, et qui a massivement voté « oui » au référendum sur l'environnement (habitants -en l'occurrence, il s'agit d'habitants pleinement reconnus comme tels, c'est-à-dire d'électeurs), Nous illustrerons ce point à l'aide d'un énoncé d'unification de notre cru : (33) Ce pays

, Rappelons que ces énoncés de Kleiber sont adaptés d'énoncés de Pustejovsky, p.91, 1995.

, Kleiber (1999b) utilise cette seconde traduction

, Il est un cas où différentes valeurs d'un item polysémique peuvent se trouver mobilisées simultanément en un point de la chaîne parlée. C'est le cas de la syllepse de sens. Toutefois, à la différence de ce que l'on observe dans les énoncés (28) et (34), la syllepse est une figure sémantique et, à ce titre, produit toujours un effet particulier

, intérêt et non plus comme un datif d'appartenance. Il se repeint la maison. / Il se repeint sa maison

, On se regarde un film ? / On se fait une bouffe ? Soulignons que la construction réfléchie n'est pas réservée au verbe (se) reboutonner ni au verbe (se) boutonner. Elle semble en particulier très naturelle avec des verbes tels que (se) tacher / (se) faire une tache : Elle s'est tachée / salie. (à rapprocher de : Elle se lave.) citer encore : Il s'est arraché un bouton

, Il s'est mis / glissé une rose à la boutonnière / au revers du veston

, On remarquera cependant qu'aliéner un vêtement que l'on porte implique non seulement de modifier son apparence corporelle, mais aussi de se découvrir ou de se dénuder dans une certaine mesure, ce qui

, Là encore, le recours au possessif paraîtra un peu plus naturel

. C'est, dans ces termes que les locuteurs étrangers aux milieux de la restauration et de l'hôpital interpréteraient spontanément les expressions l, p.et

, Puisque nous savons qu'elle en a écrit plusieurs

, Il ne s'agit donc pas d'une figure

, Nous utiliserons ce terme en un sens très large englobant tout producteur d'oeuvre(s) (artistes, écrivains, chercheurs, auteurs?)

B. Selon and . Sûr,

, On sait qu'à l'oral la probabilité d'avoir un sujet indéfini est plus faible que celle d'avoir un sujet défini

. Cette-«-règle-métonymique, Élargie, parce que l'analyste ne saurait ignorer les similitudes entre la valeur des emplois du nom propre avec déterminant et celle de ses emplois sans déterminant, Affinée, issue.55

, Il est vrai que ladite « règle » devra encore être révisée ultérieurement pour intégrer les groupes nominaux définis désignant des ensembles de créateurs, sur une base dénominative ou une autre, comme le montrent les énoncés suivants : Les primitifs flamands / les peintres italiens

, 56), l'expression référentielle Picasso / George Sand acquiert une valeur massive en même temps qu'une valeur « non humain ». Il convient alors d'identifier les propriétés sémantiques de cette construction sans déterminant par opposition aux constructions avec déterminant, -chaussée les primitifs flamands / les peintres italiens. Mais revenons aux énoncés impliquant des noms propres authentiques. Commençons par observer que, dans les énoncés (21a), (21b), (21c)

, / sans déterminant) ne tient pas au nombre ou à la proportion des oeuvres impliquées par le prédicat. Pour que le locuteur puisse dire (21a), (21b) ou (21c), il suffit en effet à la limite qu'une oeuvre satisfasse le prédicat (autrement dit qu'il y ait une oeuvre de Picasso au Louvre, une oeuvre de George Sand sur l'étagère de gauche ou qu'un large public ait lu ne serait-ce qu'une oeuvre de cette auteure -pas forcément la même, bien sûr), Si l'on se réfère aux énoncés pris pour exemples, on remarque en premier lieu que la différence entre les deux types

. J'aime-bien-/-j'adore-picasso-/-george-sand and . Qu,

, Il s'agit là, répétons-le, d'une règle en langue, ce qui justifie de parler de parasémie

, Par ailleurs, et sans vouloir relancer un vénérable débat sur les relations entre l'oeuvre et son auteur, on pourra se demander si le locuteur disant J'aime Picasso / George Sand entend parler seulement du référent non humain ou s'il englobe aussi dans son appréciation le référent humain. Cette question ne peut guère recevoir de réponse qu'en contexte. Quoi qu'il en soit, il paraît difficile d'aimer l'oeuvre sans aimer au moins quelque chose de l'artiste ou de l'auteur(e) -et, sans doute, par là même, quelque chose de l'homme ou de la femme qui l'a produite -, surtout quand on sait combien créateurs et amateurs investissent de leur personnalité et de leur sensibilité dans les oeuvres qu'ils produisent ou qu'ils prisent. Ce qui n'empêchera évidemment personne d'affirmer : Picasso / George Sand, j'aime bien (l'oeuvre / les oeuvres), mais pas l'homme / la femme, car cette formulation même invite à considérer la personne de l'auteur(e) ou de l'artiste indépendamment de son rapport à son oeuvre et aux destinataires de celle-ci. On supposera que, dans ce cas particulier, le quelque chose du créateur apprécié dans l'oeuvre n'a pas suffi à faire aimer la personne du créateur dans sa globalité. également que (21a) et (55) seraient acceptables même si, par hypothèse, la totalité de l'oeuvre de Picasso se trouvait au Louvre ou si le locuteur avait lu réellement tout George Sand cet été-là. On déduira de toutes ces données que le nom propre employé sans déterminant peut désigner aussi bien la totalité de l'oeuvre qu'une partie de celle-ci. Ou, plus exactement, qu'il suffit de considérer telle partie de l'oeuvre d'un créateur comme représentative de celui-ci à un titre ou à un autre pour pouvoir s'y référer à l'aide de son nom propre sans déterminant. Il semble donc que l'usage du nom propre seul postule l'unité de l'oeuvre concernée par-delà sa pluralité et son éventuelle dispersion et que cette « indivisibilité » aille jusqu'à annuler momentanément l'opposition du tout et de la partie, Cela n'implique pas qu'il ait une connaissance réelle de plusieurs oeuvres de ce / cette artiste / auteur(e). On peut à la limite aimer sincèrement un artiste ou un auteur (peintre, écrivain, cinéaste, essayiste, philosophe?) dont on ne connaît qu'une seule pièce, pour peu que celle-ci nous ait durablement marqué. C'est évidemment plus fréquent pour les oeuvres dont la « consommation » requiert une durée prolongée (longs métrages, romans, recueils poétiques, essais, traités, symphonies, albums?)

, Arrivés à ce point de l'analyse, il vaut la peine de nous arrêter un instant sur le caractère original de la configuration illustrée par ces emplois. Ceux-ci se caractérisent en effet par des conjonctions inédites de propriétés et ils nous livrent par là même trois enseignements

, un nom propre nu (sans déterminant) peut avoir une valeur massive 216

, un nom propre employé avec une valeur massive peut conserver sa définitude

, une valeur massive peut s'accompagner de la neutralisation de l'opposition toutpartie

, et, éventuellement, massive, des noms propres de créateurs n'est pas déclenchée par la présence de déterminants indéfinis de sens comptable ou massif (un Picasso, du George Sand?), mais qu'elle représente une potentialité attachée dès le départ au nom propre lui-même 217 . En sorte que le rôle référentiel que le déterminant joue à l'égard du nom propre se limite à spécifier l'interprétation partitive vs comptable du référent non humain en apportant le cas échéant d'autres informations, On remarquera que le premier de ces trois points suffit à démontrer que la valeur « non humain

, Comment les noms propres de créateurs peuvent-ils acquérir cette aptitude à désigner à eux seuls aussi bien un référent humain que tout ou partie des oeuvres de celui-ci ? Il semble bien qu'une telle « règle » mobilise une représentation culturelle, profondément ancrée, selon laquelle « l'oeuvre » 218 d'un créateur est un, indivisible et relativement homogène au-delà de la diversité et de la pluralité des oeuvres particulières. Ce dernier se trouve en quelque sorte incarné dans ses oeuvres

, Cette valeur n'est donc pas réservée au nom propre avec déterminant

, Au nom propre lui-même en tant qu'expression référentielle définie, puisque, comme nous l'avons vu plus haut, cette propriété n'est pas réservée aux noms propres (cf., supra, Les primitifs flamands / Les peintres italiens

, Au sens que prend ce mot au masculin singulier : « ensemble des productions d'un artiste ou d'un auteur

, Il conviendrait de relier plus précisément cette analyse à celle que nous avons proposée des objets sémiotiques

C. , puisqu'un journal est à la fois un texte et un objet (disponible de nos jours sur support papier ou sur support électronique), comme l'atteste l'énoncé d'unification suivant : Le journal britannique bien connu, format tabloïd (objet), s'est récemment fait l

, Comme pour tout nom d'objet sémiotique, ces deux aspects (ou facettes) de la signification de journal sont de notre point de vue 227 indissociables

G. Si-l'énoncé and . Sand, qui était un grand écrivain, est sur l'étagère de gauche (cité par Kleiber, 1994 : 141) nous paraît assez peu acceptable (sans doute en raison d'une faible cohérence stylistique), les énoncés suivants ne posent pas le même problème : George Sand, ce grand écrivain

G. Sand, ce grand écrivain, se trouve dans toutes les bonnes bibliothèques

, et 131), quand bien même nos analyses et nos conclusions diffèrent sensiblement des siennes, Nous y serons aidé par certaines observations stimulantes de Nunberg, p.125, 1995.

, Sur ces termes, cf., supra, notre section 2.1.2.1. On trouvera quelques autres remarques sur le journal en tant qu

K. Comme-pour, Cf. supra 2.1.2.1. types d'emploi une isosémie totale au-delà de la prédominance éventuelle en contexte de l, ) et pour Stosic & Flaux, 1999.

, Un journal est en effet, en premier lieu, comme les livres, un objet reproductible (éditorial), autrement dit pouvant exister en plusieurs exemplaires. De ce fait, si l'on s'en tient à un numéro donné, le mot journal, employé au singulier, est apte à désigner aussi bien un exemplaire particulier comme en (58) qu'un type éditorial, Un journal relève toutefois d'un type particulièrement complexe d'objets sémiotiques, que l'on pourrait appeler les objets sémiotiques reproductibles (ou éditoriaux) périodiques

, J'ai griffonné à la hâte son numéro de portable sur le journal

, Le journal daté du 6 janvier lui a consacré sa une

, Mais le journal se distingue également des objets éditoriaux du type livre en ce qu'il se déploie d'emblée sur l'axe temporel et participe des objets éditoriaux à édition périodique, En effet le mot journal peut désigner aussi bien

, qu'il s'agisse en contexte de l'exemplaire ou du type éditorial, et que prédomine éventuellement l'objet matériel ou le texte et (ii) un « titre », saisi dans la succession de ses numéros 228 , autrement dit l'ensemble de toutes les éditions successives parues sous le même nom propre ou imputables au même collectif. Nous parlerons en ce dernier cas de titre ou de type périodique. Le journal daté du 6 janvier lui a consacré sa une

, Le journal est réputé pour ses éditoriaux équilibrés et ses analyses aiguisées (type périodique)

, Alors qu'un livre est un objet sémiotique ponctuel, momentané, qui ne relaie le discours d'un ou plusieurs humains qu'à un moment déterminé, un journal est donc, en tant que périodique, un objet sémiotique sériel, à la fois récurrent et toujours renouvelé, s'inscrivant dans la durée, voué à se « réincarner », à se « réinstancier » lui-même

, tout objet sémiotique relaie un discours, l'auteur, dans le cas d'un journal, est généralement un collectif et, surtout, il s'inscrit dans la durée, tout comme l'objet éditorial journal luimême, quand bien même la « composition » du collectif auctorial peut naturellement évoluer dans le temps, Autre particularité notable, en relation directe avec la précédente : si, par définition

, Ce sont ces particularités des objets sémiotiques périodiques qui semblent expliquer que le « titre » d'un journal, lequel est en réalité son nom propre, sert autant à désigner l'objet sémiotique lui-même (exemplaire / type éditorial / type périodique) que le collectif auctorial qui le produit, organisé de nos jours en société éditrice Quel est le journal que Marie a brûlé, Celui pour lequel Jean travaille

. Kleiber, Quel est le journal pour lequel Jean travaille ? -Celui que Marie a brûlé, p.135, 1995.

, On ne peut guère en effet répondre de cette manière à de telles questions sans avoir le sentiment de s'autoriser un léger raccourci. Toutefois, la structure question -réponse est propice aux figures opportunistes, en raison du changement de locuteur, et elle tend à dissoudre le sentiment d'anomalie et, par voie de conséquence, la figure, laquelle semble alors tomber dans l'espace intersubjectif au lieu d'incomber au second locuteur (celui qui fournit la réponse) comme il serait logique. La bizarrerie -et donc la figure -serait nettement plus perceptible dans de véritables énoncés d'unification (sans changement de locuteur) tels que

, Il est plaisant de constater que le cas de syllepse le plus célèbre et le plus largement commenté de la littérature française (syllepse de métaphore en l'occurrence) s'effectue lui aussi à la faveur d'une anaphore : Brûlé de plus de feux que je n'en allumais. Pour une analyse de en comme foyer de la syllepse dans ce vers, p.315, 2009.

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