L'anonymat ou la pellicule protectrice
Résumé
Jadis on a décrit les villes comme des perles ou des joyaux. Les peintures et les récits des voyageurs ont restitué leur splendeur, évoqué leur animation bruyante. Les historiens ont patiemment reconstitué leur destin, glorieux ou déclinant. Pour un ethnologue comme Leroi-Gourhan les villes constituent l'exemple parfait de l'humanisation de l'espace, organisé autour du Palais et du Temple selon un ordre conforme aux représentations que les peuples se faisaient de l'univers : le symbole de la maîtrise des hommes sur la nature, la matière et le temps. Puis l'âge industriel étant venu brouiller ces visions claires et introduire quelque anarchie, on a parlé des villes tentaculaires, des villes disciplinaires, du carcan engendré par le discours rationalisant des urbanistes. Peu à peu les fresques littéraires et esthétiques se sont effacées devant la sociologie dont l'œuvre prolifère depuis trois décennies, cherchant l'urbain sous son scalpel.