Care et genre. L'aide familiale en cas de handicap
Résumé
Le care familial est une réalité genrée, les femmes en étant à la fois les actrices et les bénéficiaires principales. Si cette situation est bien documentée pour l'aide procurée aux personnes vieillissantes, elle l'est moins pour l'aide aux adultes en situation de handicap. L'article étudie une forme spécifique de l'aide aux adultes en situation de handicap, à savoir celle entre conjoints. En exploitant l'enquête Handicap, Santé, Ménages (INSEE 2008), il démontre que celle-ci va majoritairement des hommes aidants aux femmes aidées. D'une part, parce que les femmes déclarent plus souvent une déficience, une incapacité et une aide. D'autre part, parce qu'à déficience et incapacité égales, les femmes vivent davantage en couple que les hommes. De surcroît, l'enquête Handicap, Santé, Aidants (INSEE 2008) constate que les hommes aidants se déclarent moins souvent insatisfaits de la relation conjugale que les femmes aidantes. Tout semble indiquer que le care conjugal se passer mieux quand il va de l'homme à la femme qu'en sens inverse. Des entretiens qualitatifs ont permis de formuler une hypothèse explicative. Le care masculin pourrait confirmer, voire renforcer, le rapport de " domination consentie ", pour reprendre le terme de Michel Bozon et François Héran (1987). L'homme ne perdrait rien de sa position hors domicile et gagnerait en statut et en pouvoir à domicile. Dans le cas du care féminin, la femme ne gagnerait ni hors ni à domicile, sa position étant souvent diminuée par la présence accrue au domicile de son conjoint. En outre, la perte d'autonomie physique ou psychologique du conjoint va à l'encontre de l'image de " dominant consenti " qui a pu inspirer le choix de conjoint de la femme, tandis que celle de la conjointe va dans le sens de l'image de " dominée ", au départ du choix de conjoint d'une majorité d'hommes.
Origine :
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