, Voilà des accents qui, à n'en point douter, rappellent quarante ans plus tard, les réprobations de Caballero

. Les-Écrits-de, José Agustín Caballero ici étudiés témoignent d'une profonde opposition, exprimée cependant avec mesure et discernement, au maintien à Cuba des structures esclavagistes en vigueur, car le conservatisme en la matière est le principal obstacle à ses

, En bon rhétoricien, il lui faut, pour mener à bien ce projet, obtenir l'adhésion des principaux intervenants économiques, qu'il prend garde de ne pas choquer. Sa prudence relève-t-elle donc uniquement des convictions religieuses mises stratégiquement en avant ? Au moment de ses interventions, on n'en était encore qu'au milieu de ce que Pablo Tornero a appelé la « gran aceleración demográfica » qui se produisit entre 1778 et 1817. Conséquence de la chute de la colonie sucrière de Saint-Domingue, la population servile, représentant en 1789 27,2 % de la population totale de Cuba, passa entre 1812-1817 à 41,1 %. Cette croissance, ajoute l'historien, n'aurait pu s'effectuer sans une immigration massive forcée, imposée par la traite négrière 59 . Caballero aurait donc eu matière à revenir sur le sujet. Son silence s'expliquaitil par la prudence évoquée ci-dessus ? Il n'est peut-être pas inutile de se souvenir du caractère audacieux de sa dernière proposition qui consistait non seulement à « régénérer » les travailleurs serviles avant d'en venir à l'abolition de l'esclavage, mais aussi les propriétaires eux-mêmes afin de les préparer aux changements logiques

T. Tinajero and P. , Crecimiento económico y transformaciones sociales. Esclavos, hacendados y comerciantes en la Cuba colonial (1760-1840), op. cit, pp.109-117