Écoles de l'Élite et savoirs ordinaires
Résumé
Avant 1939, les écoles d'ingénieurs dominaient complètement le champ de la formation des élites économiques en France et les écoles de commerce, y compris HEC, accueillaient les fils de patrons qui n'avaient pu accéder au statut d'ingénieur 1. Comme le rappelle Marc Nouschi, à ses origines, en 1882, "on ne choisit pas HEC par goût, mais on s'y trouve par défaut. L'école n'attire que les enfants les moins capables de la bourgeoisie. Cette défaveur est d'autant plus forte que l'école n'offre aucun débouché captif fortement typé, ni statut valorisant" 2. L'enquête de terrain réalisée en 1990-92 à l'Ecole supérieure de commerce de Paris (ESCP), seconde des grandes écoles de commerce intégrée à la Chambre de commerce de Paris, après HEC, permet d'observer la perpétuation de cette tradition de recrutement par défaut, mais sous une forme transposée et réinterprétée en fonction des caractéristiques actuelles du champ de l'enseignement supérieur. Un faisceau d'indices concordants peut conduire à formuler l'hypothèse de travail suivante : l'ESCP aurait pour fonction principale d'accueillir les enfants de cadres supérieurs, en particulier parisiens, qui n'ont pu entrer à HEC et de leur conférer, en dépit de leur légère infériorité au concours, des chances de carrière analogues.
Origine :
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