Les journalistes accrédités auprès des institutions européennes. Quelques signes du changement dans un monde de travail
Résumé
La salle de presse de la Commission européenne a été, à l'hiver 1998-1999, le lieu de débats et d'affrontements très vifs entre les acteurs qui y interviennent. Des tensions sont aussi apparues entre journalistes. Les uns, souvent en première ligne des investigations sur ces «affaires», critiquaient la routinisation du travail des autres. Ceux-ci arguaient du manque d'intérêt de ces sujets et du risque de voir l'institution se refermer sur elle-même et remettre en cause la confiance établie avec la presse accréditée. Pour l'observateur extérieur tout se passait donc comme si une innovation importante (en l'occurrence un journalisme d'investigation «offensif») était introduite dans un monde stable jusque là, remettant par là-même en cause une partie de son équilibre.
Ces polémiques se sont essentiellement organisées autour de conflits d'interprétation sur la «bonne pratique» du journalisme et sur la morale professionnelle. On ne peut pourtant analyser la pratique journalistique à Bruxelles qu'en opérant un double déplacement par rapport à ce point de vue individualisant. En observant tout d'abord, plutôt que des acteurs isolés, l'évolution de l'interaction entre les journalistes et leur source institutionnelle d'information (interaction que nous appellerons un «monde de travail» ). En quittant d'autre part le domaine des discours de légitimation (ou de délégitimation) des acteurs pour observer qui ils sont et ce qu'ils font dans ce monde de travail. Comme dans d'autres contextes institutionnels , on peut en effet considérer l'accréditation des journalistes auprès des institutions européennes à Bruxelles à la fois comme un mode de délimitation d'un espace professionnel, et comme un mode de coordination des acteurs au sein de cet espace.
Ces polémiques se sont essentiellement organisées autour de conflits d'interprétation sur la «bonne pratique» du journalisme et sur la morale professionnelle. On ne peut pourtant analyser la pratique journalistique à Bruxelles qu'en opérant un double déplacement par rapport à ce point de vue individualisant. En observant tout d'abord, plutôt que des acteurs isolés, l'évolution de l'interaction entre les journalistes et leur source institutionnelle d'information (interaction que nous appellerons un «monde de travail» ). En quittant d'autre part le domaine des discours de légitimation (ou de délégitimation) des acteurs pour observer qui ils sont et ce qu'ils font dans ce monde de travail. Comme dans d'autres contextes institutionnels , on peut en effet considérer l'accréditation des journalistes auprès des institutions européennes à Bruxelles à la fois comme un mode de délimitation d'un espace professionnel, et comme un mode de coordination des acteurs au sein de cet espace.
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