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Autre publication scientifique Année : 2007

Mesurer la performance écologique des villes et des territoires : le métabolisme de Paris et de l'Ile-de-France

Sabine Barles
  • Fonction : Auteur
  • PersonId : 831770

Résumé

L'objectif de ce travail est de caractériser le métabolisme de Paris et de l'Île-de-France, ce d'un point de vue macroscopique grâce à un bilan de matières, en mettant l'accent tant sur les résultats d'une telle démarche que sur les questions méthodologiques qu'elle soulève.
Le choix s'est assez rapidement imposé de la méthode développée par le service de statistique européenne, dont l'adaptation à l'échelle locale pose essentiellement des problèmes de sources (données vieillies ou inexistantes, en particulier pour l'énergie et certains déchets), mais aussi des problèmes d'échelle compte tenu des interactions entre les espaces urbains centraux, les couronnes moins denses, les espaces périurbains et les zones rurales.Il en sort la nécessité d'une approche multi-scalaire, i. e. d'un travail simultané à plusieurs échelles (ici : Paris, l'ensemble Paris et petite couronne, la grande couronne et l'Île-de-France). Il est cependant difficile d'envisager une telle précision pour d'autres agglomérations françaises, où il faudra probablement se contenter des échelles départementales et régionales compte tenu des données existantes. Ceci autorise néanmoins la comparaison. Par ailleurs l'adaptation locale de la méthode a conduit à introduire un nouvel indicateur, TTN (total to nature), permettant de prendre en compte les rejets totaux vers la nature, qu'ils soient locaux ou exportés (ce qui est souvent le cas des déchets solides et eaux usées en milieu urbain).
Les résultats obtenus traduisent, quel que soit le territoire concerné, la très forte pression exercée par les sociétés sur la biosphère, qu'il s'agisse des entrées (matières extraites localement ou importées) ou des rejets vers la nature. Si les premières s'élèvent à 8,8 t/hab/an (Paris) à 11 t/hab/an (Paris et petite couronne) et 12 t/hab/an (Île-de-France), les rejets totaux vers la nature atteignent 5 t/hab/an (Paris, dont exportés) à 5,9 t/hab/an (Paris et petite couronne) et 6,8 t/hab/an (Île-de-France), soit dans tous les cas plus de la moitié des entrées . Par comparaison, le recyclage est très faible : moins de 1 t/hab/an. Bien que la population de la région n'augmente guère, l'addition au stock y est importante : 2,6 t/hab/an pour la région tout entière, mais seulement 1,4 t/hab/an pour Paris et 0,7 t/hab/an par l'ensemble formé par Paris et la petite couronne. Ce dernier indicateur étant néanmoins évalué par soustraction, il cumule les erreurs et doit donc être considéré avec précaution.
Une observation plus minutieuse des matières qui sont importées et consommées montre des différences significatives. On consomme plus de matières alimentaires à Paris qu'ailleurs (en tonnes par habitant) : Paris est un pôle d'emploi et de tourisme et nourrit plus que ses habitants. La capitale constitue donc un gisement de matières organiques. En revanche, on consomme légèrement plus de produits manufacturés en petite couronne : les achats des Parisiens y ont aussi lieu. Enfin, la grande couronne se distingue par l'importance de la consommation de matériaux de construction : 4,8 t/hab/an contre moins de 0,5 t/hab/an à Paris et en petite couronne . L'effet de la périurbanisation est ici patent.
Ces quelques résultats montrent la pertinence de la démarche : le bilan de matières brutes s'avère un outil utile pour caractériser la performance (ou contre performance) écologique des agglomérations et des territoires. Elle s'inscrit dans le champ de l'écologie territoriale, une déclinaison de l'écologie industrielle qui permet la prise en compte des interactions multiples entre les activités urbaines et la biosphère et est à même de contribuer à la gouvernance des flux des matières. Si plusieurs projets de recherche en cours en France et ailleurs abordent ces questions, le chantier de l'écologie territoriale demeure immense
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Dates et versions

halshs-00127874, version 1 (30-01-2007)

Identifiants

  • HAL Id : halshs-00127874 , version 1

Citer

Sabine Barles. Mesurer la performance écologique des villes et des territoires : le métabolisme de Paris et de l'Ile-de-France. 2007. ⟨halshs-00127874⟩
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Dernière date de mise à jour le 12/05/2024
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