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Communication dans un congrès L'anonymat urbain. Journée d'études de la Société d'ethnologie française (SEF) proposé par le laboratoire d'anthropologie urbaine (LAU CNRS UPR34), Petit auditorium, Musée national des arts et traditions populaires, Paris, 19 avril 1993 Année : 1993

Généalogie de la notion d'anonymat

Résumé

La lecture de textes nécessaires à une thèse sur le fait-divers dans la seconde moitié du 19è siècle est entrée en résonance avec le thème de l'anonymat. Il y a dans ces textes des observations et des descriptions de la rue et de quelques-unes de ses figures : piéton, flâneur, passant, badaud, ainsi que des interprétations dont il semble qu'elles soient abordées pour la première fois. C'est au cours de cette période que s'est formée la notion d'anonymat urbain – notion et non concept –. Le terme apparaît au 16è siècle comme adjectif avec le sens de “qui n'a pas de nom”. Il est appliqué, dans cette acception, aux livres ou aux auteurs jusqu'au 19è siècle ; mais on note, dans les dernières décennies, un glissement de sens qualifiant la médiocrité, le manque d'originalité. Le substantif est attesté chez Littré en 1860, suivi par Larousse avec la définition suivante : “état de ce qui ne porte pas de nom”. L'acception particulière d'anonymat urbain n'apparaît qu'au milieu du 20è siècle, comme s'il comblait un vide. L'anonymat ferait rimer solitude et multitude, alors que Descartes ou Bacon disaient qu'on n'est seul que lorsqu'on veut l'être et donnaient une vision heureuse de l'alternance que permet la ville. Mais déjà au 18è siècle commence à poindre la vision de la foule solitaire, du malheur urbain, dans les rapports de police sur la population flottante des garnis. Une angoisse se fait jour. Avec le début de l'âge industriel et l'arrivée des prolétaires, l'obsession du nombre et du crime, va éclater l'obsession de la foule anonyme. Londres terrifie ; c'est l'atomisation du monde.
Dans un texte d'Engels antérieur à la doctrine marxiste, on voit apparaître tous les thèmes modernes, tous les discours que l'on retrouvera chez les sociologues, avec la hantise de l'individualisme et de l'anomie. C'est en même temps que se constituait la notion avant la lettre qu'apparaissent des textes qui décrivent les rues des villes et leurs passants (Restif de La Bretonne). La définition de l'anonymat est difficile car la connotation en est toujours péjorative. L'esquisse qui est faite ici est donc plus une généalogie de la notion qu'une histoire.
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Citer

Didier Privat. Généalogie de la notion d'anonymat. L'anonymat urbain. Journée d'études de la Société d'ethnologie française (SEF) proposé par le laboratoire d'anthropologie urbaine (LAU CNRS UPR34), Petit auditorium, Musée national des arts et traditions populaires, Paris, 19 avril 1993, Apr 1993, Paris, France. ⟨halshs-00089561⟩
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Dernière date de mise à jour le 20/04/2024
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