histoire de la Shoah, 1995, 155, pp.58-109. ⟨halshs-00137041⟩
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