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Communication dans un congrès Année : 2017

Reconstituer les dynamiques d’une forêt emmurée : du choix des temporalités aux limites inhérentes aux sources

Résumé

Lorsque l’on s’interroge sur les dynamiques de la forêt, la question est d’abord celle du choix des temporalités : lesquelles faut-il considérer ? celles de la forêt qui s’inscrivent dans le temps long, celles des sociétés qui, par leurs pratiques, marquent leurs empreintes sur ces forêts sur un temps plus court ? « le temps long est à la fois celui de la stabilité relative des paysages et des cycles séculaires des échanges. Le temps « social » ou « institutionnel » de moyen terme est à la fois culturel et politique, structurel et événementiel, collectif et pluriel. » (Dubar et Rolle, 2008). De là découle le choix de la période étudiée et par là même de l’état de référence qui sera considéré. Une fois ce choix effectué, il importe de sélectionner des dates auxquelles les états des lieux seront dressés. Elles peuvent être réparties de manière régulière dans le temps ou choisies en fonction d’événements qui ont pu influencer les dynamiques forestières, via des modifications de pratiques. Ce choix importe car des états des lieux trop espacés peuvent amener à négliger certaines mutations : une baisse de la superficie forestière suivie d’une hausse de même ampleur pourrait être considérée comme une stagnation si seuls deux états des lieux sont dressés, avant la baisse et après la hausse (Robert, 2011). Le choix de ces dates n’est toutefois pas aisé car un événement peut nécessiter un temps de latence qu’il n’est pas toujours aisé d’estimer, parce qu’un changement de gestion, de statut d’un domaine forestier par exemple n’aura pas nécessairement un impact immédiat, si impact il y a : la prise de décisions, l’influence de celles-ci sur les pratiques prennent du temps et les changements peuvent être progressifs. Les dates ne sont là encore choisies que de manière théorique. Vient ensuite la confrontation avec la réalité des sources et très vite se pose la question de leur disponibilité, de leur pertinence et de leur fiabilité aussi. La disponibilité des sources implique souvent de réduire, d’adapter le choix des dates clés réalisé a priori. Leurs caractéristiques amènent aussi à revoir les typologies, allant dans le sens d’une simplification car, pour pouvoir identifier les dynamiques, les sources doivent être confrontées, mises en parallèle, ce qui suppose des bases communes, en l’occurrence des catégories d’occupation des sols identiques. Mais on peut aussi envisager d’intégrer d’autres sources qui, elles, ne seront pas nécessairement intégrables dans un SIG mais apporteront des informations complémentaires sur l’état de la forêt à un instant donné. Tel est le cas notamment des représentations iconographies, les photographies, les gravures aussi. On pourra considérer que leur fiabilité est contestable, qu’elles constituent des sources biaisées. Pour autant, elles renseignent sur l’espace étudié, dans le sens où elles permettent de percevoir les représentations qu’en a l’auteur et, à travers lui, la société de l’époque, ce qui importe lorsque l’approche de la forêt est paysagère. Ces questions se posent pour toute étude des dynamiques paysagères, avec une question de disponibilité des sources qui peut apparaître plus problématique sur certains terrains (comme au Việt Nam), que dans d’autres (comme en France). Dans le cadre de cette contribution, nous avons choisi de confronter ces questions à un cas d’étude relativement bien renseigné, un espace emmuré bien cartographié : le Domaine national de Chambord. Dans le cadre d’un projet financé par la région Centre-Val de Loire (Costaud), nous y avons conduit une étude en vue de retracer les dynamiques forestières depuis le XVIIe siècle, en nous focalisant sur la période post-1950. L’intérêt est de montrer que, même pour un tel espace, les limites inhérentes aux sources apparaissent et contraignent la perception des temporalités, celles où se rencontrent les dynamiques internes de la forêt et celles externes, impulsées par la société. Dubar, C. et Rolle, C. (2008), « Les temporalités dans les sciences sociales : introduction », Temporalités, 8 | 2008, http://temporalites.revues.org/57, mis en ligne le 09 juillet 2009, consulté le 30 août 2016 Robert, A. (2011), Dynamiques paysagères et guerre dans la province de Thừa Thiên Huế (Việt Nam central), 1954-2007 - Entre défoliation, déforestation et reconquêtes végétales, Thèse de doctorat soutenue le 3 décembre sous la direction de J.-P. AMAT, Université Paris-Sorbonne, 1 172 p. + Atlas (159 p.).

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Dates et versions

hal-01487158, version 1 (11-03-2017)

Identifiants

  • HAL Id : hal-01487158 , version 1

Citer

Amélie Robert, Sylvie Servain. Reconstituer les dynamiques d’une forêt emmurée : du choix des temporalités aux limites inhérentes aux sources. Colloque international Les Temps des Territoires, UMR LADYSS, en collaboration avec le Collège International des Sciences du Territoire (CIST), Mar 2017, Nanterre, France. ⟨hal-01487158⟩
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Dernière date de mise à jour le 20/04/2024
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