Les espaces en marge et en déshérence dans la ville d'aujourd'hui : des trajectoires d'évolution à l'épreuve des politiques urbaines et de la population locale
Résumé
L'objectif de cette communication est de questionner la prise en compte de la friche dans les politiques urbaines. Au delà, elle vise à s'interroger sur la manière dont l'échelle locale et par delà les populations sont intégrées dans les processus de régénération. La perception des friches a évolué d'une vision extrêmement négative à une prise en compte beaucoup plus favorable en tant que ressource foncière disponible. Il n'en reste pas moins qu'au cœur de la problématique se situent une population et un territoire qui subissent directement les conséquences de l'apparition de cet espace en déshérence : revers économiques et sociaux, détérioration de l'environnement urbain et de l'image, marginalisation du site, ...Ces impacts peuvent être d'autant plus exacerbés que le temps d'attente de la friche est plus long. En découle alors une nécessaire intervention des acteurs publics à travers des politiques de régénération. Celles-ci, selon la taille du tènement, associent différents types d'acteurs : collectivités locales, Etat, Union Européenne. Or, alors que, dans une logique concurrentielle, les stratégies d'action sur ce type d'espace se positionnent souvent à une échelle supra-locale, il est nécessaire d'y associer des mesures en faveur de la population locale, et, ce, tout au long de la trajectoire de mutation de la friche (durant son temps de veille et pendant sa phase projet). L'analyse des trajectoires d'évolution des friches interroge ainsi les systèmes d'acteurs en présence, non seulement d'un point de vue social et économique mais aussi en terme de politique publique.
Les cas de la Friche Belle de Mai à Marseille et celui de la plateforme du Flon à Lausanne permettent de confronter sur le terrain ces observations préalables. Ces deux sites traduisent deux positionnements opposés quant à la prise en compte de l'échelle du quartier et mettent en avant l'importance d'un processus de mutation multi-acteurs. La fermeture de la Seita à Marseille a constitué un choc important pour le quartier, autant symboliquement que socialement ou encore économiquement. Or, la régénération culturelle impulsée par la ville en association avec des acteurs culturels, étoffée par l'insertion dans le périmètre d'Euroméditerranée et par la création d'un pôle culturel, s'est faite indépendamment du quartier. Malgré quelques actions ponctuelles des acteurs de la Friche, le manque d'articulation entre les outils disponibles (Euroméditerranée et GPV) et l'absence de mesures d'accompagnement est criant. Au contraire, à Lausanne, malgré le fait que le Flon n'ait pas compté d'habitants pendant fort longtemps, sa mutation traduit l'importance jouée par les acteurs locaux (population lausannoise et locataires du Flon). Sa situation centrale a fait l'objet d'une longue phase conflictuelle entre son propriétaire, privé, et la ville de Lausanne. L'enjeu de la soumission au référendum local a ainsi fait échouer successivement deux projets majeurs de transformation. De cette phase de blocage a découlé une régénération par le bas : installation d'artistes, de petits commerçants, qui ont façonné une nouvelle attractivité au site. Celle ci a non seulement été adoptée par la population mais aussi par le propriétaire et la Ville, qui, tenant compte de cet existant, ont réussi consensuellement à bâtir une nouvelle centralité urbaine.
Les cas de la Friche Belle de Mai à Marseille et celui de la plateforme du Flon à Lausanne permettent de confronter sur le terrain ces observations préalables. Ces deux sites traduisent deux positionnements opposés quant à la prise en compte de l'échelle du quartier et mettent en avant l'importance d'un processus de mutation multi-acteurs. La fermeture de la Seita à Marseille a constitué un choc important pour le quartier, autant symboliquement que socialement ou encore économiquement. Or, la régénération culturelle impulsée par la ville en association avec des acteurs culturels, étoffée par l'insertion dans le périmètre d'Euroméditerranée et par la création d'un pôle culturel, s'est faite indépendamment du quartier. Malgré quelques actions ponctuelles des acteurs de la Friche, le manque d'articulation entre les outils disponibles (Euroméditerranée et GPV) et l'absence de mesures d'accompagnement est criant. Au contraire, à Lausanne, malgré le fait que le Flon n'ait pas compté d'habitants pendant fort longtemps, sa mutation traduit l'importance jouée par les acteurs locaux (population lausannoise et locataires du Flon). Sa situation centrale a fait l'objet d'une longue phase conflictuelle entre son propriétaire, privé, et la ville de Lausanne. L'enjeu de la soumission au référendum local a ainsi fait échouer successivement deux projets majeurs de transformation. De cette phase de blocage a découlé une régénération par le bas : installation d'artistes, de petits commerçants, qui ont façonné une nouvelle attractivité au site. Celle ci a non seulement été adoptée par la population mais aussi par le propriétaire et la Ville, qui, tenant compte de cet existant, ont réussi consensuellement à bâtir une nouvelle centralité urbaine.