La tente dans la solitude - HAL-SHS - Sciences de l'Homme et de la Société Accéder directement au contenu
Ouvrages Année : 1987

La tente dans la solitude

Dominique Casajus
Pertsova Katia
  • Fonction : Auteur

Résumé

The Kel Ferwan Tuareg roam beyond the gates of the old city of Agadez (northern Niger), moving their heavy tents of palm mats. The tent of the Kel Ferwan is held to be a replica of the cosmos : ist circular base is analogous to the earth circle, its spherical form recalls that of the celestial vault, and its four stakes are similar to the four pillars said to uphold the sky at the four corners of the earth. Long ago, God gave this design to the Tuareg, and ever since, their tents, always reconstructed according to this unchanging celestial model, have been passed down from mother to dauthter.
To thent belongs to the wife ; the husband, though he be the tent's " master ", is always but a guest. As soon as a young man begins to grow up, he leaves his mother's tent to pursue an uncertain way of life, sharing makeshift palm mat shelters with his peers. He comes back into a tent only upon marriage, and divorce or widowhood can always return him to the adolescent's precarious position.
At the same time however, the tents which belong to women and to which an entire symbolic system assigns feminin qualities, are organized around men : each camp assembles a man, his sons, his wife and his daughters-in-law. The essential nature of Tuareg social life, the rhythmical unfolding of which is described in this book, is contained within the paradox represented by camps of men living in tents belonging to women.
Read online: http://books.openedition.org/editionsmsh/6143
La tente dans la solitude. La société et les morts chez les Touaregs Kel-Ferwan a été publié en 1987. Le livre est consacré à une évocation des valeurs selon lesquelles s'ordonne une société touarègue sahélienne. Dans cette société de nomades, les tentes appartiennent aux femmes. La jeune épousée vient installer dans le campement de son mari une tente qu'elle a reçue des mains maternelles et revient avec elle dans le campement des siens en cas de divorce ou de veuvage. S'ils passent comme leurs sœurs les années d'enfance dans la tente de leur mère, les garçons la désertent dès qu'ils atteignent la puberté et doivent jusqu'au mariage vivre dans des abris sommaires à l'écart des campements. Un homme retrouve une tente quand il prend épouse, mais il n'habitera jamais la tente de cette étrangère comme il habitait, petit garçon, celle où sa mère lui a donné le jour ; et, serait-il un vieillard considéré, le divorce ou le veuvage le ramène à la position précaire des adolescents qui vont sans tente. Les hommes sont donc en quelque sorte extérieurs à la tente, de laquelle en revanche l'usage et le langage font un domaine féminin.
Tout cela est solennisé par la cérémonie des épousailles, durant laquelle il est rappelé que le mariage est pour l'époux l'entrée dans une tente où il n'est qu'un hôte, tandis qu'il est pour l'épouse le passage sans hiatus de la tente où sa mère l'a élevée à celle dont sa mère lui a fait don. On en trouve également une manière d'écho dans la terminologie de parenté : de même qu'une femme a un statut unique par rapport à la tente, de même elle dispose d'un terme unique pour désigner ses descendants, qui pour elle sont tous des " enfants " ; tandis que pour l'homme, le fait qu'il appelle " neveux " les enfants nés des tentes de ses sœurs répond assez bien au fait que, pour qu'une épouse lui donne des " enfants ", il doit quitter une tente dont ses sœurs au contraire resteront proches.
Plus encore, le voile dont il dissimule son visage - ce voile qu'il prend l'habitude de revêtir à l'époque de sa vie où il s'éloigne de la tente maternelle et qu'il porte au plus haut le jour où les épousailles le font entrer dans une tente étrangère - est aux yeux des Touaregs le signe de son extériorité par rapport à ce domaine féminin qu'est la tente. Cette extériorité l'expose à la malveillance des kel-esuf, " ceux de la solitude ", êtres maléfiques qui errent sans repos aux lisières des espaces habités, et dont on dit qu'ils plongent dans le mutisme ou la déraison ceux qui d'aventure les rencontrent. Il semble que le voile a pour fonction de protéger les hommes de la malveillance de ces êtres, alors que les femmes, en raison de leur affinité avec les tentes, en sont plus naturellement protégées. L'unique occasion où cette protection s'abolit est le déménagement : leurs tentes étant repliées, les femmes retrouvent alors l'espace d'un instant des périls qui pour les hommes sont quotidiens, et doivent s'en garder. Comme pour manifester que le port du voile est le lot d'hommes privés de tentes - ou du moins d'une chaleureuse intimité avec les tentes -, on appelle les femmes " celles des tentes " tandis que leurs compagnons sont appelés " les voiles ".
Plusieurs des illustrations de l'ouvrage sont dues à Katia Pertsova.
Voir le texte en ligne : http://books.openedition.org/editionsmsh/6143

Dates et versions

halshs-00104561 , version 1 (13-10-2006)

Identifiants

Citer

Dominique Casajus, Pertsova Katia. La tente dans la solitude : La société et les morts chez les Touaregs Kel-Ferwan. Maison des Sciences de l'homme/Cambridge University Press, pp.390, 1987, Atelier d'anthropologie sociale, ⟨10.4000/books.editionsmsh.6143⟩. ⟨halshs-00104561⟩
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