!. Ah, qu'il eût été doux, les soirs où j'aurais dîné en ville de lui donner rendez-vous dehors, sous les arcades !, pp.314-316

H. Pinter, J. La-collaboration-de, B. Losey, and . Bray, The Proust Screenplay, Londres, Eyre Methuen, 1978 , p. vii. (trad. française : Le scénario Proust. A la recherche du temps perdu, Du monde entier, 2003.

C. Ruiz and . Le-médecin-paraît-tenir-un-discours-intéressant, Jacques Robichez, commentant une formule de ce dernier (« Cottard, qui se révèle un curieux vraiment pénétrant en toutes choses estime même que ce qui intéresse Cottard n'est que « niaiseries aux yeux du lecteur d'A la Recherche du temps perdu » 3 . Surtout, représenter cette scène d'une manière aussi littérale, placer le fragment du Journal sur le même plan que le reste de la narration, lui fait perdre sa place essentielle et sa dimension critique, quand Annick Bouillaguet a montré à quel point son dispositif est complexe 4 Comme le note Pierre Bayard, ce passage donne « une idée précise de ce que Proust cherche à ne pas faire, le contreexemple étant d'autant plus significatif qu'il s'agit d'une scène mondaine. » 5 Non seulement l'extrait l'extrait du Journal insiste plus sur les questions littéraires que ne le montre Ruiz ? Verdurin explique par exemple les raisons pour lesquelles il a cessé d'écrire 6 ?, mais il se trouve dans Le Temps retrouvé au centre de réflexions cruciales sur la littérature d'observation et de notations, Proust, sa bêtise éclate à chacune de ses phrases donc au coeur de la problématique de la Recherche. C'est en prenant exemple sur le Journal que le Narrateur justifie son propre renoncement à toute écriture. Constatant l'écart qui sépare la représentation des personnes (Verdurin, Cottard, Guermantes) de sa propre expérience de leur médiocrité ? donnant ainsi raison à J. Robichez ?, il conclut d'abord à la faiblesse de la littérature 7

. Que-reste-t-il-de-ce-débat-intérieur and . Chez-ruiz, Le narrateur ne lit plus le Journal à Tansonville mais dans le train qui le mène à Paris, et les lignes qui introduisent le pastiche, où le narrateur ? persuadé qu'il ne sera pas écrivain ? exprime son soulagement en constatant les limites de la littérature, sont remplacées par une formule laconique : « La lecture du Journal inédit des Goncourt me produisit un curieux sentiment de trouble? Goncourt y racontait un dîner quai Conti où était l'hôtel des Verdurin? il y avait là Cottard Elle se trouve sous une autre forme chez Proust 10 , où surtout elle est suivie d'un paragraphe qui précise la nature de cette « impression

L. Bayard and . Hors-sujet, Proust et la digression, pp.94-100, 1996.

. Penchent-plutôt-en-faveur-du-caractère-fictionnel-de-la-recherche, D'autre part, l'image semble « rendre plus difficile que les signes non iconiques la rupture de l'illusion », pour reprendre la formule de L. Dällenbach, à propos du film Trans-Europ Express de Robbe-Grillet, où celui-ci a joué avec le risque de confusion : le public a identifié à Robbe-Grillet lui-même le personnage de réalisateur qu'il interprétait 1 . Pour preuve, cette confusion d'un critique cinéma, qui prend le narrateur pour M. Proust ? « Dans une réception où il s'est rendu, Proust ne reconnaît personne

. Au and . Le-temps-retrouvé, Posons alors nettement une question restée implicite : à qui, alors, est destiné le beau film de Raoul Ruiz 4 ? Le cinéaste indiquait que l'« on peut voir le film sans avoir lu Proust, c'est peut-être même mieux. » Pourtant, ceux qui espéraient qu'il leur donnerait « une idée » de ce que sont Le Temps retrouvé et la Recherche ne peuvent qu'être déçus, mais aussi égarés par lui ? et ce film peut-il susciter le désir de lire le texte, comme espérait le faire le Visconti, en particulier dans sa scène finale 5 ? N'est-ce pas, dans ce cas, aux lecteurs de Proust qu'il conviendra, eux qui pourront rectifier les erreurs d'optique du scénario et apprécier toutes ses qualités ? Malheureusement, le film risque alors de leur apparaître très réducteur et incomplet. A qui est destiné ce film ? Peut-être à ceux qui le regarderont comme une réalisation de l'auteur de « Généalogie d'un crime C'est peut-être là que réside l'erreur originelle de Raoul Ruiz et Gilles Taurand : vouloir (selon la formule de Jean Cléder) « prolonger l'activité » de la Recherche au cinéma, reprendre sa démarche, est certainement un bel hommage, mais l'appliquer au matériau proustien lui-même, estce une bonne idée ? N'est-ce pas plutôt méconnaître la leçon même du Temps retrouvé, qui invite ses lecteurs à créer, non à imiter ? Claude Beylie avait sans doute raison d'inviter à rechercher, dans l'histoire du cinéma, « quelques équivalences plausibles de Proust, même si celui-ci n'a pas été directement mis à contribution, de « L'OEil qui ment et parviendront à le détacher de Proust ce qui peut être difficile voir « L'ambiguïté générique de Proust », in D. COHN, Le Propre de la fiction, pp.95-123, 1948.

L. Dällenbach and . Récit-spéculaire, Essai sur la mise en abyme, p.106, 1977.

C. Proust and . Sainte-beuve, précédé de Pastiches et mélanges et suivi de Essais et articles, éd. de P. Clarac avec la collaboration, pp.1971-305, 2000.