" Mon petit doigt m'a dit... " : Interprétation des phrases verbales se rapportant au corps - HAL-SHS - Sciences de l'Homme et de la Société Accéder directement au contenu
Article Dans Une Revue ELIS - Echanges de linguistique en Sorbonne Année : 2013

" Mon petit doigt m'a dit... " : Interprétation des phrases verbales se rapportant au corps

Résumé

Le recours à des expressions impliquant le corps dans sa globalité (gestes, mouvements) ou ses parties (organes, parties du corps), pour décrire une attitude ou un état d'esprit saillants, est un phénomène de langage récurrent et vécu comme naturel chez les locuteurs d'une langue. Les signes linguistiques désignant une réalité manifestée, tangible -celle du corps- apparaissent comme un moyen efficace pour référer à une notion abstraite de nature plus ou moins complexe et relevant du plan psychique, émotionnel ou comportemental de l'homme. À première vue, nous pouvons, en effet, saisir la différence d'actualisation référentielle entre " Jean a des croûtes dans le nez " et " Jean a le nouveau collègue dans le nez ". Dans le premier cas, le locuteur affirme la présence physique de quelque chose à l'intérieur du nez du sujet, alors que, dans la deuxième phrase, le fait d'avoir quelqu'un dans l'organe nasal n'est pas envisagé matériellement, car le complément objet est une personne. Cependant, la phrase n'en est pas moins interprétable : on comprend clairement que le nouveau collègue insupporte Jean. Il émane de cet emploi un sens plus abstrait que les locuteurs de la langue ont appris à déceler naturellement à partir de ce qui est évoqué matériellement. Nous nous intéressons donc ici aux constructions verbales corporelles telles que " rester en travers de la gorge ", " les doigts dans le nez ", " prendre son pied ", " mon petit doigt m'a dit ", " avoir les boules ", etc., des phrases que l'on appréhende souvent en discours d'un point de vue non physique, dans le sens que l'on a coutume d'appeler "non littéral " ou " figuré ". Le potentiel extra-linguistique des mots de la phrase semble alors ne pas être exploité. Où ces phrases descriptives trouvent-elles leur double lecture référentielle? Dans quelle mesure peut-on parler de " sens littéral " et de " sens figuré " ? De quelle façon le lien entre une interprétation matérielle et une interprétation plus abstraite est-il assuré? Nous commencerons par examiner ces locutions verbales dans un cadre plus général, afin de clarifier la nature −linguistique ou pragmatique− du sens " imagé " ou " métaphorique " qui leur est attribué traditionnellement. Ensuite, après avoir passé en revue l'approche étymologique, nous trouverons, à travers le sens des parties du corps, un fondement de type somatique au contenu de nos expressions. Enfin, nous présenterons la valeur symbolique du corps comme une réalité autorisant une double lecture de nos expressions, à deux niveaux référentiels.

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  • HAL Id : halshs-01065664 , version 1

Citer

Carmen Nunez-Lagos. " Mon petit doigt m'a dit... " : Interprétation des phrases verbales se rapportant au corps. ELIS - Echanges de linguistique en Sorbonne, 2013, 1 (8), pp.1-27. ⟨halshs-01065664⟩
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