. La-muraille-bouge, Des portails pour changer de races, confessions, classes

L. 'entrée-du-texte-francophone-dans-la-postmodernité, se traduit par la valorisation d'un bilinguisme qui ne s'exprime plus sur le mode du déchirement mais sur celui de l'ouverture du sujet à sa propre altérité. C'est Abdelkebir Khatibi qui, le premier, a découvert en lui la dynamique créatrice du bilinguisme, au point d'en faire la matière même de son oeuvre Refusant le dualisme franco-arabe avec ses clivages et ses frustrations, il a d'abord cherché à déconstruire l'opposition entre les deux cultures en pratiquant la « pensée-autre » et la « double critique » 207 qui imposent une conception rhizomique de l'identité considérée non plus comme une donnée inaltérable du passé mais comme une articulation de traces toujours en devenir. Transposé au plan de la langue d'écriture, le refus du dualisme comme mode d'identification par opposition binaire débouche sur une notion fondamentale dans l'esthétique de Khatibi : celle de « bi-langue ». Entre l'arabe et le français, la bi-langue, comme l'a très bien montré Reda Bensmaïa 208 , ce n'est pas le mélange entropique des deux idiomes mais une langue intervallaire où l'arabe habite le français de manière palimpsestique tout comme le français travaille l'arabe