index - RJC2016 - 19èmes Rencontres des jeunes chercheurs en Sciences du Langage Accéder directement au contenu

Altérité langagière : stratégies d’adaptation et d’appropriation

Paris, les 9 et 10 juin 2016

 

Créées en 1998, les Rencontres Jeunes Chercheurs de l’École Doctorale « Langage et langues » (ED 268, Université Sorbonne Nouvelle) offrent la possibilité aux chercheurs en formation, inscrits en Doctorat ou en Master Recherche, ainsi qu’aux jeunes docteurs, de présenter leurs travaux sous forme de communication orale ou de poster.

Thème :

Dans un ouvrage devenu classique, Le miroir d’Hérodote, François Hartog (1980) propose une analyse du discours que développe Hérodote sur les Scythes. Décrivant la « rhétorique de l’altérité » par laquelle l’historien grec parvient à « inscrire le monde que l’on raconte dans le monde où l’on raconte », il distingue plusieurs moyens de rendre intelligible l’étranger dans sa propre langue : l’inversion, la comparaison et l’émerveillement.

En continuant cette réflexion, les participants ont exploré les stratégies à travers lesquelles chacun donne une place à l’altérité au sein de sa propre langue et de son propre discours. L’altérité, c’est-à-dire le caractère de ce qui est perçu comme autre, comme  étranger, et même parfois comme étrange, est un pôle indispensable dans la construction des identités (Ferréol & Jucquois, 2003). Comment négocier la différence, comment la rendre familière ou tout du moins compréhensible dans ma langue ? Plusieurs stratégies peuvent opérer en parallèle ou en concurrence.

Ces stratégies d’appropriation et d’adaptation se font face et se complètent. La répétition, l’interprétation, la citation, la transcription, la reformulation, la traduction et l’apprentissage des langues étrangères y figurent. 

Du point de vue épistémologique, l’altérité n’a pas toujours eu la même place dans les théories linguistiques (Dufaye & Gournay, 2010). Entre le dialogal et le dialogisme bakhtinien, entre les interdiscours et les concepts de co-énonciation, l’altérité prend des formes différentes. On pense aux recherches s’inscrivant dans la lignée de celles de Michel Pêcheux (Maldidier, 1990) en analyse du discours, sur les contraintes discursives dans lesquelles le sujet produit son discours, plus largement sur la notion d’ « interdiscours », faisant apparaître le discours traversé par le collectif. Les travaux en pragmatique du discours (Ducrot, 1980) conçoivent également ce dernier comme construit à plusieurs.  

Le thème de l’altérité langagière, abordé sous l’angle discursif, nous invite également à envisager des recherches portant sur l’altérité inhérente au sujet. A partir des travaux sur le discours rapporté au sens large, la question du sujet clivé et de ses marques syntaxiques peuvent être soulevées, notamment si l’on pense à la notion d’« hétérogénéité constitutive » élaborée par Jacqueline Authier-Revuz (1982) et qui s’inscrit pleinement dans le questionnement proposé.

Néanmoins, la notion d’altérité peut être élargie à toutes les disciplines linguistiques. Comment une traduction peut-elle rester fidèle au texte source dans la mesure où les expressions ou l’imaginaire de la langue cible diffèrent ? Comment un système de reconnaissance peut-il fonctionner quand le locuteur s’exprime dans une variante non-standard ? Comment l’apprenant construit-il son identité langagière lors du contact avec l’Autre ? Ceci ne constitue qu’un échantillon des questions que peuvent se poser les chercheurs en sciences du langage confrontés à la problématique de l’altérité. 

L’altérité est aussi un objet d'étude transversal qui tient à la manière dont un sujet rencontre la pensée, la langue, le discours et la culture de l’autre (Bornand & Leguy, 2013). La confrontation à une langue éloignée de la nôtre, que ce soit culturellement, géographiquement ou temporellement impose des choix qui peuvent conduire à une perte ou une création d’éléments (Chauvier, 2011). Comment se manifeste l’impact de l’altérité sur la langue, l’individu ou la communauté ? 

Autant d’approches théoriques qui permettent de réunir des chercheurs en sciences du langage autour d’une problématique commune. 

Références :

Comité de rédaction

Sophia Akesbi, Jean Arzoumanov, Bowei Shao, Marco Stefanelli

Comité scientifique 

ADDA DECKER Martine, AGUILAR RIO José Ignacio, AMELOT Angélique,  AUTHIER-REVUZ Jacqueline, AUZANNEAU Michelle, BEACCO Jean-Claude,  BEAUMATIN Eric, BEHR Irmtraud, BIGOT Violaine, BOULA DE MAREUIL Philippe, CANDEA Maria, CHISS Jean-Louis, DE WECK Geneviève, DEBAISIEUX Jeanne-Marie, DEMOLIN Didier, DEPREZ Christine, DERIVRY Martine, DOQUET Claire, FLEURY Serge, FOURNIER Jean-Marie, FRAISSE Emmanuel, FREDET Florentina, GALLIGANI Stéphanie, GENDROT Cedric, GERDES Kim, GHIMENTON Anna, GRINSHPUN Yana, GUILLAUME Jean-Patrick, HENRI Agnès, ISEL Frédéric, KABORE Raphaël, KAMIYAMA Takeki, KLINGLER Dominique, LACROIX René, LALA Marie-Christine, LEFEUVRE Florence, LEGUY Cécile, MOLINIE Muriel, MULLER Catherine, MUNI TOKE Valélia, NAIM Samia, NARCY-COMBES Jean-Paul, PARUSSA Gabriella, PILLOT-LOISEAU Claire, POZDNIAKOV Konstantin, PUECH Christian, QUINT Nicolas, RAGUET Christine, REBOUL-TOURE Sandrine, RENAUD Patrick, RIDOUANE Rachid, SALAZAR ORVIG Anne, SAMAIN Didier, SAMVELIAN Pollet, SAVATOVSKY Dan, SPAËTH Valérie, STRATILAKI Sofia, TELLIER Isabelle, VAISSIERE Jacqueline, VALENTINI Andrea, VERONIQUE Daniel, VON MÜNCHOW Patricia, ZARATE Geneviève.