, On voit bien ce qui se joue dans ces paires minimales : la base dit le mouvement-tirer, lancer, tendre-, é-donne le départ, et la direction : vers le haut, vers le lointain, tout du long. Le é-de la mise en mouvement, de l'amorce, de l'élan. Le véritable préverbe. Cette fois amorce de geste et non plus seulement de son. Le contexte ne se laisse pourtant pas minimiser beaucoup : il faut que le verbe dise le mouvement, c'est donc bien sur lui qu'é-opère

. Dans-le-3-Ème-moment, . Le-contexte-est-là, . Et-c'est-lui-qui-décrit,-explicite-ce-que-É-opère-:-c'est-le-modèle-français, L. Porter-de-main-dans-le-contexte-l'objet,-l'étranger, and . Bord, La came tourne : pour remotiver, il faut que éagisse hors contexte, tout seul, en s'opposant dans ce contexte à un concurrent 21. 4 ème moment : é-est à la fois séparé de son contexte-il signifie tout seul, il suffit de dire ex-et nettement différencié au sein d'un paradigme. é-/ex-se construit par différence avec in-, ce qui le remotive, mais aussi ce qui le stabilise-et tend à lui faire perdre toute dynamique. Deux espaces, in-et ex-, dedans, dehors

. Ex-n, On n'a pas de diagrammaticité, mais on a ce qu'Apothéloz (2005) appelle un micro-système lexical, deux séries de mots, une variation simple de l'une à l'autre, si du moins l'on veut bien ne pas faire attention à l'identité substantielle de chaque mot, pour ne retenir que les différences : les grandes catégories. A tous ces titres, il y a là pondération sur w : la différence

, Et é-s'en tient à faire entendre ce que le contexte dit : c'est la situation décrite par Apothéloz (2005) comme celle du marquage morphologique quand le morphème sert à faire entendre (à marquer) ce qui est là. On a donc à la fois figement maximal, mais aussi motivation maximale, puisque le é-fait entendre la base. é-marque là simplement l'avènement de ce que dit la base : l'inverse en définitive de qui se passait au temps 2, où le mouvement était dans le verbe ; ici c'est é-qui fait le mouvement. Ebruiter, épouvanter, s'écrier, s'égayer : bruit, peur, cris, gaieté adviennent. Des bruits, peurs, cris, gaietés qui viennent de l'intérieur, produits d'une source autre, vérité, danger, émotion, joies. émarquent qu'elles s'extériorisent. On a donc toujours la même forme schématique, mais l'étranger est plus une source étrangère qu'une partie. Il se trouve que c'est aussi dans cette configuration qu'il arrive que se marque matériellement le travail qu'é-effectue : c'est là que l'on trouve des participes passés figés (efféminé, éperdu, éploré), c'est là que l'on trouve des pronominaux non réfléchis : s'écrier, s'égayer, s'émouvoir, dans lesquels le sujet ne fait que réagir à une sollicitation extérieure, Le 5 ème moment est quand les paradigmes s'usent, quand les micro-systèmes s'érodent, quand les contextes redeviennent déterminants, un à un, quand c'est d'eux que dépend la substance même de é-, de chaque é

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